La civilisation du spectacle

De
Mario Vargas Llosa
Editions Gallimard - 227 pages
Notre recommandation
3/5

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Lu / Vu par Culture-Tops

Thème

Venant après la "Société du spectacle" de Guy Debord, en 1960, et la "crise de la culture" d'Annah Arendt, MVL stigmatise, dans la société actuelle, la primauté du spectacle de divertissement qui engendre un processus de décadence intellectuelle et spirituelle. La télévision, la presse à scandale, la publicité racoleuse, la superficialité d'Internet ont, selon lui, progressivement sapé les bases de la vraie culture. MVL explique pourquoi les philosophes de la "déconstruction" (Foucault, Lacan, Dérida,...) ont effectivement dévalorisé la culture, qui est approfondissement de la personnalité, recherche de la transcendance, compréhension de l'histoire du monde et des autres sociétés.

Points forts

MVL passe en revue, avec une plume juste et acerbe, les secteurs où la civilisation du spectacle a provoqué des mutations, parfois dévastatrices. L'immense culture de MVL lui permet d'assoir ses démonstrations sur une analyse précise des ouvrages des auteurs qu'il critique ou qui viennent épauler ses thèses. Cela permet au lecteur de compléter ses propres connaissances. Des passages très convaincants sur le charlatanisme de l'art contemporain, la valeur esthétique d'une œuvre provocatrice ou grotesque correspondant hélas au prix résultant d'une marchandisation spéculative. A propos de la laïcité, MVL approuve l'interdiction du foulard dans les écoles, mais aussi des croix. En revanche, la liberté religieuse doit conduire, selon lui, à tolérer les sectes à condition qu'elles ne portent pas atteinte à l'ordre public et au respect des personnes. Le déclin de l'érotisme au profit de la pornographie le conduit à se moquer de la vie sexuelle débridée de Catherine Millet, laquelle avoue finalement, nous explique-t-il, préférer la masturbation. Il découvre aussi avec stupeur la création d'ateliers de masturbation pour les enfants de plus de 14 ans dans les régions de l'Estrémadure en 2009.

Quelques réserves

Le livre est un regroupement de textes, donnant lieu à de fréquentes répétitions. MVL émaille chaque chapître de courts récits anecdotiques intitulés "Pierre de touche", ce qui sert à" reconnaitre la valeur d'une personne ou d'une chose" (Le Robert). Surtout , le passage à un crible impitoyable et hélas fondé de notre civilisation ne débouche pas sur des perspectives de réformes ou d'améliorations. Il s'en dégage un pessimisme empreint de nostalgie.

Encore un mot...

Un diagnostique implacable et bien écrit de la décrépitude de la civilisation occidentale. Tout y passe : la dépoétisation de la sexualité, la piraterie des œuvres, la crise de l'autorité, les impostures intellectuelles, la laïcité menacée, la perte du sens religieux au profit des extrémismes, etc. Le jeune lecteur de cet ouvrage risque d'être plongé dans un désespoir insurmontable, sans que soient tracées des pistes pour améliorer notre "civilisation du spectacle".

Une phrase

Qui en seront trois: - "La culture permettait au moins à l'homme cultivé d'établir des hiérarchies et des préférences dans le domaine du savoir et des valeurs esthétiques." - "L'érotisme est la transformation d'une pulsion instinctive en activité créatrice prolongeant et, par une mise en scène et des raffinements, sublimant le plaisir physique en œuvre d'art." - "Plus notre ordinateur sera intelligent, plus nous serons sots."

L'auteur

Mario Vargas Llosa, né au Pérou en 1936, est l' auteur prolixe de 42 romans et essais qui lui ont valu le prix Nobel de littérature en 2010. Sa réputation internationale fait de lui un auteur dont chaque ouvrage a un écho considérable. Il a vécu alternativement en Bolivie, au Pérou (Il s'y est présenté aux élections présidentielles en 1990, sans succès), en Grande-Bretagne, en France; et en Espagne: Il y consacre dans le quotidien El Païs des chroniques bimensuelles, qui sont très suivies.

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Le terrible réquisitoire de Vargas Llosa: une civilisation en décrépitude?

Commentaires

Francois René U
mar 29/09/2015 - 01:55

Vieilles scies recyclées de génération en gén'ration, ah les pph de ma jeunesse! - Moi, j'ai fait Verdun, Madame!!! Le Nobel tue les esprits faibles. Bonne nuit!

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