L'empire du politiquement correct

Passionnant mais à oeillères
De
Mathieu Bock-Côté
Ed. du Cerf, 300 pages.

Notre recommandation
3/5

Infos & réservation

Thème

A contre courant des autres politologues du moment, Krastev, Mounk par exemple, et d'autres, « progressistes » à tous crins, que Mathieu Bock-Côté range dans le camp de ce qu'il appelle la gauche « diversitaire »,  il dénonce, non pas le populisme et ses dangers, mais au contraire ce qui, selon lui, sinon le produit, au moins l'attise: la pensée du politiquement correct que colportent le genre de penseurs précédemment cité, les politiciens, les chroniqueurs et experts reconnus  et validés par les  médias. 

Points forts

  • Ce livre a l'avantage de mettre en garde les démocrates: le débat doit être possible quelles que soient les opinions et elles doivent toutes avoir droit de cité et ne doivent pas être jugées nauséabondes simplement parce qu'elles expriment une angoisse ou une crainte de perdre certaines valeurs essentielles face aux évolutions politiques et sociétales.
  • Bock-Côté nous prévient aussi que la perpétuelle comparaison du populisme d'aujourd'hui avec les idées fascistes des années trente est le plus souvent contre productive car elle fait un amalgame entre des pensées et des situations qui sont assez différentes. 

Quelques réserves

  • Cependant Bock-Côté fait preuve d'un certain angélisme à propos de certains mouvements populistes ou réactionnaires, angélisme assez étonnant de la part d'un intellectuel aussi fin. On peut comprendre qu'être conservateur (ce qui est n'est pas la même  chose qu'être réactionnaire) ne soit pas nécessairement une tare, que la diabolisation à outrance de certains mouvements populistes pose un problème grave de malhonnêteté intellectuelle, surtout lorsqu'on ne veut pas voir que d'un autre côté certains courants qui se veulent « progressistes » portent en réalité des valeurs xénophobes et sectaires, oui tout cela on peut certes l'entendre...peut-être est-il important de rétablir un équilibre... mais de là à donner une image aussi positive de Donald Trump (pour ne citer que lui)... Bock-Côté ne tomberait-il pas parfois dans les vices qu'il dénonce au cours de certaines réflexions de ce livre ? L'honnêteté intellectuelle doit être à double sens.

Encore un mot...

Point de vue qui n'engage évidemment que moi: la leçon de ce livre, prenons mieux en compte les craintes de certaines parties de la population qui ne suivent pas aussi naturellement que ça les changements sociétaux sans pour autant être les représentantes d'un fascisme dangereux; de plus attendons de nos médias un peu plus d'informations objectives avec moins de commentaires partiaux et la démocratie ainsi que la liberté d'expression ne s'en porteront que mieux.

Une phrase

« Le conservateur n'entend pas négocier la modernité - à tout la moins, il sait que la chose est impossible et sait s'y résoudre, même si ce n'est pas toujours de bon coeur. (...) Son aspiration est plus modeste et fondamentale: Il entend civiliser la modernité, la contenir et lui rappeler qu'elle peut abimer l'être humain en prétendant le libérer. » 

L'auteur

Docteur en sociologie, chroniqueur au Figaro notamment, Mathieu Bock-Côté est l'auteur de nombreux ouvrages parmi lesquels la « Dénationalisation tranquille » ou encore le « Multiculturalisme comme religion politique ». 

Ajouter un commentaire

Plain text

  • Aucune balise HTML autorisée.
  • Les adresses de pages web et les adresses courriel se transforment en liens automatiquement.
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.

Ils viennent de sortir

Essais
Suite orphique
De
François Cheng, de l’Académie française postface de Daniel-Henri Pageaux