L'Egoisme

Remarquable synthèse sur la crise de la société occidentale.
De
Dominique Lecourt
Editions Autrement
Notre recommandation
5/5

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Thème

Se référant à ses pairs, d’Aristote à Mathieu Ricard - j’ai décompté une cinquantaine de citations essentielles -, Dominique Lecourt s’interroge sur l’Égoïsme, « égoïsme de compétition » et « égoïsme d’indifférence », qui participe des fondements des sociétés humaines.

Dans le monde occidental, le christianisme, en imposant une vérité révélée, a, selon Dominique Lecourt, dépouillé l’individu, les jansénistes étant aller jusqu’à prôner la haine de soi. Les Encyclopédistes ont revalorisé cet individu. Les anarchistes ont choisi l’égoïsme intégral. Les démocraties ont installé l’individualisme de masse nourri d’égoïsme…Les échecs du socialisme ont renforcé l’ultra libéralisme, instituant la liberté individuelle en valeur politique suprême, dans un univers où la dynamique de l’échange commercial tend à se substituer à celle d’ordres institutionnels théologiquement fondés.

Quant est-il aujourd’hui de l’égoïsme ? Les « Nouvelles Technologies d’Information et de Communication » démultiplient la capacité d’expression de classes moyennes qui ne peuvent longtemps accepter l’avidité et le cynisme d’ultra-riches professant la détestation de l’Etat. Telle n’était pas la philosophie politique de l’aristocratie et de la grande bourgeoisie dont l’égoïsme intégrait responsabilités sociales et civiques.

Le discours politique va devoir trouver sa place dans une société organisée par le « Big Data », qui a vocation à réduire le rôle de l’individu à celui de « consommateur éclairé » sur un marché mondialisé. Dans cet environnement, générant une crise existentielle, les vaincus de la concurrence s’avèrent des proies faciles pour tout les fanatiques cherchant à embrigader les jeunes, notamment, dans des entreprises criminelles.

Points forts

Le plan thématique, retenu par le chroniqueur de presse, facilite la lecture et la compréhension de la réflexion du philosophe.

Quelques réserves

La richesse de la pensée de Dominique Lecourt impose une lecture attentive ! Mais est-ce vraiment un point faible ?

Encore un mot...

La lecture de cet essai vigoureux a contribué à m'éclairer sur nombre d'interrogations posées par l'observation des dérives, apparemment désordonnées, de nos démocraties.

Une phrase

Page 162 : «…, les plus belles réalisations du génie humain, porteuses d’une vie plus intense, plus libre et inventive, à la disposition du plus grand nombre, se révèlent chargées d’un potentiel mortifère au service de mises en scènes de plus en plus macabres."

L'auteur

Dominique Lecourt, auteur d’une œuvre philosophique considérable, normalien, agrégé de philosophie, professeur émérite des Universités, président d’honneur des PUF, est, aussi, contributeur régulier à La Croix. Parmi ses multiples talents, celui de chroniqueur transparait dans cet essai de philosophie morale.

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