Écologie tragique
Parution en mai 2024
177 pages
17,95€
Infos & réservation
Thème
Sans aucune considération pour l'écologie politique et ses errements, vous êtes forcément inquiets face aux développements inconsidérés de l'humanité. Vous voilà séduit par ce titre : ” écologie tragique ".
Attention: il vous faudra, avec l'auteur et son érudition, remonter aux sources de la tragédie et voir en quoi l'écologie peut être tragique. Mais d'abord c'est la nature de l'homme, sans cesse partagé entre le bien et le mal, qui est tragique.
Une lecture difficile qui nous permet, au-delà des formules et des références philosophiques, ésotériques parfois, de comprendre cette nature de l'homme, entre violence et bonté, paix et guerre, observateur de la terre ou interventionniste...
Points forts
Dans le flot de la puissante réflexion de l'auteur on s'accroche, comme à des bouées, à quelques notions simples et intelligibles :
l'écologie professée c'est la conservation. Or si la conservation avait été le but de la vie, elle n'aurait même pas du commencer...
S'il ne s'agit pas de conserver, il nous faut quand même rationaliser, on ose dire économiser.
Oui à la destruction (l'exploitation ) mais pas à la dévastation. Ainsi est-ce si grave d'épuiser, par exemple, les ressources de pétrole ? Quelle importance pour l'homme et pour la Nature que la dernière goutte en coule cinquante ans plus tôt ou plus tard ?
Le progrès technique n'est-il pas simplement l'obéissance au Commandement du Créateur : " Fructifiez, multipliez, emplissez la terre et soumettez-la "
Il y a quelque chose qui nous attire dans le titre : jusqu'ici l'écologie est contraignante, punitive, gauchiste, revendicative, combative, violente, méchante, politique.
La voici tragique.
Et l'on ressent soudain notre sort, tragique comme chacun sait.
On espère alors que de cette analyse savante et érudite, surgira, peut-être, une solution. Devenue tragique l'écologie ne pourrait-elle pas enfin s'affranchir de ses tares (de ses tarés aussi) et devenir positive ?
Grâce à Saint François d'Assise et Descartes nous admettons que la violence est consubstantielle à la Nature et, en son sein, plus particulièrement à l'homme depuis sa création et la dévastation de l'Eden.
Enfin on s'arrêtera, pour le plaisir, à ce vers de Victor Hugo (p 23): "L'énigme aux yeux profonds nous regarde obstinée ".
Quelques réserves
L'esthétique du raisonnement au détriment de sa logique, comme celle de l'érudition préférée à l'intelligibilité, parfois.
A qui s’adresse un tel livre ?
A des philosophes ? - ils connaissent déjà bien la pensée de Nietzsche et agissent peu pour l’écologie…
A nous ? - nous attendions quelque chose de plus concret pour adopter une écologie qui ne serait pas un outil politique de la gauche révolutionnaire …
Encore un mot...
Comment passer de l'écologie politique, toujours engagée à gauche, voire à l'extrême gauche, à la nécessité de mettre fin aux errements actuels tout en exploitant la terre, ce que la Bible autorise et même nous commande de faire ? Autrement dit : détruire peut-être mais ne pas dévaster. Mais surtout ne pas conserver ce qui est contraire à l'essence même de la vie sur terre.
Une phrase
" Nous avons commencé par la cosmo-logique des Anciens. Nous sommes passés par la techno-logique des Modernes. Nous voici arrivés à la miso-logique des Postmodernes, où miso renvoie à la défiance (pourquoi pas au potage japonais, tant ça tourne à la soupe).
La miso-logique se situe à la fois en rupture et en continuité avec la techno-logique. Dans la techno-logique, les espèces sont éteintes avant leur extinction. Décomposées par l'analyse, elles sont ramenées à des éléments manipulables. C'est pour les recomposer en un monde meilleur, sans doute, mais comme le résultat n'est pas tout à fait satisfaisant, la miso-logique récuse toute l'entreprise "occidentale". Elle va jusqu'à idéaliser le Paléolithique." Page 92
L'auteur
Fabrice Hadjadj est l'auteur de nombreux essais, récits et pièces de théâtre.
Il dirige actuellement l'Institut européen d'études anthropologiques ⁃ Philanthropos - à Fribourg, en Suisse.
Ajouter un commentaire