Charles Quint, Empereur d'une fin des Temps

Charles-Quint, le silencieux, le solitaire, le torturé
De
Denis Crouzet
Editions Odile Jacob - 669 pages
Notre recommandation
4/5

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Thème

Une étude sur la métapsychologie de Charles-Quint, en particulier, et de son siècle, en général. Un portait d’un Charles-Quint différent, loin des analyses historiques dominantes. 

Un essai sur les 7 années (1545-1552) les plus cruciales de son long règne. Ces 7 années qui révèlent particulièrement les tensions intimes de l’empereur et qui décideront de son abdication future.

Charles-Quint (1500-1558) est le monarque chrétien le plus puissant de la 1ère moitié du XVI°, mais il est miné, dans son âme et dans son corps, par la sensation profondément angoissante d’être « l’Empereur d’une fin des temps ». A-t-il échoué à sauver le monde qui courre vers l’abîme, vers la damnation éternelle ?

En 1556 il se retire du monde au monastère de Yuste, en Espagne. A Yuste, il se libère enfin de sa destinée si lourde à porter : assumer, sans déroger à l’idéal d’un chevalier de la foi, la gouvernance d’un monde qui bascule inexorablement dans les divisions religieuses et politiques et, donc, dans la violence. Pour cet héritier des Hasbourg, gouverner est une tragédie de tous les instants. 

A Yuste, il se prépare à mourir comme il aurait aimé vivre : dans une quiétude d’âme lui permettant d’avancer vers le Christ.

Charles-Quint est-il vraiment « l’Empereur d’une fin des temps » ? Certes.

Et ceci selon plusieurs points de vue propres au contexte religieux et socio-politique du XVI° siècle :

  • Une vision eschatologique: inquiétude apocalyptique ( la fin des Temps serait-elle proche ?).
  • Une vision chrétienne: fin de l’unité de la chrétienté avec l’éclosion de la Réforme protestante. Les guerres de religion commencent.
  • Une vision dynastique:  Charles-Quint est le dernier des Hasbourg à régner sur l’Espagne et sur l’Autriche. Il est le dernier empereur universel du monde chrétien.
  • Une vision politique: la paix impériale et européenne se dérègle sous l’impulsion de facteurs internes et externes. Les guerres civiles et intra-européennes de la seconde moitié du XVI° siècle se préparent.

Comme on peut s’en douter, l’auteur n’évoque pas seulement la personnalité silencieuse, solitaire et torturée de Charles-Quint. 

Il présente aussi l’imaginaire et le problème historique du XVI° siècle allemand. Cette angoisse collective, latente, inconsciente qui amène la Réforme luthérienne et la rupture avec l’Eglise romaine. 

Points forts

  • Des analyses historiques, philosophiques et métapsychologiques d’une densité rare qui, chemin faisant au long des 600 pages, font littéralement pénétrer dans les mentalités du XVI° siècle. 
  • Le choix de la bataille de Mühlberg ( 24/04/1547) dans la destinée de Charles-Quint.
  • La mise en oeuvre de la Réforme avec Martin Luther (1483-1546), frère augustin théologien, professeur d’université.
  • Une réflexion subtile sur des considérations générales qui torturent si souvent les historiens : la notion de rupture historique existe-t-elle ? le rôle du hasard dans le déroulement des évènements ? Etc…
  • Un livre inoubliable qui force l’admiration pour son érudition, pour sa connaissance et  son respect des tourments de l’âme.                                                                             
  • Denis Crouzet est un humaniste, généreux et passionné, qui nous ouvre les portes de l’imaginaire (« le caché de l’histoire ») de ce XVI° siècle si angoissé.

Quelques réserves


  • Le centrage de la psyché impériale autour de la bataille de Mühlberg.
    Pour les passionnés d'histoire.
    Ouvrage à lire avec patience et concentration dans la première partie concernant les analyses métapsychiques ( tournures de phrases et vocabulaire spécifiques ).
  • Mais qu’on se rassure. Le style de l’auteur est fluide et vif quand il s’agit de la narration pure et simple des évènements. 

Encore un mot...

Le centrage de la psyché impériale autour de la bataille de Mühlberg.

Pour les passionnés d'histoire.

Une phrase

« L’effondrement du monde pour la conservation duquel il s’était totalement investi, heure par heure, jour après jour, saison après saison, année après année, sans relâche, en ayant la paix universelle comme fin, ne le ramena-t-il pas à ce miles chritianus ( soldat du Christ) vivant en tous ses instants de la vie du Christ ? » 

L'auteur

Denis Crouzet est professeur d’histoire du XVI° siècle à l’université Paris-Sorbonne. 

Ses travaux portent sur les imaginaires de paix et de violence à la Renaissance.

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