LES NOUVELLES ROUTES DE NOTRE SERVITUDE

La liberté d’agir et de penser reste le bien le plus précieux de l’humanité
De
Thierry Wolton
Grasset,
Octobre 2022
209 pages
19,50 €
Notre recommandation
4/5

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Les Nouvelles routes de notre servitude sont celles qui visent à faire du Web un outil de gestion de milliards d’internautes où qu’ils se trouvent. Le téléphone portable, mini-ordinateur permanent, en est la clé bienfaisante pour le monde entier. Qu’apporte-t-elle à l’humanité ? Elle donne à chacun une puissance présumée, un apport personnel que l’algorithme gère avec l’intention de briser la solitude et de rapprocher les êtres humains. Désireux d’analyser profondément les raisons motivant les changements du Web, décennie après décennie, Thierry Wolton en livre les caps successifs et leur raison d’être : lorsque le terrorisme, l’état d’urgence sanitaire, s’en emparent, la surveillance par la DGSI et la DHSE de l’Etat (services de la sécurité intérieure et de la sécurité extérieure) et l’écoute des télécommunications de suspects complètent les calculs algorithmiques. Ces outils numériques sont un contrôle permanent des activités de terroristes quand ils ont été identifiés.

Points forts

La ténacité de Thierry Wolton ne joue pas à qui perd gagne quand il se lance dans une œuvre nouvelle. Dans Les nouvelles routes de notre servitude, l’étude approfondie de l’auteur permet aux lecteurs de comprendre que le Web peut être une arme de surveillance pour les 5,3 milliards d’internautes du monde. Depuis sa création, le Web s’est transformé en «un instrument numérique dont nous dépendons. Ce symptôme est connu, il s’appelle l’aliénation» (p.22). Après avoir sélectionné ses fournisseurs de contenus tels que AOL, Netscape et Yahoo, le Web a choisi Google, Facebook, Twitter et Tiktok comme autant de nouvelles technologies.

Blogs, réseaux sociaux et plates-formes y font leur entrée. Elle s’avèrera aussi spectaculaire qu’hasardeuse pour les internautes mettant en avant leurs vies, leurs choix et leurs partages potentiels. Entretenir l’inquiétude et la peur « renforce le pouvoir de sidération des mauvaises nouvelles … ce dispositif de précaution et de protection, nommé FR-Alert…risque en même temps d’entretenir un climat anxiogène, propice à faire accepter de nouvelles restrictions de nos libertés au nom de la sécurité de tous…Désormais, avec le monde à nos portes, la peur peut avoir un effet dévastateur que la propagation par les réseaux sociaux amplifie, tel un battement d’ailes de papillon capable, dit-on, de provoquer une tempête à l’autre bout de la planète. » (p. 133-134)

Quelques réserves

Aucune.

Encore un mot...

Le plus frappant de ce livre est la mise en place d’un Web ayant fait des internautes des demandeurs permanents. Si leur liberté d’expression et leur désir d’en savoir davantage en ont été le démarrage, le monde dans lequel ils vivent aujourd’hui s’est singulièrement rapproché du 1984 de George Orwell.

Une phrase

  • « Comme tout le monde, j’apprécie que les frontières du savoir aient spectaculairement reculé grâce au Web…En revanche, je déplore le faux courage des anonymes qui polluent les réseaux sociaux avec leurs anathèmes…je m’attriste de constater que, loin d’ouvrir leurs esprits, le gros des internautes s’enferment sur leurs certitudes et finissent par se dresser les uns contre les autres, abêtis par leur propre assurance. » (p.10-11)
  • « L’internet libre et gratuit est un mythe. Libre, la toile ne l’est point puisqu’il faut montrer patte blanche pour accéder à n’importe quel site : identifiant, mot de passe ; gratuite, elle l’est en trompe l’œil car, à défaut de péage, les données que nous laissons sur notre passage valent de l’or par l’exploitation qui en est faite. Les conditions d’utilisation acceptées, dont les fameux cookies, sont autant de soumissions volontaires à des rapports marchands, pour des publicités ciblées notamment. » (p.39)
  • « Le Wokisme dénonce toute forme de discrimination, singulièrement raciale et sociale, ce qui est une cause juste … Pour les militants de cette cause, l’histoire ne doit plus être perçue dans sa réalité, c’est-à-dire telle qu’elle s’est déroulée, mais telle qu’elle aurait dû être selon leurs propres critères. » p.154-155

L'auteur

Thierry Wolton, journaliste et essayiste, est l’auteur de L’Histoire mondiale du communisme (Grasset-2015-2017) qui a été couronnée par le Prix Jan Michalski de littérature, le Prix Aujourd’hui et le Prix  Espoir de Mémorial de Timisoara en Roumanie. Il est l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages dont Le grand bluff chinois (Robert Laffont, 2007), Le négationnisme de gauche (Grasset, 2019) et Penser le communisme (Grasset, 2021).

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