Né au bon moment

Ecrasant de culture, mais sans grand intérêt
De
David Lodge
Editions Rivages - 564 pages
Notre recommandation
2/5

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Thème

David Lodge dépeint minutieusement la première moitié de sa vie jusqu’à 40 ans. « J’espère écrire un autre livre à propos de la seconde, si j’en ai le temps » (p. 10).

Il part de ses racines, aïeux, parents, pour se positionner dès l’enfance comme futur écrivain en décrivant  sa scolarité perturbée par la guerre, ses études universitaires studieuses et brillantes de boursier, son expérience militaire, les longues fiançailles avec  Mary qui sera la seule femme de sa vie,  son mariage,  ses séjours aux USA dans différentes universités, la naissance d’un petit mongolien très aimé, ses amis, ses professeurs, ses pairs , les critiques, éditeurs et romanciers qu’il côtoie,  bref, tous les faits et acteurs de sa vie qui ont nourri son œuvre.

En parallèle, plusieurs générations d’écrivains qu’il a étudiés,  Henry James et H.G. Wells, dont il a écrit les biographies,  Graham Green et Evelyn Waugh, dont il se sent proche parce que catholiques, James Joyce, sa référence absolue  (et combien d’autres !), traversent cette biographie.

Points forts

1- Un aller-retour permanent entre sa vie et son œuvre servi par de larges extraits de ses propres livres.  Plusieurs de ses romans dépeignent avec dérision les milieux universitaires et littéraires dont il a l’expérience. 

2- Un parcours de catholique britannique assumé, puis distancié, qui l’amène à porter un regard caustique sur cette  minorité pratiquante. La sexualité bridée par l’Eglise, en particulier, alimente sa verve avec les aléas de la méthode Ogino  (Il lui faudra attendre Vatican II et trois enfants non-programmés pour envisager une contraception efficace, malgré la déception de l’encyclique Humanae Vitae).

3- La double casquette de romancier et de critique : « je n'ai jamais craint que le fait d'analyser les textes dans le cadre de mon travail universitaire nuise à mon expression romanesque. Au contraire, (….) je suis certain d'avoir été un meilleur critique parce que j'écrivais des romans, et un meilleur romancier car mon activité critique me permettait d'identifier ce qui allait et ce qui n'allait pas dans mes propres romans » (interview à Télérama -1-3 2016).

Quelques réserves

1-  La description trop minutieuse d’un quotidien sans grand intérêt, même si l’on distingue au passage l’évolution spirituelle et technologique d’une époque emballée.

Les petits problèmes d’un « monsieur tout le monde » un peu pingre,  (déménagements, panne de voiture, visite chez le dentiste, vacances entre amis….) ne présentent qu’un intérêt mitigé et l’abus des descriptions de proches, amis et universitaires,  avec leurs noms, prénoms,  surnoms , spécialités,  parcours, mutations  (et j’en passe) finit par être lassante.

2- le célèbre humour de Lodge paraît assez intermittent, sans doute occulté par une traduction poussive, à la limite du pénible : le vilain mot de « candidater » est employé systématiquement pour « postuler » (et Dieu sait qu’il «candidate » souvent !) comme celui de « recensions » pour les critiques qu’il guette avec angoisse à la sortie de chacun de ses livres. Et ne parlons pas des lourdeurs et des concordances de temps douteuses… 

Encore un mot...

Chronique méticuleuse d’une vie raisonnablement lisse, doublée d’une immense culture littéraire qui peut épuiser un lecteur moins érudit que l’auteur...

Une phrase

Lodge a déclaré au magazine  « Pleine Vie », en mars 2016 :

« Je suis un romancier "littéraire", à l'instar de Julian Barnes, Salman Rushdie ou Martin Amis. Comme eux, je considère le roman comme une forme d'art mais aussi de divertissement. Le vrai test pour un livre : aurez-vous envie de le relire? Si oui, c'est un bon roman. »

Je ne suis pas certaine d’avoir envie de classer cette biographie dans la catégorie mentionnée...

L'auteur

Né en 1935 à Londres dans une famille de petite bourgeoisie, David Lodge est présenté par les Editions « Rivages » comme l’écrivain britannique préféré des Français.

Universitaire et critique littéraire spécialisé dans le roman catholique britannique, il publie son premier ouvrage en 1960, « The Picturegoers » (les cinéphiles, non traduit), prélude à une œuvre importante et multiforme (romans, nouvelles, essais, critiques, théâtre).

Il est commandeur de l'Ordre de l'Empire britannique, membre de la Société royale de littérature et, en France, chevalier de l'Ordre des Arts et des Lettres.

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