LE CASINO CLIMATIQUE

Le changement climatique, vu par un analyste chevronné : un ouvrage de fond toujours utile mais... qui date de cinq ans
De
William Nordhaus
Editions De Boeck Supérieur
352 p. 24.90€
1ère édition en français, traduit de l’anglais par Jérôme Duquène et Françoise Rajewski
Notre recommandation
3/5

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Thème

C’est probablement l’attribution à William Nordhaus du prix Nobel d’économie en 2018 qui a conduit l’éditeur de BOECK (Louvain La Neuve, Belgique) à publier cette année 2019 un ouvrage datant de 2013 ; le lecteur doit donc conserver à l’esprit ce décalage dans le temps en parcourant cet opus. Il s’agit en effet d’une somme dédiée au changement climatique –sujet oh combien d’actualité- dont notre auteur est un analyste chevronné, ce qui explique son prix Nobel. On ne s’étonnera donc pas de n’y trouver aucune référence aux fameux accords de Paris, comme à la position du Président Trump sur cette question.

Points forts

Nordhaus décrit bien la problématique du changement climatique, telle qu’elle ressort des travaux du GIEC, le groupe de l’ONU chargé de suivre cette question. Il le fait avec un souci d’exhaustivité remarquable et une capacité de vulgarisation qui rend l’ouvrage accessible à un large public.

Il le fait aussi en économiste, en proposant les solutions (taxe carbone ou système de plafonnement et d’échange) les moins coûteuses en terme de PIB.

Il passe en revue tous les obstacles à une maîtrise mondialement homogène et coordonnée du réchauffement, en déplorant le manque de coopération internationale sur ce sujet qu’il considère pourtant comme critique.

Enfin, l’auteur n‘est pas absolutiste, en ce sens qu’il ne nous menace pas d’une catastrophe imminente et qu’il fait état de sérieuses inconnues quant aux conséquences à long terme du phénomène.

Quelques réserves

Nordhaus ne discute pas le postulat de base du « réchauffisme », à savoir le lien entre les rejets de gaz à effet de serre (CO2, méthane,…) et l’augmentation de la température du globe. Il a même tendance à disqualifier les scientifiques –et il en existe- qui contestent cette liaison directe.

Le conditionnel est de rigueur dans l’exposé des conséquences potentielles du réchauffement, au delà des cinquante prochaines années sur lesquelles notre auteur n’est guère alarmiste, à telle enseigne que le lecteur peut, à bon droit se demander si tout ce remue-ménage climatique est véritablement justifié.

Enfin, Nordhaus est américain, professeur à Yale, et s’étend peu sur les autres régions du monde qui ont vis-à-vis du carbone des attitudes très disparates : un litre d’essence en Europe est un peu plus coûteux que le même produit aux Etats-Unis !

Enfin la structure internationale (supranationale ?) qu’il appelle de ses vœux pour gérer la lutte contre le réchauffement est bien loin de se matérialiser.

Encore un mot...

Une somme bien utile pour ceux qui veulent comprendre mieux une problématique centrale dans le paysage politique contemporain.

Une phrase

« L’analyse indique que la meilleure approche de la prévention de « perturbations dangereuses » du climat est en fait simple d’un point de vue économique (…) Ces politiques peuvent être mises en œuvre soit par une taxe soit par une limite d’émissions échangeables. Bien que ces deux mécanismes ne soient pas identiques chacun peut cependant, s’il est bien conçu, réduire les émissions afin d’atteindre les objectifs environnementaux ; procurerait aux Etats de précieux revenus pour financer les services publics et réduire d’autres taxes ; et, ce faisant, améliorerait plutôt qu’il ne freinerait l’efficacité économique. Une fois n’est pas coutume, la bonne solution est une solution simple. » (page 254)

L'auteur

Attributaire du prix Nobel d’économie en 2018, avec Paul Romer, spécialiste des externalités, pour ses travaux sur le réchauffement, William Nordhaus est professeur à l’université de Yale aux Etats-Unis. Il est l’auteur d’ouvrages économiques de base. Sa théorie des cycles politico-économiques est reconnue, comme ses travaux sur l’économie de l’environnement.

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