Figures de proues, ces yeux de la mer

Un beau voyage au cœur du statuaire des mers qui méritait un format “Beau Livre”
De
Claudio Magris
Gallimard, Collection l’Arpenteur
Traduit de l’italien par Jean et Marie-Noëlle Pastureau
Publication le 6 juin 2024
155 pages
19,00 €
Notre recommandation
3/5

Infos & réservation

Thème

Ce livre, illustré de nombreuses photographies de figures de proue, offre un tour d’horizon de ces ouvrages sculptés spécifiques qui ont orné les navires européens et nord-américains à travers les mers du globe durant les derniers siècles.

Sont traités leurs conditions de réalisation, les canons du genre, leur symbolique, leur histoire souvent pittoresque, voire légendaire, depuis leur période « active » au-delà des océans, jusqu’à celle de leur sauvetage par des collectionneurs passionnés. 

Points forts

Au croisement de l’histoire maritime et de l’artisanat d’art, sur la base des figures de proue exposées dans de nombreux musées européens et américains, cet ouvrage offre:

  • Une superbe iconographie, également très variée de 55 spécimens, qui permet de se faire une idée de l’évolution et de la diversité des styles de figures de proue des navires européens et du Nouveau Monde. La taille des reproductions permet d’en examiner de nombreux détails, toujours plastiques et parfois amusants, comme pour celle du Wilberforce, visible au musée du Cutty Sark à Greenwich, qui représente l’anti esclavagiste William Wilberforce, très digne, qui a depuis quelques siècles la main… dans la poche. Et que dire de la frégate Carmagnole qui, au moment de la Révolution, eut comme figure de proue une guillotine !
  • Une analyse fine de la symbolique et de nombreuses légendes et traditions attachées à ces sculptures. 

L’extraordinaire histoire de certaines de ces figures de proue de navires célèbres (Bellerophon, Cutty Sark, chaloupes de cérémonie de Napoléon ou de Marie-Antoinette…), ou inconnus, y compris pour certaines retrouvées après un naufrage. Le tout parsemé d’intéressantes correspondances avec le patrimoine littéraire, comme l’auteur l’avait déjà fait dans son ouvrage Danube.

Quelques réserves

  • Les illustrations ne sont pas mises en regard du texte où leur histoire est mentionnée et aucune numérotation, ni mention des pages, n’est fournie. Cela oblige à de fréquents va- et-vient dans le livre. 
  • Quelques passages cryptiques, peu nombreux heureusement, auraient pu être évités et ont certainement donné du fil à retordre aux deux traducteurs. 

Encore un mot...

Après avoir pris connaissance d’une telle analyse atypique, cela donne envie de rechercher un « beau livre » qui offrirait un panorama mondial de ces magnifiques ouvrages sculptés.

Une phrase

« Ces peurs s’étaient enracinées en Nouvelle-Angleterre, terrain évidemment propice, mais elles venaient de la vieille Europe. Dans l’imaginaire de l’Europe de la Renaissance les figures de proue, les hérésies et les naufrages étaient étroitement liés, et quand le vaisseau hollandais Diable de Delft ne revint pas, on en imputa la faute à sa diabolique figure de proue. Un autre figure de proue maudite valut à son imprudent sculpteur d’avoir les mains tranchées et à la femme qui lui avait servi de modèle de finir sur le bûcher » (page 120)

L'auteur

Claudio Magris est né à Trieste en 1939. Essayiste et romancier, c’est un passionné de la mer. 

Ses ouvrages sont traduits et édités dans de nombreux pays et il est lauréat de plusieurs prix littéraires internationaux. Il est également régulièrement cité depuis plusieurs années comme possible lauréat du prix Nobel de littérature.

Une précédente chronique d’un de ses ouvrages est disponible sur notre site :

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