J’ai passé l’âge ! Vieillir sans injonction, un nouveau défi au féminin
Parution en août 2025
183 pages
18,95 € en édition brochée ; 13,99 € en ebook
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Thème
Agnès Molinier, ancienne figure du JT de France 2 et ex-rédactrice en chef, explore dans ce livre ce que vieillir veut dire quand on est une femme, dans une société où l’âge reste un marqueur d’inégalité criant entre les sexes. Évincée de son poste prestigieux, elle part en quête de sens, interroge, écoute, rassemble. Le résultat : une mosaïque de récits intimes, de réflexions franches et de colères légitimes.
Points forts
Trois moments clefs, à retenir parmi d'autres :
- Quand les statistiques donnent la nausée : face au diagnostic d’un cancer, une femme a six fois plus de risques de connaître une rupture qu’un homme dans la même situation. Pour en arriver à ces conclusions, des chercheurs ont suivi pendant deux ans, aux États-Unis, plusieurs couples dont l’un des membres venait d’être diagnostiqué. À l’issue de cette observation, ils ont constaté que le taux de séparation s’élevait à 20,8 % lorsque la femme était malade, contre 2,9 % lorsque le patient était un homme.
- Entre pilule et désillusion, un féminisme à double tranchant : Agnès Molinier s’interroge : ces femmes, premières à vivre la liberté sexuelle rendue possible par la pilule, ont-elles seulement mesuré l’impact de cette révolution sur leurs relations amoureuses - et leur autonomie réelle ? Cette émancipation, qu’elles avaient vécue comme une conquête, avait-elle véritablement servi leur autonomie, ou avait-elle surtout offert aux hommes une liberté accrue de disposer du corps des femmes sans même se questionner davantage qu’auparavant ?
- Instructif, parfois révoltant, souvent sidérant : qu’on en prenne la mesure : jusqu’en 1967, les femmes en France n’avaient pas le droit de spéculer en bourse. Cette interdiction, à la fois absurde et révélatrice, en disait long sur la défiance qu’inspirait encore l’idée d’une femme autonome, maîtresse de son argent, donc de ses choix. Heureusement, cette inégalité a disparu : les femmes, elles aussi, ont désormais le droit de se ruiner en bourse. Le lecteur de Culture-tops peut être rassuré.
Quelques réserves
- La forme : Le propos est fort. Le style, lui, l’est un peu moins. Ces voix de femmes sont précieuses, mais si une à une, elles touchent, en rafale, elles s’effacent. On sent la volonté de donner la parole à toutes, mais à force d’accumuler les entretiens, le propos se dilue et perd en force narrative. J’aurais aimé un peu plus de souffle, une écriture plus incarnée, qui tisse davantage les fils entre les récits.
Encore un mot...
À l’instar de Laure Adler dans La voyageuse de nuit (Grasset, 2024), Agnès Molinier a le mérite de poser la question de la vieillesse sans détour. On referme ce livre partagé entre une colère froide et le soulagement de lire, noir sur blanc, ce que tant de femmes vivent - et que beaucoup d’hommes refusent toujours d’entendre. Vieillir n’est pas un problème. Être une femme qui vieillit, en revanche…
Une phrase
« Et c’est vraiment ça l’enjeu : faire du désœuvrement une chance. En espagnol « retraite » se dit « jubilacion » ! quel plus joli mot peut-on trouver pour faire comprendre qu’on peut y trouver beaucoup de joie. » Page 70
L'auteur
Ancienne figure de France 2, Agnès Molinier a dirigé les JT de 13h et 20h, piloté le service Économie et Société, et signé des enquêtes pour Envoyé Spécial. Journaliste chevronnée, passée par France 2, France 3 et l’IJBA (Institut de Journalisme Bordeaux Aquitaine), elle connaît les coulisses du pouvoir médiatique comme peu d’autres.
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