En finir avec le libéralisme à la Française

De
Guillaume Sarlat
Editions Albin Michel
Notre recommandation
2/5

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Thème

Guillaume Sarlat publie cette année un livre qui connaît une certaine notoriété, son titre, En Finir Avec Le Libéralisme A La Française, allant au rebours de l’idée reçue selon laquelle le libéralisme serait une spécialité anglo-saxonne avec laquelle la France ne ferait pas bon ménage. Sa thèse est assez simple : depuis 1983 et le choix de Mitterrand de changer de politique pour demeurer dans l’Europe, l’Etat s’est désengagé de l’économie en renonçant à certains leviers d’action (nationalisations, politique industrielle…) ou en confiant d’autres à l’Union Européenne (la monnaie, la supervision des banques…) ; c’est cela qu’il appelle “libéralisme à la française“. En contrepartie, l’Etat se concentre sur la réparation des dégâts causés par ses carences dans le champ économique (chômage, désindustrialisation…) en étendant constamment le champ du social (indemnités en tous genres), au prix d’un déséquilibre budgétaire et d’un endettement croissants.

Points forts

C’est surtout la seconde partie du livre, que Guillaume Sarlat consacre à plusieurs propositions techniques, qui offre le plus d’intérêt : les aménagements de politique monétaire, le financement de la dette publique par émission de titres perpétuels, la révision des critères de Bâle 3 et des normes IFRS, le développement de l’actionnariat salarié sont des mesures qui pourraient et devraient être considérées.

Quelques réserves

La thèse centrale du livre –que l’auteur ne démontre pas au demeurant- paraît fort contestable. D’abord, le terme “libéralisme à la française“ ne veut rien dire en lui même ; ce n’est pas parce que l’Etat se serait désengagé de l’économie que celle-ci deviendrait ipso facto libérale. Chacun sait bien que la France se caractérise précisément par de multiples situations de concurrence faussée ; or un pays libéral est un pays où, d'abord, l’Etat fait respecter la concurrence. Par ailleurs rien n’indique que l’Etat a étendu le champ du social pour palier les effets d’un prétendu libéralisme : ainsi, est-ce le montant des indemnités de chômage qui crée le chômage structurel ou bien le chômage qui pousse à la multiplication des aides ? L’auteur procède par amalgames et affirmations, pour le moins contestables, notamment tout ce développement sur le “court termisme“ qui mérite plus ample discussion. Enfin si les solutions esquissées sont intéressantes, le moins qu’on puisse dire est qu’elles ne sont pas à la mesure du problème soulevé.

Encore un mot...

Au delà du titre racoleur qui a le mérite de lancer le débat, le diagnostic me semble contestable et les remèdes insuffisants. En outre certaines parties de l’ouvrage sont assez techniques.

L'auteur

Guillaume Sarlat qui n’a pas 40 ans, est, à Londres, conseil en stratégie des entreprises. Il a été banquier, plutôt dans la partie “investment banking“, c’est à dire pas celle qui fait des prêts aux entreprises. On le présente généralement par ses diplômes : il est polytechnicien et issu de l’Ecole Nationale d’Administration dans les premiers, puisqu’il a été inspecteur des finances. C’est donc un pur et brillant produit du système français qui ne craint pas de manier le paradoxe.

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Un diagnostic contestable et des remèdes insuffisants.

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