Après tant de silences
2022,
244 pages
21 euros
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Thème
L’histoire d’une famille française qui, dans les années soixante du XXe siècle, connut une ascension d’importance : le baron Olivier Guichard (1920-2004) devient en 1951 secrétaire de cabinet du général de Gaulle durant sept ans, puis ministre de l’industrie, ministre délégué auprès du premier ministre, ministre de l’Education nationale (1969-1972), ministre de l’Aménagement du territoire, ministre de la justice, garde des sceaux et conseiller (1978-1987). A ses côtés, sa famille vit selon les règles données par une éducation sans faille que couronne les fonctions brillantissimes du chef de famille.
A en juger avec les yeux d’aujourd’hui, il va sans dire que l’amusement n’y était guère de mise, les droits des femmes inexistants, les enfants obéissant aux règles fixées par leurs parents, grands-parents et arrière-grands-parents. Fort heureusement pour eux, les propriétés de famille acquises au XIXe siècle, l’une à Siaurac en Gironde, l’autre, proche de Saint Nazaire, les accueillirent. Dans l’hypothèse où les lecteurs n’auraient pas saisi l’atmosphère familiale, l’auteure précise : “Ker Olivier, c’est Balmoral. Un snobisme familial entretenu, espadrilles aux pieds, avec nonchalance et parfois perversité. On y est testé aussi, toute personne désirant entrer dans la famille doit y passer quelques jours avant de savoir si ce sera pour toujours ou pour un moment.” (p.105).
Points forts
Le premier chapitre, Constance est née, est un habile lever de rideau fait pour plaire aux lecteurs : grâce à un savant mélange d’humour et d’esprit brillant, Constance Guichard-Poniatowski a une ironie qui ne passe pas inaperçue. Désireuse de donner un rapide portrait d’elle-même, elle y parvient en écrivant : « ma naïveté et ma réserve sont à l’image de mes seins, outrageusement développées ».
La présentation de sa famille y est croquée avec le même raccourci : un père ministre à X reprises qui ignore ses trois filles, hormis l’aînée, une grand-mère paternelle « sainte femme qui aurait souhaité que l’éducation religieuse nous soit instillée en intraveineuse…, une mère qui remplit le vide qu’ils laissent (elle et son époux) s’installer dans leur couple ». Ses portraits de sa mère, de ses sœurs ou de son père sont fort bien décrits dans une farandole où l’orgueil, l’honneur et la vie quotidienne du clan Guichard étant complétés par huit pages de photos familiales.
Quelques réserves
Si se mettre à la place de l’auteure quand on lit un de ses livres n’est pas chose à laquelle on songe habituellement, les trois derniers chapitres de ce livre lèvent toutes les réserves que l’on pourrait avoir : les vies d’exception, telles que celle de Constance Guichard-Poniatowski en donnent l’exemple, je n’ai qu’une chose à dire : bravo madame !
Encore un mot...
Avec discrétion, l’auteur évoque en trois lignes son mariage avec le prince Ladislas Poniatowski, annoncé dans une lettre de juillet 1969 de sa mère à sa belle-mère : « Constance va vous demander la permission d’inviter Ladislas Poniatowski pour quelques jours, début août à K.O (Ker Olivier). Il est très bien élevé et un peu sûr de lui… » (p.105). Constance Guichard y ajoute : « Un exemple de préparation à l’examen de passage dont je me réjouis : dans toutes ses autres lettres, elle ne cite jamais son nom, se contentant de désigner Ladislas par une appellation géographique : “ la Pologne” »
Commentaires
Quel drôle d’univers que celui de l’auteure , étranger à la plupart des lecteurs de ce livre qui se lit avec stupeur et gourmandise. Constance Guichard Poniatowski a du courage et du talent même si elle ne nous dit pas tout.
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