Le mal français n'est plus ce qu'il était

De
Alain Minc
Editions Grasset
Notre recommandation
3/5

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Thème

Le titre fait référence, bien évidemment, au livre de l'ancien ministre de l'information, Alain Peyrefitte, paru en 1976, "LE MAL FRANCAIS", ce mal qui perdure et s'amplifie au son du tam-tam médiatique dont on nous rebat les oreilles quasiment tous les jours. Sauf que, parait- il, ce n'est plus le même :

Autant Peyrefitte, assez visionnaire, il faut le reconnaître, prédisait le déclin de la France en mal de grandeur gaullienne et vilipendait un peuple de Français assistés, donc démotivés, une administration tatillonne et incompétente et un Etat hyper dirigiste, autant Minc voit dans notre pays et son environnement des raisons de croire à son redressement. La preuve en est, d'après lui, dans le goût d'entreprendre, traduit dans les faits, des Français, notamment dans les domaines technologiques et numériques, l'art , la musique, la gastronomie, etc.

Mais, dit Alain Minc, il faut traiter, en urgence, deux maladies qui nous sont propres :   la perte de nos "utopies" et notre individualisme acharné. Nous ne sommes plus que "des individus-atomes", des "agrégats instables" dénués de solidarité, ayant un mode de consommation et un comportement qui s'individualisent de plus un plus sous le joug de la communication numérique et sous prétexte de liberté (cf. cette ouverture inspirée des USA vers les vacances à la carte) ou de flexibilité.

Face à cette atomisation et à notre perte de repères, que reste- il pour nous réunir, redonner un sens collectif à notre existence ? La famille? éclatée. La religion ? souvent trop d'excès. Le syndicalisme? impuissant. L'associatif ? sans moyens !

Non, il nous reste un grand rêve , une "UTOPIE" comme le dit si bien Alain Minc : L'EUROPE. Suit un long plaidoyer en faveur d'une Europe que, dit l'auteur, le monde entier nous envie et qui fait que nous sommes toujours debout. D'ailleurs l'Europe a fait ses preuves  : une paix durable, une monnaie stable, un modèle de démocratie, ce n'est pas rien. Oui, affirme Alain Minc, nous pouvons être fiers de L'Europe et elle ne fonctionne pas si mal. Arrêtons d'en faire le bouc émissaire de nos désillusions  et de notre impuissance.

Points forts

Clarté dans la conceptualisation, concision dans l'argumentation, optimisme raisonné, conviction passionnée... Alain Minc ne cache pas ses opinions et sait faire entrer le lecteur dans le grand débat de société d'aujourd'hui, à partir d'un diagnostic bien posé. 

D'accord ou non avec la solution "utopique" de l'auteur du fameux "10 jours qui ébranleront le Monde" (2009), cet essai force à la réflexion et sans doute contribuera à orienter nos engagements futurs.

Quelques réserves

Peu d'idées nouvelles, plutôt un plaidoyer pour l'Europe et une prise de position politique fréquemment relayée par les médias, un condensé de réflexions illustrées trop rarement par des jolis mots ou métaphores ( "l'efflorescence"...). Une approche de solution que certains trouveront trop  sommaire (Le Net , les nouvelles technologies...) pour jeter les bases d'un nouveau contrat social contrecarrant la poussée de l'individualisme et de l'égoïsme ambiant.

Un langage technique bien digne de ce brillant énarque mais qui risque de rendre cet essai peu accessible pour les non familiers de la chose économique (l'Etat, c'est "l'ingénieur de la réalité").

Encore un mot...

Le fruit d'une intelligence nobélisable mariée à une sensibilité technocratique.

L'auteur

Alain Minc, 69 ans, est un des plus brillants économistes, essayistes , conseillers politiques de sa génération. Il collectionne les diplômes (Mines, Major de L'E.N.A, Inspecteur des finances), les titres (Commandeur de la légion d'honneur...), y compris les titres de gloire (un des sauveurs de Saint Gobain contre certains prédateurs), les jetons de présence ....et les relations politiques.

Habile et persuasif, il fréquente assidument les allées du pouvoir en sentant le vent tourner. Actuellement, il milite activement pour le grand retour d'un Ex et inspire largement son programme économique, ce que certains de ses anciens amis politiques lui reprochent amèrement.

Hyper actif et doué d'ubiquité, il n'est, bien sûr, pas à l'abri de certaines avanies comme lorsqu'il a été contrain, après 6 ans de services, aux côtés de J.M. Colombani, de quitter sans gloire la Présidence du Conseil de Surveillance du Monde, ou comme lorsqu'il lui est arrivé de faire perdre de l'argent à ses commanditaires chefs d'entreprise. L'erreur est humaine et il assume.

 Alain Minc a publié, avec son MAL FRANCAIS , son 36e ouvrage. Ses essais, études, biographies, à défaut d'atteindre des tirages à la Zemmour (et très loin de là) ni même ceux des livres de Jacques Attali, font à chaque fois le bonheur des salles de rédaction.

Commentaires

Jacques Martin
ven 14/11/2014 - 08:08

Connais-t-on le nom du nègre qui a écrit ce pensum ?

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