Mélancolie de l’Europe
Parution le 18 avril 2024
260 pages
20.00 €
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Thème
Dans ces dix-sept textes (articles, conférences, manifestes divers) écrits entre 1909 et 1941, Stefan Zweig se fait le chroniqueur d’une époque tragique, marquée par le bruit et la fureur, qu’il s’efforce d’aborder en humaniste dans la ligne de Thomas Mann et de Romain Rolland. A travers ces nouvelles, l’auteur développe les principes qui ont guidé sa vie : humanisme, pacifisme, internationalisme, alors qu’il se sent investi d’une mission de « pédagogue culturel ».
Points forts
La diversité des thèmes abordés qui vont du manque de patriotisme dans un pays, l’Autriche-Hongrie écartelé entre un parti allemand et un parti tchèque, aux « choses captives » découvertes à l’exposition universelle de Bruxelles de 1910 qui attira 13 millions de visiteurs venus voir des machines dépourvues de leur âme, victimes de la « curiosité oiseuse des promeneurs » …
Le triste constat des Européens capables d’oublier après la guerre le naufrage de toute une culture pour ne garder que le succès momentané d’un camp.
La courte fiction qui met en scène Wilson, impuissant à faire signer un pacte de paix durable basé sur la compréhension mutuelle entre France et Allemagne
La création de nouveaux concepts tel l’expressionnisme, destiné à fondre dans la masse le moi hautement personnel d’un écrivain ou d’un artiste et d’ainsi forger l’opinion (« l’opinion, c’est la masse, la conviction, c’est l’homme »).
Quelques réserves
Ces chroniques d’une union européenne fondée sur l’amitié entre les peuples adossée à un pacifisme convaincu semblent relever de l’utopie plus que de la démonstration sérieuse ; en ce sens, Zweig est plus proche de la fiction que du documentaire et perd en crédibilité ce qu’il gagne en idéalisme.
Encore un mot...
A propos de l’atmosphère pacifiste régnant en Europe au début de la Première Guerre mondiale : Au-dessus de la mêlée est un célèbre manifeste publié par Romain Rolland le 24 septembre 1914 dans Le Journal de Genève. Comparable au J'accuse de Zola, ce texte exceptionnel, qui exhorte les belligérants à prendre de la hauteur pour saisir l'ampleur du désastre, provoqua aussitôt de nombreuses réactions violentes et haineuses envers son auteur, dont la lucidité, l'idéal de non-violence et de communion entre les peuples furent néanmoins récompensés, dès l'année suivante, par le prix Nobel de littérature.
Une phrase
[Stefan Zweig et Romain Rolland tentent de transformer ]« cette si belle, si nécessaire idée de concorde spirituelle européenne en une force à la fois productive en matière d’unification et contre-productive pour le poison politique : celle d’une unique discussion collective amicale entre des dirigeants de chaque pays sur le sens, les fins, l’efficacité et la portée d’un mouvement dont nous, minorités de tous pays ressentions et ressentons toujours avec la même conviction la nécessité. » pp. 108- 109
L'auteur
Stefan Zweig (1881-1942) est un écrivain autrichien, dramaturge, journaliste et biographe ; témoin de l'âge d'or de l'Europe dans les années 1900, visitant les capitales du Vieux Continent et côtoyant les cercles d'artistes et d'intellectuels les plus créatifs, il voit sa vie bouleversée par l'arrivée d'Hitler au pouvoir. Dès les premières persécutions, il quitte l'Autriche pour l'Angleterre. Naturalisé en 1940, il part pour le Brésil l'année suivante et s'installe à Petropolis, sur les hauteurs de Rio de Janeiro. Effondré par l'anéantissement de ses rêves pacifistes et humanistes d'union des peuples, il se donne la mort en s'empoisonnant au Véronal avec Lotte, sa seconde épouse.
Stefan Zweig est l'auteur de nouvelles : Brûlant Secret (1911), La Peur (1920), Amok (1922), La Confusion des sentiments (1927), Vingt-quatre heures de la vie d'une femme (1927) et Le joueur d'échecs (1943, posthume) ; de biographies : Marie-Antoinette (1932) et Marie Stuart (1935) ; d'un roman : La Pitié dangereuse (1938) et d'essais ainsi que d'un roman inachevé, découvert après sa mort, Clarissa (1981).
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