
Jacques-Louis David l'empereur des peintres
335 p.
10 septembre 2025
24 €
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Thème
On imagine mal, aujourd'hui, la renommée dont jouissait le peintre David (1748-1825), qui fit ses débuts sous la Révolution, atteint l'apogée de sa gloire sous l'Empire et termina sa vie en exil au retour des Bourbons. C'est ce parcours que relate cette biographie détaillée de celui qui fut l'un des plus fameux artistes de la fin du XVIIIe siècle et du début du XIXe, le plus illustre représentant du néoclassicisme. L'auteur décrit minutieusement son travail, ses rencontres (en commençant par celle avec Bonaparte), ses ambitions, son cercle d'élèves, d'amis, de hautes relations et finalement d'opposants. Il cite abondamment les témoignages de ceux qui le côtoyèrent, notamment Delécluze car il existe une masse de documents sur ce peintre dans les musées, les bibliothèques et les collectionneurs, ce qui fait écrire à David Chanteranne dans son avant-propos : "Relater sa vie équivaut à grav
Points forts
Si tous ceux qui se sont intéressés à Napoléon connaissent évidemment les tableaux de David, notamment le plus fameux, celui du couronnement de Joséphine par Napoléon et les autres exposés au Louvre, l'intérêt majeur de cette biographie est de faire découvrir que David fut également un homme fervent dans ses convictions, engagé en politique (révolutionnaire ayant voté la mort du roi, ami de Marat, député à la Convention nationale qu'il préside en 1794, signant plusieurs envois à l'échafaud, emprisonné après la chute de Robespierre, adulé pendant l'Empire puis exilé en Belgique ...), fin connaisseur de l'histoire de l'Antiquité (ses sujets de prédilection touchent en effet à la moralité et au patriotisme empruntées aux héros antiques), ambitieux, aimant les honneurs (il en eut et non des moindres) et habile hommes d'affaires veillant de près sur ses intérêts, finalement bon époux et père de famille (ses deux fils ont suivi l'Empereur en Russie). Autant dire que cette biographie d'un "profil hors norme" dans une période tourmentée, est fort complète abordant toutes les facettes du personnage.
L'autre intérêt est de découvrir aussi que s'il fut peintre, et un maître pour de nombreux disciples, David se vit confier également des travaux de décorateur (cabinet de l'empereur aux Tuileries), d'ordonnateur de fêtes, de dessinateur de mobilier (fauteuils, chaises), de plafonds (au Louvre); de costumes de hauts dignitaires et de militaires, d'étendards... bref, pour tout ce qui touchait au visuel symbolique, on fit appel à lui.
En vérité, Jacques-Louis David fut un historien qui, ayant connu six régimes politiques, se servit de ses pinceaux pour écrire l'Histoire.
Quelques réserves
Malgré les 9 toiles reproduites en couleurs au milieu de l'ouvrage, et même si l'on comprend que l'éditeur ne puisse publier un catalogue, on trouve dommage de ne pas avoir sous les yeux les autres tableaux (environ 130 sans compter un millier de dessins) d'autant que l'auteur les décrit avec soin, n'épargnant au lecteur aucun détail sur la position, la tenue, les couleurs des personnages, ce qui s'avère long et parfois un peu fastidieux à lire.
Un rappel chronologique des principales étapes de la vie de David et des dates d'exposition de ses tableaux, aurait été bienvenu.
Encore un mot...
Le 29 décembre 1825, David rendait son dernier souffle. Ce livre est donc publié pour le bicentenaire de sa mort. Les chapitres traitant des relations entre Napoléon et David où l'on croise tous les grands de l'Empire sont parmi les plus passionnants. Et l'entêtement de l'artiste à vouloir demeurer à Bruxelles, où il fut heureux et honoré durant l'exil, est émouvant, de même que l'amitié fidèle de ses élèves, en tout premier le peintre Gros, est touchante. Le tout dernier chapitre évoquant sa postérité artistique rend hommage à ce talent hors du commun malgré les voix réticentes des Goncourt ou de Larousse et autres "modernes" qui jugèrent son école passée de mode !
Le Louvre ne pouvait faire moins que de consacrer à David une grande exposition qui ouvre du 15 octobre 2025 jusqu'au 26 janvier 2026.
Une phrase
(Après les adieux de Napoléon à Fontainebleau, son départ pour l'Ile d'Elbe et Paris occupé par les coalisés) :
« Seul, [Etienne] Delécluze rend visite à son maître qui a été placé sous la surveillance des troupes adverses. : "près de lui et de sa femme se trouvaient effectivement deux officiers russes qui se levèrent très civilement de leurs sièges lorsque Etienne entra et que David le leur eut présenté comme un de ses élèves. Trompés par cette qualification, à laquelle ils attachaient plus d'importance que n'en avait réellement celui à qui le maître l'avait donnée, les jeunes Russes regardèrent Etienne avec la même curiosité respectueuse qu'ils auraient éprouvée s'ils eussent vu Gérard, Girodet ou Gros, tant le seul titre d'élève de David avait alors un retentissement en Europe. » (p. 213)
L'auteur
David Chanteranne, historien et conférencier, a publié une douzaine d'ouvrages sur la période de l'Empire et sur Napoléon. Il est rédacteur en chef de la revue Souvenir napoléonien, directeur du patrimoine des sites de la ville de Rueil-Malmaison.
Sur notre site :
-Les douze morts de Napoléon, une chronique de Michel Kerjean (éd. Passés Composés, 2021)
- la préface du livre de Philippe Bonnet Qui veut tuer Bonaparte ? (éd. Via Romana, 2023)
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