Le monde selon Adam Smith. Essai sur l'imaginaire en économie

Une approche originale pour mieux comprendre la pensée d’un fondateur essentiel de l’économie libérale
De
Anders Fjeld - Matthieu de Nanteuil
PUF
Septembre 22
250 pages
22 €
Notre recommandation
4/5

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Thème

La pensée d’Adam Smith (1723-1790, écossais), auteur de  la Théorie des sentiments moraux (TSM) et Enquête sur le nature et les causes de la richesse des nations (RDN). Les auteurs rappellent les termes du «problème d’Adam Smith» : comment concilier le moraliste de la TSM, qui critique la richesse, et l’économiste de la RDN, qui en promeut le développement ? Comment Smith passe-t-il de la moralité à l’utilité, de l’éthique à la politique ?

L’imaginaire  d’Adam Smith s’organise en  quatre scènes. 

La première concerne «la richesse, une illusion excitante». Selon les auteurs, la pensée de Smith évolue sous l’effet de l’essor de la révolution préindustrielle traversée par l’Angleterre entre 1759, date de publication de la TSM, et 1776, qui voit paraître la RDN.  Entre ces deux dates, la richesse n’est plus «un symbole de vanité», mais un «pouvoir structurant», une «force sociale» au service de la révolution industrielle. 

La deuxième scène est celle du «travail, un théâtre muet». Dans la RDN, la production manufacturière est «la colonne vertébrale de la théorie sociale». Il étudie la méthode de production de la manufacture d’épingle de Laigle en Normandie (citée dans l’Encyclopédie de d’Alembert), et il pose les bases de l’économie du travail. Il considère comme «inéluctable» la division du travail qui résulte d’une «rationalité non intentionnelle du capital» et établit «une régulation mécanique des échanges», qu’il oppose aux pratiques artisanales imposées par les corporations. 

La troisième scène est celle de «la colonie, une modernité vierge». Comme ses contemporains, Smith perçoit dans les colonies la promesse de «réinventer l’Europe sur des bases nouvelles», les colons incarnant la modernité et l’avènement de «rapports sociaux plus égalitaires». Il critique le statut de l’esclavage en démocratie, mais en justifie l’existence par un calcul d’utilité. 

La quatrième scène couvre «le commerce source d’émancipation universelle». Il préconise la création d’une «Union fédérative entre l’Empire et ses colonies», unie par la «main invisible des marchés», et le développement d’un «vaste commerce entre tous les pays du monde». Smith perçoit dans ce système la possibilité pour «l’Europe de s’affranchir d’elle-même».

Points forts

Une interprétation originale et crédible de la pensée d’Adam Smith.

Quelques réserves

Les auteurs sondent  les origines mais négligent la postérité  de sa pensée.

Encore un mot...

Bonne argumentation pour montrer que la pensée d’Adam Smith, fondateur de l’économie libérale, reflète les idées de ses contemporains du Siècle des Lumières, notamment Hume, Turgot, Gournay, Quesnay et Rousseau.

L'auteur

Anders Fjeld est philosophe, enseignant-chercheur à Kulturacademiet, chercheur associé à l’Université Paris-Diderot . 

Matthieu de Nanteuil est sociologue, professeur à l’Université de Louvain, auteurs de nombreux ouvrages.

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