Les eaux troubles du mojito

De
Philippe Delerm
Editions du Seuil
Notre recommandation
4/5

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Thème

Il suffit de regarder, sentir, écouter tout autour de nous, chaque jour, pour découvrir toutes les belles raisons d'habiter sur terre et de nous laisser submerger par les vagues du bonheur. 

Pour Delerm, un rien suffit à notre félicité , une hirondelle fait le printemps, du dérisoire surgit l'exceptionnel, partout "il pleut de la lumière". On l'aura compris, dans "Les Eaux Troubles", la poésie est partout.

D'abord dans un verre justement , ce fameux "Mojito", ce cocktail à la fois opaque et transparent, qui, bien au delà du goût (la menthe),  vous invite à plonger, à vous embarquer vers des fonds sous marins. "C'est tellement pervers, tellement trouble"(sic). Tremper  ses lèvres c'est "nager toutes les transgressions, s'abimer, descendre..."et là soudain ...monte le plaisir . C'est la sensualité, non, la sexualité, selon Delerm.

Autres tableaux, plus charmants, plus rustiques, plus Jules Renard, l'idole de l'auteur; exemple, "la Brocante d'un jour" : on peut papoter, échanger, partager une collation avec ses voisins d'achalandage...une fois par an ; car ces vide greniers, en réalité, ce ne sont que des "entre soi", simplement des moments délicieux de convivialité. Le chaland ? On s'en fiche ! On remballera dans la bonne humeur.

Ainsi, de page à page, à peine plus, au fil de l'eau, Delerm distille, avec son écriture aérienne, fluide, une quarantaine de scènes familières et nous invite à partager ses émotions fugaces qui, mises bout à bout, nous font (ou devraient nous faire) aimer la vie: "Un guignolet ou rien", "Le Metro...pour s'aimer", "La Marque jaune avec Blake et Mortimer";  en commençant par le "Mensonge de la pastèque" "qui s'offre mais qu'on ne possède jamais". Quel troublant érotisme !

Entre Nostalgie et Sensualité, Philippe Delerm fait sienne l'aphorisme de l'auteur de Poil de Carotte , mis en exergue de l'ouvrage : "Le vrai bonheur serait de se souvenir du présent".

Points forts

1/ Un courant d'optimisme littéraire qui passe... littéralement. On a envie d'y croire et on sourit souvent, ce qui ne gâte rien.

2/ Une verve poétique , un art de la concision et une pensée qui rejoignent certains grands classiques, de Chateaubriand à Théophile Gautier :  pour le premier, "Le Bonheur coûte peu, s'il est cher, il n'est pas d'une bonne espèce"; pour le second : "Le bonheur tient à 3 choses : un beau soleil, une femme ... et un cheval"!

3/ C'est très, très bien écrit.

Quelques réserves

1/Intérêt variable des situations mises en scène; et même, incrédibilité de certaines: comment peut on éprouver du bonheur en sortant d'une réunion de copropriétaires ?

2/Une certaine redondance par rapport à "La Première Gorgée".

Mais ce sont des bémols très "minuscules"...

 

Encore un mot...

Voilà un vademecum de philosophie pratique" Pour les Nuls". Très bon parce qu'aussi très bref.

Une phrase

"Le silence à deux, c'est le bonheur"

L'auteur

Philippe Delerm, ancien professeur de lettres, publie avec cet essai en quête du bonheur, son cinquantième ouvrage au moins, et tout confondu : essais, poèmes, romans , ouvrages pour la jeunesse.

 "Les Eaux troubles du Mojito et autres belles raisons d'habiter sur terre" s'inscrit en droite ligne de "La première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules", succès d'édition phénoménal avec 1,5 millions d'exemplaires, paru il y a 18 ans déjà.

En dehors du prix des Libraires pour "Sundborn", en 1996, point de prix littéraire mais une solide réputation d'inventeur d'une nouvelle écriture du quotidien, voire du banal, et d'un genre littéraire qu'il partage avec Eric Holder notamment : le minimalisme positif.

Il est aujourd'hui directeur de la collection "le goût des mots" chez Points/Le Seuil

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