L’Epopée des croisades

Pour éviter de trop fréquents contresens historiques
De
René Grousset
Editions Perrin/Tempus - 321 pages
Notre recommandation
5/5

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Thème

René Grousset nous entraîne depuis la prédication du Pape Urbain II en 1095 jusqu’à la destruction, en 1291, de l’ultime bastion de ce qui avait été le royaume franc d’Orient. Presque deux cents ans d’histoire de ces français partis en pèlerinage pour sauver Jérusalem. Neuf croisades décrites avec clarté et passion par un immense spécialiste tant de l’orient que de l’occident. Il éclaire ces expéditions successives, souvent européennes,  de manière à nous faire mieux comprendre les enjeux et le contexte de l’époque. Presque mille ans après, ce moyen orient demeure toujours aussi fascinant et douloureusement complexe.

Points forts

1 -  Ecrites en 1936, ces trois cents pages passionnantes décrivent ces expéditions menées dans un élan de foi difficilement compréhensible en nos temps si fortement déchristianisés. 

La religion de leurs adversaires ne préoccupait guère ces croisés du XIème siècle. Ils partaient combattre des « infidèles », ou des « païens », et voulaient libérer le tombeau du Christ pour que les pèlerins y aient accès. Le terme de « croisades » n’apparaît que tardivement dans l’histoire.

2 – Le  tableau de René Grousset est clair : depuis le début de la christianisation de l’Europe, des pèlerins partaient pour Jérusalem, dans une démarche initiatique uniquement mue par la foi. Ces lieux étaient sous la domination des Arabes Abbassides. Ceux-ci furent conquis en 1071 par les Turcs Seldjoucides, qui interdirent dès lors l’accès aux chrétiens. Les expéditions débutèrent à l’initiative du Pape, mais répondirent aussi à une demande de l’Empereur de Byzance, inquiet des tentatives hégémonistes des Turcs.

3 – On enseigne peu ou pas cette période, c’est dommage, car l’histoire d’une Europe, capable de s’unir, pour rassembler la fleur de sa jeunesse et l’envoyer sur les routes dangereuses, depuis Byzance jusqu’en Irak, à la seule fin de délivrer le Tombeau du Christ est passionnante. 

Depuis Godefroy de Bouillon, unanimement célébré, jusqu’à Saint Louis, qui passa quatre années sur place, on croise dans ce livre, Aliénor d’Aquitaine, Richard Cœur de Lion, Frédéric Barberousse, Philippe Auguste et bien d’autres souverains. 

4 – La vivacité et la simplicité du style fait revivre cette épopée, puisant aux sources de toutes les chroniques de l’époque, avec la naissance des grands ordres, Templiers, Hospitaliers, Teutoniques…

5 – J’ai aimé l'ouverture d’esprit de René Grousset envers tous les protagonistes, qu’il s’agisse des Francs catholiques, des Byzantins orthodoxes, des Turcs musulmans. Il déplace son point de vue, décrivant sans complaisance les  actes des uns et des autres et donne une vision déjà très actuelle des querelles internes qui opposaient les communautés chiites et sunnites.

6 – Son regard lucide, parfois tendre, sur les protagonistes. J’ai particulièrement aimé la triste trajectoire de Beaudouin III, fils d’une arménienne et d’un franc, qui, étant né sur place, était parfaitement intégré et respecté. Il fut à la fois sage et vaillant en dépit d’une lèpre qui le ravageait et dont il mourût à 33 ans, honoré par tous, musulmans et chrétiens.

7 – J’ai beaucoup apprécié le portrait éloquent du grand Saladin, dont la cruauté n’avait d’égale que son caractère chevaleresque, comme lors de la prise de Jérusalem, où il organisa la complexe sortie des chrétiens qui souhaitaient périr sur place plutôt que de quitter la ville.

8- René Grousset démontre aussi clairement que ce ne fut pas seulement une période de massacres et de haine, mais qu’elle ouvrit la voie à de nouveaux royaumes, à des alliances et même  à des mariages et des naissances entre chrétiens et musulmans. 

Quelques réserves

Je n'en vois pas.

Encore un mot...

J’ai appris beaucoup de choses en lisant cet ouvrage passionnant, objectif, qui dépeint une époque lointaine où le courage dominait dans les vertus humaines, que ce soit en orient ou en occident. Ce livre n’a cessé d’être republié depuis 1936 ; il demeure, fort justement, la référence en la matière.

Une phrase

« Quand Louis IX, rappelé en France par la mort de la régente, sa mère, s’embarqua à Saint-Jean d’Acre le 24 avril 1254, il avait donc dans tous les domaines, au point de vue de la cohésion intérieure, comme de la situation diplomatique du pays, opéré dans la Syrie franque un redressement qui n’est pas un de ses moindres titres à notre admiration. » (page 297)

L'auteur

René Grousset (1885-1952), qui fut membre de l’Académie française, est toujours considéré comme le plus grand historien de l’Orient proche et extrême. Il écrivit de multiples ouvrages sur ce thème et publia, en 1936, cette Epopée qui résumait trois gros volumes écrits antérieurement : « Histoire des croisades et du royaume franc de Jérusalem ».

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