Le Crépuscule de la France d'en haut

Moins bon pour le haut que pour le bas
De
Christophe Guilluy
Editions Flammarion
Notre recommandation
2/5

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Thème

Avec le crépuscule de la France d’en Haut, Il reprend la plume pour enfoncer le clou et caractériser une opposition entre cette “France périphérique“ qui souffre et la nouvelle bourgeoisie (bobo) de droite comme de gauche, qui bénéficie à plein de la mondialisation, proclame son engouement pour une société multiculturelle qu’elle ne vit pas du fait des “frontières invisibles“ et se concentre dans les métropoles, citadelles dont sont chassées les classes populaires. Guilluy stigmatise l’idéologie véhiculée à son profit par cette nouvelle classe dominante : brouillage de classes, dénonciation des riches par les riches, antifascisme utilisé comme arme…

Quant aux classes populaires laissées pour compte, elles sont en phase de “marronnage“, comme les esclaves fugitifs autrefois ; sédentarisées, avides de transferts sociaux, elles baignent dans une contre-culture souverainiste, recentrées sur le village et les solidarités locales. Elles n’accordent plus aucun crédit aux classes dominantes.

Points forts

Avec la montée des populismes en Europe, le succès de Trump aux Etats Unis, l’ouvrage apporte une analyse utile à la compréhension de ces phénomènes. En montrant que le concept de classe moyenne, qui regroupait “2 français sur 3“ pour V. Giscard d’Estaing dans les années 70, a volé en éclat, il caractérise assez bien cette France périphérique et sa culture, repliée sur elle-même, paupérisée, qui forme les gros bataillons du vote protestataire.

Sa vision de la nouvelle bourgeoisie, habile à brouiller les marques et toute d’hypocrisie, ne manque pas non plus de sel.

Quelques réserves

- En attribuant les causes de cette évolution à la loi d’un marché mondialisé, Guilluy, homme de gauche, ne fait guère preuve d’originalité ; on est plus dans l’axiome que dans le théorème.

- La pertinence du propos aurait été renforcée par quelques comparaisons internationales; il est vrai que le souverainiste voit plutôt midi à sa porte.

- Le ton de l’ouvrage est inégal : exaspéré dans les premiers chapitres, polémique dans la suite, réfléchi sur la fin. La lecture n’en est pas facilitée.

- Les concepts sont assez mal définis : pour identifier la “France périphérique“, il est conseillé au lecteur d’être un spécialiste de l’algèbre de Boole. Le style est souvent brouillon.

Encore un mot...

Au cœur d’une problématique majeure, un livre inégal, confus, dont on pourra aisément se passer en lisant, avec profit, les longues interviews données par l’auteur à plusieurs organes de presse...

L'auteur

Géographe de 51 ans, Christophe Guilluy doit une certaine notoriété à la publication d’analyses mettant en évidence la paupérisation des classes moyennes et populaires, comme conséquence de la mondialisation et de la loi du marché. Avecfractures françaises (2010), puis surtout La France Périphérique (2014), il montre le désarroi de la part de la population française qui demeure à l’écart ou victime de la mondialisation.

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