Les Trois Glorieuses. La révolution de 1830 démystifiée

Un essai remarquable qui explose les clichés historiques
De
Daniel de Montplaisir
Perrin
Parution février 2022
409 pages
22 €
Notre recommandation
4/5

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Thème

Les Trois Glorieuses, les journées d'émeutes parisiennes des 27, 28 et 29 juillet 1830, qui entraînent l’abdication de Charles X -le frère de Louis XVI- et chassent définitivement la dynastie des Bourbon du trône de France, appartiennent à la mythologie révolutionnaire française. A ce titre, elles ont été largement déformées par l'histoire officielle – écrite par les vainqueurs.

Daniel de Montplaisir s’attache à rétablir la réalité des évènements, de leurs causes et de leurs conséquences. Quels sont les ressorts profonds des Trois Glorieuses ? Pourquoi le roi et son gouvernement sont-ils restés aveugles aux forces décidées de longue date à l'abattre ? Pourquoi le peuple de Paris s'est-il sacrifié inutilement pour des intérêts qui n'étaient pas les siens ? En fait, comment la presse, les associations politiques et les sociétés bancaires soutenues en sourdine par le duc d'Orléans, le futur roi Louis-Philippe, ont-elles animé puis confisqué à leur profit l'insurrection populaire et les espoirs des républicains ? 

On suit donc le cheminement des évènements politiques et sociaux depuis le sacre de Charles X en 1824 jusqu'aux journées de juillet 1830. Six ans pendant lesquels l'économie nationale connaît une expansion sans précédent. Mais le gouvernement de Charles X, entre coups de vis conservateurs et ouvertures plus libérales, peine à lutter contre l'opposition montante et commet des maladresses et même parfois des “sottises”.

Le 25 juillet 1830, Charles X signe, comme l'y autorise l'article 14 de la Charte, quatre ordonnances. 

Précédées d'un rapport insistant sur la menace d'une révolution, sur le rôle néfaste de la presse accusée d'être un “ instrument de désordre et de sédition”, ces quatre ordonnances suspendent le régime constitutionnel, annulent les dernières élections, modifient le régime électoral et censurent la presse. 

Le recours à l'article 14 fait figure de coup d'Etat. Les journalistes donnent le signal de la rébellion. 

Hanté par le souvenir de la mort de Louis XVI, Charles X abdique le 2 août. Le 3 août le duc d'Orléans devient “roi des Français”, sous le nom de Louis-Philippe Ier : « un roi au rabais né de la conjonction de la banque, de la barricade et de la lâcheté. »

Pour conclure, Daniel de Montplaisir évoque la permanence du  syndrome révolutionnaire français dont, outre la révolution de 1848 et la Commune, on remarque encore les traces en mai 1968 ou, plus récemment, avec le soulèvement des Gilets jaunes.

Points forts

  • Une écriture vivante nourrie de très nombreuses sources historiques.
  • La présentation de l'ébullition de la presse libérale en plein essor.
  • L’évocation des fissures apparues dans le fonctionnement du royaume.
  • Les analyses du tableau de Delacroix, La Liberté guidant le peuple, et du personnage de Gavroche dans Les Misérables de Victor Hugo. 
  • La teneur et la mise en œuvre de l'article 14 de la Charte comparées à celles de l’article 16 de la Constitution de 1958 donnant au chef de l’Etat des pouvoirs exceptionnels.

Quelques réserves

Pas de réserves.

Encore un mot...

Un récit érudit dont le parti-pris légitimiste va à l'encontre de ce qui était convenu de penser. C’est toujours intéressant de découvrir un nouveau point de vue, sachant que l’Histoire ne saurait se réduire à une seule mise en perspective.

Une phrase

  • « Alors qu'on ne sait toujours pas quand les Chambres siègeront de nouveau, ce qui alimente les soupçons dirigés contre le roi et le gouvernement de vouloir s'en passer, l'agitation entretenue par la presse d'opposition continue d'enfler. Quelque mesure que prenne le ministère, on la condamne ; et s'il n'en prend pas, on stigmatise son irrésolution. Rarement dans l'histoire de France les hommes au pouvoir auront été confrontés à une telle bronca, qui se cantonne néanmoins à des paroles et à des écrits. D'abord irritant comme du poil à gratter, leur impact prend peu à peu de l'ampleur, au point d'assombrir pour de bon le ciel de France. » (p. 109)
  • « Il [le duc d'Orléans] attendait son heure, sans trop savoir quand elle viendrait ni même si elle viendrait et sous quelle forme. (…) Craignant toujours de se dévoiler, le prince choisit de se tenir prêt à toute éventualité en respectant l'adage apparu plus tard « y penser tout le temps, n'en parler jamais ». Mais encourageant les autres à parler pour lui, grâce notamment à un outil [la presse] dont il avait, parmi les premiers, compris la puissance en pleine expansion. » (p.123)
  • « La classe la plus riche du royaume sait bien qu'elle n'a rien à craindre, bien au contraire, d'un changement de dynastie : l'homme le plus opulent de France, c'est à dire Louis-Philippe, s'il accède au pouvoir, les protégera mieux que quiconque. Tout le nœud de la révolution de 1830 est bien là . » (p.179)

L'auteur

Daniel de Montplaisir, conseiller honoraire de l’Assemblée nationale et historien spécialiste des Bourbon et du mouvement légitimiste, a notamment publié, chez Perrin, Le Comte de Chambord. Dernier roi de France (2008), Histoire du Canada. Biographie d’une nation (2019). Et Sept ans de victoires françaises sur l’Angleterre (Mareuil éditions, 2019).

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