Les écrivains sous les drapeaux, Cinq jours avec les régiments des Troupes de marine

Dix-sept écrivains tissent un recueil riche et composite de l’« esprit colo » des Troupes de marine
De
Dix-sept écrivains, préface de Nicolas Diat, postface du général d’armée Pierre Schill, chef d’état-major de l’armée de Terre.
Fayard, Collection Promenades singulières
Parution le 2 novembre 2022
450 pages
24 euros
Notre recommandation
4/5

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Thème

Dans la foulée du livre Trois jours et trois nuits consacré à l’abbaye de Lagrasse, maison d’hôtes pour treize écrivains échappés hors du temps, les éditions Fayard prolongent l’expérience avec quatre volontaires de plus, triés sous le treillis, partis « plume au poing » jeter l’encre, durant cinq jours pleins, sous le signe de l’Ancre d’or. La magie de l’aventure, l’écoute des confidences, la bonne humeur des solides unités fondent la fierté d’une jeunesse assumée et d’une armée de Terre fière de ses prestigieuses Troupes de marine. 

En passant du goupillon des moines au sabre colonial, douze hommes et cinq femmes de plume vont vivre l’action sous l’uniforme, en métropole comme outre-mer. L’ouvrage livre en 450 pages un regard mosaïque, dépaysant et enthousiaste sur autant d’unités emblématiques. Cette arme originale, peuplée de « marsouins » et de « bigors », née il y a 400 ans dans le sillage des vaisseaux conquérants de notre dessein colonial, poursuit son rêve, de Bazeilles à Tombouctou et de la Guyane au Pacifique, partout où la France œuvre et combat à l’échelle du monde.

Points forts

Juger cette somme d’impressions contrastées sur le monde militaire requiert de la part d’un vieux frère d’armes d’être honnête avec une confrérie réputée pour le brillant de ses élites, sa culture bigarrée et un penchant pour la fierté assumée, parfois tentée par le péché d’orgueil.

Au contraire, ce qui ressort de ces pages qui embrassent le spectre de la vie des « soldats de marine », c’est l’unicité du sens, le sens profond du service, la quête de l’autre, la fraternité active des cultures et des hommes, l’alliance de la maîtrise décontractée du métier et la rigueur exigeante de la mission, quitte à devoir parfois user de facétie et de débrouillardise pour la remplir.

Ce qui émerge aussi, c’est la diversité des regards d’écrivains sortis de l’ombre solitaire de la page blanche ; ce sont des témoins accueillis pour vivre et comprendre une autre vie que la leur ; c’est une plongée tonifiante dans le dépaysement rustique, la poussière chaude ou l’eau glacée du terrain ; ce sont cent variantes de tempéraments, de missions, d’exaltations, de bonjours polis adressés à la mort au pied du mât des couleurs, la peine émue de l’adieu au frère des moments terribles, le culte franc de l’amitié « soudée à la flamme de l’épreuve », le sentimentalisme poivré du chant à la popote, tous confrontés au quotidien des servitudes de la routine et des moyens comptés.

Quelques réserves

Même si la nouveauté de l’expérience pour la plupart des écrivains perce dans les propos d’intensité variable d’un auteur à l’autre, la trame commune et singulière de « l’esprit colo » tisse un recueil riche et composite.

Encore un mot...

A l’instar de Charles de Foucauld qui lui désigna Dieu en personne* comme saint patron ou de Lyautey, admirateur de « l’arme de toutes les abnégations et de tous les sacrifices », le lecteur, une fois le livre refermé, aura fait un beau voyage en humanité vraie, dans le « bureau à ciel ouvert » d’hommes et de femmes humbles, auprès de ceux qui aiment les racines oubliées et les horizons lointains de l’histoire de France.  

* « Et au nom de Dieu, vive la Coloniale ! »

Une phrase

- J’adore avoir l’occasion d’être fière de mon pays (p. 91).

- « Si je suis là, c’est parce que vous êtes la première personne à me dire non » (p. 94).

- On ne choisit pas ses ennemis, ce sont eux qui nous désignent à leur vindicte (p. 140).

- La mélancolie de l’ailleurs imprègne l’imaginaire de ces hommes et de ces femmes (p. 172).

- L’acronyme, c’est l’uniforme de la langue (p. 228).

- La paix n’est toujours qu’une guerre évitée (p. 316).

- « Mais enfin, monsieur l’écrivain vient de la métropole ! » (p. 377).

- Ils se passent le relais du courage et de l’honneur. Ils se transmettent des histoires, des valeurs, le goût de servir et l’envie de se dépasser. Ils se respectent. (p. 426).

 

L'auteur

Adélaïde de Clermont-Tonnerre, Antoine Compagnon et Jean-Christophe Rufin, tous deux de l’Académie française, Laurence Debray, Etienne de Montéty, Pascal Bruckner, Jean-René Van Der Plaetsen, Franz-Olivier Giesbert, Marine de Tilly, Frédéric Beigbeder, Katell Faria, Thibault de Montaigu, Patrice Franceschi, Louis-Henri de La Rochefoucauld, Jean-Luc Coatalem, Laetitia de Witt et Arnaud de La Grange totalisent plusieurs dizaines d’ouvrages, romans, récits, essais,...

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