Jean Des Bandes Noires, un condottière dans les Guerres d’Italie

XVI° siècle. Le fondateur de la dynastie Médicis. Une épopée bien documentée
De
Florence Alazard
Passé/Composé
Parution le 1er février 2023
237 pages
22€
Notre recommandation
4/5

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Thème

Le livre retrace la vie relativement brève de Jean de Médicis qui sera appelé après sa mort Jean des Bandes Noires car il faisait peindre sur ses bannières de bandes blanches et noires. Il naquit à Florence en 1498. Sa mère Caterina était la fille naturelle du duc de Milan Galeazzo Sforza et de la comtesse Lucrezia Landriani. Après la mort de ses deux premiers maris tués par des conspirateurs, elle avait épousé un membre de la branche cadette des Médicis, Giovanni de Medici dit il Popolano. Ce fut le père de Giovanni, alias Jean de Médicis ou Jean des Bandes Noires.

Ce dernier suivit des cours au couvent d’Annatena puis à celui des Dominicaines. Sa mère le confia à deux précepteurs, Francesco Fortunati et Jacopo Salviati, mais il ne fut jamais très zélé ; il préférait monter à cheval, chasser et s’exercer aux armes. En 1511, il fut banni de Florence à la suite d’un meurtre qu’il avait commis. Il était aussi très prodigue. Il se maria en 1517 avec Maria Salviati qui appartenait par sa mère à la famille des Médicis.

Giovanni fit ses premières armes en 1516. Il combattit dans les rangs de l’armée de Laurent de Médicis qui avait été proclamé duc d'Urbin par le pape Léon X et dont le titre était contesté par Francesco Maria Della Rovere. Après cette campagne, il constitua une armée privée. En 1521 il est sur tous les fronts, à Mozzaniego, Milan, Lodi, Plaisance. En 1522 il change de maître et rejoint les armées françaises où il est chaleureusement accueilli. En août 1523 il revient dans le giron des Impériaux et prend une part décisive aux victoires de Charles Quint. En septembre 1524, François Ier, qui a pu dégager Marseille assiégée par le duc de Bourbon, repasse une nouvelle fois les Alpes et installe son camp devant Pavie. A la surprise générale, Jean de Médicis quitte le César et rallie le parti du Valois. Au cours des opérations, il est blessé par un tir d’arquebuse et est soigné par Abraham, le médecin juif du marquis de Mantoue. Pendant l’hiver de 1525-1526 il reprend du service et combat avec les forces de la Ligue de Cognac. Le 24 novembre, il fut gravement blessé par un tir d’un fauconneau, sorte de petit canon, au cours d’un accrochage avec les lansquenets de Georg von Frundsberg et il mourut le 30 novembre à Mantoue. Il fut enterré dans l’église de San Francisco de Mantoue puis transféré dans la chapelle du Palais des Médicis à Florence.

Sa descendance aura une fortune brillante et occupera une place importante dans l’histoire du Grand Duché de Toscane. En 1537 le duc Alexandre de Médicis fut assassiné par son cousin Lorenzino, le Lorrrenzachio de Musset. Alexandre n’ayant pas d’héritier, le fils de Jean de Médicis, Côme, monta sur le trône. Ainsi Jean des Bandes Noires, issu d’une branche cadette des Médicis, fut le fondateur de la dynastie qui gouverna la Toscane jusqu’au XVIIIème siècle.

Points forts

Le livre contient plusieurs points forts. Il est très bien documenté ; il s’appuie sur un riche fonds d‘archives et sur de nombreuses lettres écrites par les contemporains. Madame Alazard évoque fort bien le climat qui régnait dans les principautés italiennes au début du XVIème siècle. Elle insiste sur le rôle des grandes familles, leurs rivalités, leurs intrigues, les alliances qu’elles pouvaient conclure. La société militaire avait aussi ses particularités. Les chefs de guerre constituaient des bandes, « les condotta » qu’ils mettaient à la disposition d’une principauté ou d’une république. Ils n’avaient aucun engagement véritable et changeaient fréquemment de maîtres. Le problème pour eux était de trouver de l’argent. Ils n’hésitaient pas à piller les régions qu’ils occupaient et rançonnaient leurs prisonniers. Les mœurs de l’époque étaient très brutales et dans le livre il est souvent question de duels, de meurtres et d’empoisonnements. Madame Alazard dessine avec beaucoup de finesse les portraits des principaux personnages : Jean de Médicis bien sûr, son épouse, Marie Salviati, ses frères, sa mère, Caterina.

Quelques réserves

Le lecteur pourra s’étonner de voir l’ouvrage commencer par la mort de Jean de Médicis.

Encore un mot...

Le livre mérite d’être lu. Il évoque le début de la Renaissance italienne, époque qui nous fascine par sa richesse intellectuelle et artistique et les Guerres d’Italie qui virent s’affronter presque toutes les nations d’Europe occidentale.

L'auteur

Madame Florence Alazard est agrégée d’histoire et maîtresse de conférence à l’université de Tours. Elle est notamment l’auteure de La Bataille oubliée, Agnadel 1509 : Louis XII contre les Vénitiens, éditée aux Presses universitaires de Rennes, 2017.

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