Dictionnaire amoureux de la Diplomatie

L’art et l’histoire de la diplomatie, une bonne initiation à un métier délicat.
De
Daniel Jouanneau
Plon,
898 pages, 28 €
Notre recommandation
3/5

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Thème

Il s'agit, dans un ordre alphabétique respectant le pari du «dictionnaire», d'expliquer l'objet de ces 900 pages : la Diplomatie, son  rôle, ses objectifs et ses manières, l'art d'être diplomate, les règles et institutions ; et aussi son histoire occidentale en évoquant ses acteurs les plus prestigieux, dans le passé ou le présent.

Le « Diplomate » est celui, qui muni d’un « diplôme » de son roi ou de son suzerain est habilité, sur son ordre, à visiter, négocier, traiter avec les Puissances étrangères. Métier périlleux s’il en fût, qui devient plus calme après la Paix de Westphalie (1648), créatrice du premier «concert» européen. 

Cet ouvrage s’oriente – grosso modo – vers 3 directions : 1) de belles diagonales historiques ou plus contemporaines, ressuscitent les grandes figures de l’art diplomatique, héros souvent oubliés ou méconnus. 2) les bases du métier : quelles en sont les règles, les pratiques, les institutions, le recrutement. 3) L’environnement : les locaux (ambassades, légations), le protocole, les rituels, la valise…

Points forts

Une  écriture limpide, aérée, même sur des sujets arides, laquelle peut être carrément lyrique lors qu’il s’agit de décrire un « grand » moment, ou un homologue exceptionnel. 

Historien de qualité, l’auteur nous entraîne à la poursuite du premier titulaire du titre d’ambassadeur : Louis de Revol (sous Henri III), puis, entre autres, Mazarin, Vivant Denon, Richelieu, Metternich, Berthelot. Il brosse surtout de magnifiques portraits de nos contemporains : l’inoubliable Kofi Annan, Henry  Kissinger, les Spaak, les Schuman, Alcide de Gasperi, inoxydables négociateurs d’une Union Européenne, Alexis Léger, Stéphane Hessel, et bien d’autres (les entrées B et R sont particulièrement riches). 

Cadeau merveilleux : on comprend enfin l’Accord Sykes-Picot (Mai 1916) qui fait encore tant de ravages au Moyen Orient. 

Bref,une vraie leçon d’histoire diplomatique.

Quelques réserves

La forme «dictionnaire» qui éparpille alphabétiquement des connaissances complémentaires. De même pour l’ONU et les Organisations internationales dispersées aux quatre vents. 

La première entrée A est inopportune « Alcôves » donne envie de refermer l’ouvrage : écrit platement et n'apprenant rien au lecteur, il eut été plus judicieux de commencer par Ambassadeur et de mettre les galipettes d’Aristide Briand à Intimité ou Sexualité diplomatique.

Enfin,  le format : près de 900 pages. Trop lourd, malcommode, impossible à lire au lit, casse le poignet. On aurait préféré qu’il soit  «divisé en deux» à la lettre J et présenté en 2 volumes dans un coffret. C’est ce que Jean Tulard a fait pour ses Dictionnaires de cinéma et Dominique Fernandez pour son Dictionnaire amoureux de l’Italie (https://www.culture-tops.fr/critique-evenement/livresbdmangas/dictionnaire-amoureux-de-litalie). 

Cette collection de dictionnaires «amoureux» parait, pour ma part,  quelque peu infantile et comporte quelques ratages affligeants. Elle est à consommer avec circonspection, du moins pour certains titres.  

Encore un mot...

S’il fallait définir ce Dictionnaire en trois adjectifs, je dirais : Historique – Elégant - Pédagogique, et tout serait dit. Mais j’ajouterais trois mots : Enthousiame-Elégance-Clarté : Tout cela rend ce livre passionnant malgré les quelques réserves que j’ai émises.

Une phrase

...Delcassé s’était révélé en possession des qualités maîtresses qui font les hommes d’État : volonté, énergie, ténacité inlassables dans la poursuite de ses desseins, jointes  à la souplesse et l’habileté méridionales...(p.227)

...En 1977, Valéry Giscard d’Estaing nomme Stéphane Hessel ambassadeur auprès des Nations Unies à Genève...Il y restera quatre ans s’engageant à fond dans les débats concernant le développement...(p.377).

L'auteur

Daniel Jouanneau assume avec élégance une belle et longue carrière diplomatique, très classique, nourrie de rencontres exceptionnelles, de postes très variés, toujours enrichissants, parfois périlleux. Guinée, Liban, Canada, Pakistan : il connaît le métier sur le bout des doigts. Chef du Protocole de deux de nos Présidents, puis nommé directeur de l’Inspection générale des Affaires étrangères. Il apporte maints éclairages sur les aspects les moins connus des relations internationales.

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