Intelligence artificielle et intelligence humaine

Regards croisés sur l’I.A., ses potentialités et ses dangers en regard de l’Intelligence Humaine : éclairant !
De
Collectif sous la direction de Daniel Bonnet et Jean-Jacques Pluchart
ESKA
241 pages
29 €
Notre recommandation
4/5

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Thème

 Dans le prolongement de l’exceptionnel colloque organisé sur ce thème, les 25 et 26 novembre 2021 à Paris par l’ IPM  (Institut Psychanalyse et Management ) et l’ Université  de Paris 1 Panthéon-Sorbonne (IAE), ce collectif dirigé par un duo d’éminents professeurs  se propose  d’apporter des éléments de réponse à deux questions centrales qu’appelle cette  problématique  :

- L’une  est existentielle : l’IA  peut-elle  (menace-t-elle) de se substituer à l’intelligence humaine ?

- L’autre plus « clinique » tente  d’évaluer dans une logique de ‘ Risque-Bénéfice ‘,( aujourd’hui complètement dans l’actualité..) les potentialités  et les  dangers qui pourraient émerger  de l’ IA.

 Une vingtaine de chercheurs universitaires et d’experts reconnus apportent leur contribution, fruit de leurs études sur ces problématiques qui restent encore peu ou pas traitées par la littérature.

Points forts

Aussi, l’un  des mérites  des coordinateurs de cette parution  d’une belle  richesse est d’avoir  su et pu  réunir dans ces «  regards  croisés »  des  représentants éminents de  disciplines qui  bien souvent évoluent à une certaine distance les unes des autres. 

En  effet,  «l’Intelligence  Artificielle investit toutes les activités économiques,  accélère les processus d’innovation, change les mode de production, transforme les organisations et bouleverse les  relations  sociales, mais oblige à  revisiter  certaines théories  -sinon certains paradigmes-  qui  fondent plusieurs  disciplines scientifiques, comme le Management, la Philosophie, la Sociologie, la Psychologie et la Psychanalyse . 

 S’il est maintenant acquis que l’IA crée de la valeur socio-économique  (innovation, productivité, systèmes  assistés, services «  augmentés » etc ), ses  dangers  et ses  risques n’en sont pas moins palpables, ce que Stephen  Hawking résumait  ainsi : « la  création d’une intelligence artificielle  serait le plus grand événement de l’histoire  de l’humanité mais il pourrait en être l’ultime”. 

Le Professeur Pluchart, dans son avant-propos éclairant, souligne que  les peurs qu’ engendre l’ IA  vont  de « l ‘effet boite noire  » des biais algorithmiques supposés, aux manipulations avérées  des  sondages   (l’ Amérique en est l’un  des  exemples), voire des  manipulations discriminatoires  (Apple Card), comme  aux risques  de  déqualifications professionnelles.

 Ces externalités négatives sont aussi rappelées par Alexis Grinbaum (auteur du livre Les  robots  et le mal, éd. Desclée de Brouwer 2019) : «  des assistants domestiques se font délateurs, des voitures automatisées tuent, des agents conversationnels injurient leurs interlocuteurs… ».

 Ce constat, plaident  plusieurs contributeurs, nécessite un encadrement de l’IA et l’accès à une « maturité algorithmique » que Aurélie Jean avait conceptualisée dans son  récent ouvrage  Les algorithmes font-ils la loi ? (paru aux éditions de l’’Observatoire, octobre 2021). 

 Aussi « les philosophes, les psychanalystes  et les  gestionnaires ont pour rôle d' identifier et d’ analyser les origines  et les  effets des biais perceptuels, émotionnels et cognitifs affectant les différents acteurs, mais aussi d’anticiper  les avancées de L’ IA sur les consciences et les inconscients des sujets  «  soumis »  à  l’IA… »

 Il en résulte que si la recherche « d’une IA  éthique » reste  l’un  des  grands défis  de la  société post -moderne,  elle repose  d’abord sur le  traitement  des biais d’origine  essentiellement  humaine  avant  de  se  reproduire par les  algorithmes.

Quelques réserves

La peur anthropomorphiste de « l’homme augmenté » paraît à ce stade des réflexions  des  experts de cette parution encore  très éloignée d’une  réalité prochaine et permet  de lever bien  des incertitudes. C’est  d’autant plus heureux que l’ on partage cette pensée de Kant :  « on mesure l’intelligence d’un individu à la quantité d’ incertitudes qu’il est capable de supporter.». On en accepte avec grand plaisir les augures.

Encore un mot...

Toutefois, et in fine, les principales contributions dans cet ouvrage se rejoignent pour considérer que si l’IA peut maîtriser certaines propriétés élémentaires de l’intelligence , elle ne peut (et ne pourra ?)  se substituer à certaines formes de l’ intelligence humaine incluant l’intuition, l’émotion et le désir

Une phrase

(de l’avant-propos) : « ...le passage de l’IH à L’IA n’implique pas seulement de réduire la pensée humaine à une logique purement rationnelle, mais d’intégrer celles de l‘intelligence émotionnelle (intuition, inhibitions, affects psychologiques) et de l’intelligence collective marquée par des effets d' imitation  et d’ancrage de la pensée  dominante.. ».  Le « mur de l’ inconscient » érigé par le langage reste encore infranchissable même si certaines formes de raisonnement de plus en plus complexes commencent à être maîtrisées. »

L'auteur

Daniel Bonnet :  Président  de l’ IPM-  Institut psychanalyse et Management,  Professeur à l’université de Lyon ;  Jean-Jacques Pluchart :  Professeur émérite Paris 1 Sorbonne,  auteur, Président du Comité de sélection  du Prix  Turgot. Il est aussi un chroniqueur régulier de Culture Tops pour les ouvrages touchant à l’économie. 

  Et   les  contributeurs :     Odile Bellenguez -  J-C Castalegno – Laurence Devillers – Emmanuel Diet- Marianne Dournaux – Christian Dugoin- Clement –- Alexei Grinbaum -Eric Lacombe – Jean-Paul Lafrance- Hubert Landier – Jean-Bernard Mateu - Maria Mercanti Guerin – Jeanne Mouton  --Annick Scholl  - -Françoise Soulié-- Fogelman

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Sur ce même thème, lire aussi : 
Le fabuleux chantier : rendre l’I A robustement bénéfique, une chronique de Paul Lelièvre : L’intelligence artificielle pourrait-elle nous influencer vers le meilleur et non vers le pire ? Une réflexion menée avec brio.

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