Les lieux secrets du pouvoir. Histoire secrète et intime de la politique

Une autre histoire du véritable pouvoir. Une lecture distrayante
De
Sébastien Le Fol
Perrin
Publication le 21 août 2025
368 pages
23 €
Notre recommandation
3/5

Infos & réservation

Thème

Après Les lieux du pouvoir, Sébastien Le Fol récidive. Il réunit des journalistes, pour l’essentiel, qui, chacun, décrivent un lieu inconnu ou peu connu du public où des choses importantes se trament. Le lecteur peut ainsi améliorer sa connaissance de ces endroits où se prennent des décisions qui affectent sa vie quotidienne sans qu’il ait jamais l’occasion de s’y promener. Il dispose à cet effet de 20 monographies qui, selon les auteurs, tiennent aussi bien de la visite topographique que de la présentation historique ou de la notice technique.

Points forts

C’est à une lecture distrayante que Le Fol et ses co-auteurs nous invitent. Certaines notices sont allègres et réjouissantes, empreintes d’humour, d’autres vont agacer le goût des lecteurs pour l’espionnage ou le voyeurisme. Toutes proposent leur lot de petits secrets qui n’en sont pas vraiment et dont la divulgation ne va pas mettre la République en danger. 

La première série de monographies est politique: les auteurs nous entraînent dans les palais de la République, l’Élysée en tête, avec les atermoiements des Présidents de la République successifs pour choisir leur bureau, lourde tâche qui contraint le Secrétaire général du palais dans le choix du sien; c’est une décision éminemment politique d’ailleurs, car selon que cet éminent haut fonctionnaire est un conseiller privilégié du prince ou un instrument de contrôle, selon qu’il est face à une concurrence au sein du Secrétariat Général ou qu’il plane sur l’esprit du Président, sa stratégie d’installation peut en être affectée. 

Le lecteur erre également dans les interminables couloirs de Bercy, le ministère des finances, dont l’installation commence à vieillir : presque 40 ans déjà !

Il imagine aussi le ministre de l’Intérieur sous le portrait du commandeur : Clemenceau. Il risque un œil dans le bureau des ex-présidents que la République, bonne fille, leur attribue ad vitam aeternam.

Il est un peu déçu par le prosaïsme de la visite de l’antre de Le Pen, Montretout, qu’il s’attend à pouvoir comparer à la villa de la famille Adams, en moins drôle;

Quand F.O.Giesbert brosse un portrait enamouré de Marseille, on sent l’attirance des hommes du nord pour cette Méditerranée aux “rives d’or ensoleillées“

Plus avant dans l’ouvrage, le lecteur apprend la couleur des murs de la DGSE, sans plus en savoir sur ses activités essentielles, pas plus d’ailleurs que celles de la DGSI, installée sur l’emplacement du Vel d’Hiv. de triste mémoire. 

Les autres vignettes tiennent plus de l’Histoire comme celle qui présente les Goncourt, celle qui décrit le Grand Orient, temple de la Franc-Maçonnerie, ou la Légion d’Honneur en son Hôtel de Salm, ou de l’actualité, comme la description de la crise de Sciences-Po, celle de la Grande Mosquée de Paris…

D’autres enfin sacrifient à la mondanité qui va titiller la vanité du lecteur, étrange paradoxe dans un pays aussi pétri d’égalitarisme : l’ordonnance des défilés de mode, celle du cocktail de Gallimard ou encore l’affectation des tables chez L’Ami Louis, ce restaurant hors de prix qui rassemble les puissants et les touristes - riches - et sert d’immenses portions de foie gras à des gens qui passent l’année à surveiller leur ligne: autre étrange paradoxe !

Quelques réserves

Au-delà de l’hétérogénéité des vignettes, c’est parfois la différence de ton qui peut gêner le lecteur. Certaines sont drôles, d’autres frisent la note administrative. 

Surtout toutes ont un caractère purement descriptif. Aucune n’émet réellement de critiques ou de réserves sur le sujet qu’elle traite.

Encore un mot...

Un ouvrage plaisant à lire qui n’apprendra pas grand chose de sérieux au lecteur, plutôt plus amusant que le précédent, mais lui permettra de passer un bon moment.

Une phrase

« …toutes les adresses visitées exprimaient le mieux l’idée singulière que la France se fait du rôle de l’État et de la puissance.

Pour comprendre celle-ci, il faut savoir décoder les rituels qui s’y pratiquent. On voit à quel point deux sources de légitimité s’y superposent encore : élective et démocratique d’un côté, aristocratique de l’autre. Notre République demeure par certains aspects bien monarchique. L’esprit de Cour s’est reconstitué dans les grands corps de l’État et les avant-gardes culturelles.

L’ouvrage ayant, comme l’on dit pudiquement, trouvé son public, nous avons eu envie, mon éditeur et moi, d’ouvrir de nouvelles portes en privilégiant le mystère des ombres après les évidences de la lumière. » Page 9

L'auteur

Sébastien Le Fol - qui a présenté, ici, La salle à manger des Goncourt - est journaliste, écrivain, passé par plusieurs journaux, du Figaro à L’Express et au Point

Il a entraîné dans cette aventure plusieurs de ses collègues, journalistes dans ces mêmes médias ou spécialistes reconnus du domaine qu’ils décrivent : 

  • Nathalie Schuck : Le bureau des anciens présidents
  • Guillaume Tabard : Le secrétariat général de l’Elysée
  • Tugdual Denis : Beauvau, politique et confidentiel
  • Franz-Olivier Giesbert : La mairie de Marseille
  • Olivier Beaumont : Montretout
  • Corinne Kaufer : Bercy
  • Rémi Kaufer : La DGSE
  • Jean-Dominique Merchet : Le GIGN
  • Olivier Brun : La rue Nélaton (ancien siège de la DST)
  • Sylvain Fort : L’Hôtel de Salm (palais de la Légion d’honneur)
  • François Miguet : La Banque de France
  • Etienne Girard : Sciences Po
  • Jérôme Dupuis : Gallimard
  • Louis-Henri de La Rochefoucauld : L’Académie française
  • Jérôme Béglé : L’Ami Louis
  • Jacques Ravenne : Le Grand Orient de France
  • Florent Baracco : La voiture de course du Tour de France
  • Gilles Denis : Le défilé de mode
  • Marie-Dominique Lelièvre : La librairie Galignani
  • Farid Alilat : La grande mosquée de France 

 

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