Le français parlons-en !

Un essai philosophique et historique d’une écriture élégante mais peu de propositions concrètes concernant l’avenir du français et de la francophonie
De
Boualem Sansal
Le Cerf
Parution en septembre 2024
192 pages
19,00 €
Notre recommandation
2/5

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Lu
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Thème

Boualem Sansal revient dans cet essai sur ce qui lui tient très à cœur depuis longtemps: la langue française. Il s'interroge sur ce qu'elle est : une religion, une bataille perdue ou une grande victoire ? Il traite ce beau thème à sa façon toujours un peu torturée, reconnaissons-le.

Ce texte à l'occasion voltairien, souvent masqué, se veut résolument polémique, un peu excessif donc et à la recherche d'un Graal introuvable.

Essentiellement philosophique et historique, cet essai laisse de côté les propositions concrètes qui pourraient faire avancer la problématique du français et de sa sœur la francophonie.

Points forts

  •  L'auteur montre à juste titre que là où la volonté de puissance fait défaut, le déclin prend le dessus. Il a raison. Depuis de nombreuses années, l'énergie française manque. Il est cependant peu probable que le monde francophone puisse à lui seul prendre le relai.

  • Boualem Sansal souligne après tant d'autres essayistes, la scandaleuse médiocrité d'une partie du personnel politique. Aussi a-t-il du mal à comprendre (comme nous) que le pays des Lumières ait pu accueillir dans l'ensemble une immigration de bas niveau et un islam trop souvent archaïque.

  • Il n'hésite pas à déclarer que dans cette France en déclin, il y vit pourtant heureux.

Quelques réserves

 Plus d'une fois il est un peu trop sévère pour cette France qu'il aime.

Il manque assurément dans ce plaidoyer des propositions concrètes qui permettraient justement de réenchanter le monde en français. Le polémiste qu'il est se laisse trop souvent emporter par une pensée creuse, comme par exemple dans cette citation: "Les éclaireurs ne sont plus légions dans le monde. Combien sont-ils en France ? Un...deux...plus ?” (P. 48). 

De tels propos ne sont ni spécialement convaincants ni réalistes.

Encore un mot...

Honnêtement, il est difficile de partager la démonstration parfois bien floue de l'essayiste. On eût aimé qu'il fût plus rigoureux dans ses propos qui profitent cependant d'un style fort agréable.

Il suffit de comparer ce livre à ceux d'un Edouard Glissant ou encore à l'opus majestueux d'Alain Borer De quel amour blessée. Réflexions  sur la langue française pour se rendre compte de la légèreté de cet essai. L'auteur nous avait jusque-là habitués à une musique bien meilleure.

Une phrase

" Tout humanisme comporte un élément de faiblesse qui tient à son mépris du fanatisme, à sa tolérance et à son penchant pour le doute, bref, à sa bonté naturelle et peut, dans certains cas, lui être fatal" Thomas Mann. (P.14)

L'auteur

Haut fonctionnaire d'origine algérienne, Boualem Sansal après un parcours scientifique d'enseignant chercheur a entamé une carrière littéraire en langue française. Plusieurs de ses romans, nouvelles et essais ont été primés, notamment son roman 2084: la fin du monde Grand Prix du roman de l'Académie française 2015. Citons également Le Village de l'Allemand sous-titré Le Journal des frères Schiller (2008) où il établit un parallèle fort juste entre le nazisme et l'islamisme.

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