Jeanne d'Arc, le procès de Rouen

Quelle femme!
De
lu et commenté par Jacques Trémolet de Villers
Editions Les Belles Lettres - 309 pages
Notre recommandation
5/5

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Lu
par Culture-Tops

Thème

Du 21 février au 30 mai 1431 se tient à Rouen le procès d'une jeune fille d'à peine vingt ans. Simple paysanne venue de Lorraine, Jeanne d'Arc  affirme avoir reçu de la part des saints Michel, Marguerite et Catherine, la mission de délivrer la France de l'occupation anglaise. Prodigieuse chef de guerre, elle parvient à rencontrer Charles VII, à conduire victorieusement les troupes françaises contre les armées anglaises, à lever le siège d'Orléans et à conduire le roi au sacre à Reims. Après avoir été vendue aux Anglais, Jeanne d'Arc est accusée - entre autres - d'hérésie et est jugée sous la conduite de l'évêque de Beauvais, Pierre Cauchon, avant d'être condamnée au bûcher où elle sera brûlée vive. Retranscrivant en intégralité les minutes du procès de Rouen, Jacques Trémolet de Villers emmène le lecteur, grâce à ses commentaires, au cœur de la salle d'audience.

Points forts

- Le texte intégral du procès, servi par une très agréable mise en page aérée permet au lecteur de suivre comme une pièce de théâtre l'inique procès où les commentaires brefs et profonds de l'auteur serviraient de didascalie.

- La préface d'Olivier Sers n'est pas à sauter allègrement, pressé que l'on serait de découvrir le texte, mais introduit avec limpidité et précision l'enjeu du procès.  - La magnifique couverture de l'ouvrage, le dais de Charles VII,  est de celles qui font rêver les enfants qui devenus adultes se souviendront avec émotion du beau livre d'or et de vermeil où deux anges aux vêtements fleurdelisés portaient une couronne.

Quelques réserves

L'intégralité des débats judiciaires conduit inévitablement le lecteur à devoir supporter l'incroyable redondance des questions des juges, et leurs fastidieuses circonvolutions ; les réponses désarmantes d'humour et d'habileté de Jeanne d'Arc n'en sont que plus savoureuses et poignantes quand on sait l'issue du procès. 

Encore un mot...

Après avoir été scruté, étudié et regardé par historiens, poètes ou romanciers, le procès de Jeanne d'Arc est enfin relu par un avocat qui se fait chroniqueur judiciaire pour l'occasion. Premier procès de l'Histoire où un vainqueur juge un vaincu, il est aussi "un chef d'oeuvre émouvant et pur de la langue française", que l'avocat amoureux de la France et de sa sainte patronne commente avec ce qu'il faut de lyrisme et de tendresse pour faire oublier la rigueur pénible de la procédure. "Évangile selon Pilate" pour Charles Péguy, ce procès sans témoin où les paroles mêmes de l'accusée la condamnent rappelle à maints égards  celui du Christ, où docteurs de la loi et juges n'ont que la force de la procédure pour condamner la vérité qui à Rouen, éclate dans l'audace et l'innocence d'une jeune fille de vingt ans.

Une phrase

1- Premier dialogue:
L'évêque. - En quelle figure était saint Michel, quand il vous apparut?
Jeanne. - Je ne lui vis pas de couronne ; et de ses vêtements, je ne sais rien.
L'évêque. - Était-il nu?
Jeanne, dans un éclat de rire. - Pensez-vous que Dieu n'ait pas de quoi le vêtir?"

2- Deuxième dialogue:
"Jeanne. - Maître Pierre, où serai-je ce soir?
Pierre Maurice. - N'avez-vous pas bonne espérance en le Seigneur?
Jeanne. - Oui, et Dieu aidant, je serai en Paradis. "

L'auteur

Avocat, Jacques Trémolet de Villers a plaidé de nombreuses affaires civiles et pénales restées dans les annales et les mémoires. Écrivain, il a notamment publié une biographie d'un célèbre avocat du XIXè siècle, Pierre-Antoine Berryer, Aux marches du palais, ainsi qu'une anthologie commentée de la poésie française, Heureux qui comme Ulysse et vingt-quatre autres poèmes que nous devrions savoir par cœur pour les dire à nos enfants.

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