Les Institutions invisibles
Parution le 4 octobre 2024
316 pages
23,50 €
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Thème
Les Sociétés ne fonctionnent pas sans un ensemble d’éléments fondateurs, non écrits, généralement admis par la collectivité. Pierre Rosanvallon s’efforce d’en caractériser trois: la confiance, l’autorité et la légitimité qu’il baptise du vocable d’Institutions invisibles. Il retrace l’histoire longue de ces concepts, avec des pages sur l’Empire romain, leur évolution dans le temps; il analyse leur perception dans la société contemporaine, et s’interroge sur l’issue de la crise qui les affecte ainsi que sur les perspectives d’avenir.
Points forts
Le sujet est intéressant, voire actuel ; la crise de l’autorité, par exemple à l’école, la crise de la confiance, par exemple vis-à-vis de la classe politique, le procès en légitimité des détenteurs du pouvoirs, politiques ou dans l’entreprise… Mais Rosanvallon ne traite pas vraiment ces sujets sous l’angle de l’actualité. Il mène une réflexion en profondeur sur ces concepts, qui emprunte aussi bien à la sociologie qu'à la philosophie.
On dit que l’auteur consacre près de six heures tous les jours à la lecture. Ceci transparaît évidemment dans cet ouvrage où la masse de références et de citations d’auteurs du même champ d’études est impressionnante. Ce vaste panorama permet de nourrir une vraie réflexion sur ces sujets qui sont capitaux pour l’avenir de nos sociétés, tout particulièrement en France qui constitue l’objet premier du livre.
Quelques réserves
L’auteur donne l’impression que ces concepts sortent tout droit de sa réflexion. Pourtant, qu’il existe des éléments qui fondent la vie des sociétés et sont admis par chacun de leurs membres est une idée aussi ancienne que la philosophie, même si elle n’a pas reçu ce nom d’Institutions invisibles. En 441 avant JC, un dénommé Sophocle n’avait-il pas caractérisé les agrapta onoma, les lois non écrites qui commandaient à Antigone de requérir une sépulture pour ses frères? Quant à la confiance, elle est depuis la nuit des temps consubstantielle aux activités financières; quel ministre des finances ne s’est pas plaint d’en manquer! Donc tout ceci n’est pas neuf.
Rosanvallon abuse du jargon sociologique qui torture la langue française; un verbe transitif requiert un complément; un adjectif n’est pas un substantif; le barbarisme n’est pas une facilité d’écriture .
Bien sûr, certains développements sont intéressants, l’apposition du pouvoir et de l’autorité… Mais, à force de nuancer et de relativiser le propos, notre auteur perd le lecteur dans les méandres de ses lectures. Le plan d’exposition retenu conduit à des répétitions qui le lassent, même s’il fait preuve de bonne volonté.
Enfin c’est très ennuyeux, pour un profit intellectuel au total assez mince.
Encore un mot...
Un ouvrage qui sera sûrement salué par la communauté intellectuelle, mais qui au fond apporte peu de choses à la compréhension de la crise que connaissent ces fameuses institutions invisibles.
Une phrase
Page 202, à propos de la confiance: « C’est dans le champ de la sociologie et de la science politique que sera en revanche positivement réintroduite et réinvestie la notion, avec la conceptualisation du « capital social » au premier chef. Mais cela conduira alors à la rendre effectivement caoutchouteuse. »
L'auteur
Professeur émérite au Collège de France, Pierre Rosanvallon est une figure clé du paysage de la sociologie française. Chantre de la « Nouvelle Gauche », apôtre de l’autogestion (L’âge de l’autogestion -1976) , membre de la CFDT, il a livré de nombreuses réflexions sur la démocratie et la question sociale.
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