La religion et Michel Serres

Une nouvelle approche des liens de Michel Serres avec le religieux. Un essai singulièrement complexe et foisonnant
De
Anne Baudart
Le Pommier
Parution le 27 septembre 2023
252 pages
18 €
Notre recommandation
2/5

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Lu
par

Thème

Donner une vision nouvelle, en 2023, du philosophe français Michel Serres décédé en 2019 à l’âge de quatre-vingt-neuf ans. 

Nous connaissons tous l’écrivain, le conteur, le philosophe scientifique. Mais que savons-nous du “pèlerin de l’absolu”, comme il aimait lui-même  à se définir ?

Points forts

En s'engageant dans un livre intitulé La religion et Michel Serres, Anne Baudart a pris de grands risques. Michel Serres (1930-2019) est un philosophe dont les œuvres successives ont été reconnues et louées par plusieurs interviews télévisées et radiodiffusées sur France-Culture en 2002. Les recherches de Michel Serres ont fait de lui un philosophe d’exception que l’on s’est arraché en Afrique, aux Etats-Unis comme en France. C’est incontestablement grâce à son savoir que les sciences ont permis à la philosophie de tout reconstruire. Les sciences ont mérité selon lui des travaux d’Hercule qui, entre 1940 et 1970, ont changé totalement la société, l’évolution de l’Histoire, l’espérance de vie, la géologie mais aussi le corps humain qui s’est transformé tant pour les hommes que pour les femmes.

Statistiquement, les femmes ont eu le droit de voter en 1947 en France suivie par l’apparition des télévisions et des téléphones bientôt portables. Les paysans qu’il connaissait et admirait se sont aussi transformés pour devenir des écologistes urbains. Ici et ailleurs, la culture paysanne a disparu en très grande partie : statistiquement, tout s’est transformé, les grandes villes donnant leurs directives au reste de la France. Pour n’en donner qu’un exemple, Michel Serres a donné à Sartre l’exemple de la technologie revue et hardiment corrigée, le philosophe qu’il était devant admettre l’importance de la transformation du monde. Les universitaires comme les écoles mettront hélas trop de temps pour suivre ses recommandations et l’interprétation de son nouveau monde, comme il l’avait fait antérieurement avec l’admiration qu’il portait à Leibniz.

Le décès de Michel Serres en 2019 ne changera rien à ce pèlerin de l’absolu qu’il demeurera dans l’esprit de ceux ayant eu la chance de le connaître. Comment résister aux certitudes qu’avait Michel Serres ? Dans l’un de ses livres Le temps des crises en 2009, il questionnait le monde entier et des écrivains tels que Michel Foucault (1926-1984), passionné par les sciences comme par l’espace et le monde contemporain, auteur d’une Histoire de la sexualité, la volonté du savoir (1994), L’usage des plaisirs, puis Les aveux de la chair, publié à titre posthume en 2018. Tel aussi Gaston Bachelard qui écrivit en 1938 La formation de l’esprit scientifique, puis La psychanalyse du feu, et ultérieurement La poétique de l’espace en 1957. Est également évoqué Albert Camus (1913-1960), l’auteur, entre autres, de La peste  et de La chute, Prix Nobel de littérature en 1957. 

Quelques réserves

Tout vouloir n’est jamais suffisant, seul réussir compte. Comment Anne Baudart tentera-t-elle de l’exprimer dans La religion et Michel Serres ? Avec le plus grand mal sur les 252 pages du livre. L’extrait ci-dessous en atteste.

Encore un mot...

Attirée par les écrits de Michel Serres, Anne Baudart commence à s’intéresser à ses œuvres en 1993 par La Légende des anges publiée par Flammarion. Parmi les trente-quatre ouvrages de Michel Serres (1930-2019), Anne Baudart ne cesse de poursuivre sans relâche ceux qu’elle aime le plus.

Une phrase

« Ecrire sur Serres est, certes, risquer de le manquer. Tous les Éclaircissements ne sont pas parvenus à le figer, à le diluer, à bloquer l’envol de sa pensée, ou freiner le mouvement de sa pensée…Seule la mort enserre dans l’immodifiable. Seule elle enferme et à jamais. La victoire de la mort consiste à faire taire à jamais le jaillissement. Que peut-on alors contre elle ? Se méfier de son emprise ? Refuser qu’elle gagne définitivement la partie, la tenir à distance, sans fin la surveiller mais comment ?» p. 10 et 11

L'auteur

Anne Baudart, agrégée de philosophie, professeur de chaire supérieure, enseigne à Sciences Po Paris. Elle est l’auteur, notamment, de Socrate et Jésus (Editions Le Pommier, 1999 ; réédité en 2018, 18 euros ).

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