Philosophie de la prostate

Philippe Petit n'est malheureusement pas Philippe Roth...
De
Philippe Petit
Les Editions du Cerf - 250 pages
Notre recommandation
2/5

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Lu / Vu par Culture-Tops

Thème

En fait, il y en a trois:

1-Philippe Petit, apprenant qu’il est atteint d’un cancer de la prostate, nous livre son JOURNAL DE BORD: sa tournée des hôpitaux, sa relation malade-médecin, son difficile choix du protocole thérapeutique, son désarroi et ses craintes jusqu’au jour J de l’intervention chirurgicale.

2-Cette période préopératoire le pousse à interroger SON PASSE et ses souvenirs plus ou moins douloureux (épisode de pédophilie subie,mai 68,accident amnésique...)

3-Mais surtout de rendre visite à ses amis PHILOSOPHES et à les interroger sur les concepts de:
-corps et maladie
-médecin et malade
-philosophie et médecine 
-croyance et savoir
-organe et fonction
-virilité et impuissance
-libération sexuelle et extinction postmoderne du désir.

Concurrençant le chirurgien, il dissèque ces notions avec leur aide. Après Pascal (et son dolorisme), Cabanis (et ses humeurs de la prostate), il fait une première halte chez Diderot (“le dernier des écrivains heureux”, qui l’apaise par sa conception du corps et des organes), puis chez Hegel, Maine de Biran, Canguilhem, Artaud, Deleuze et François Dagognet, son maitre à penser, avant de prendre sa décision thérapeutique, séduit par les arguments d’un médecin dont un ancêtre était Kierkegaard.

Points forts

1- Au delà de la compassion qu’inspirent les problèmes de santé de Philippe Petit, ce qu’on aime chez lui c’est le CULTE INCONDITIONNEL DE LA PHILOSOPHIE, et d’une Philosophie non pas scolaire mais parfois “ressentie”, comme on parle de la température ressentie pour la météo, cette quête de sens, de cohérence et de rationalité.

2- Ce livre peut sans doute avoir un EFFET THERAPEUTIQUE sur le lecteur, qu’il soit porteur de cancer, malade potentiel, accompagnant ou soignant, par la réflexion personnelle et la démarche rationnelle qu’il peut inspirer, par delà l’émotion et la souffrance.
 

Quelques réserves

1- TRES HAUT PERCHE, trop haut perché pour moi.Très grosse prise de tête. Perdu dans des raisonnements compliqués, j’ai beaucoup ramé et me suis senti bien complexé au sortir de ce livre. Lequel s’adresse sans doute aux 54000 nouveaux cancéreux découverts annuellement en France, à leur médecins et à leurs proches que je préfère prévenir: il leur faudra un sacré bagage philosophique pour suivre Philippe Petit sur ses “nouveaux chemins de la connaissance”bien ardus.

2- LA PROSTATE MENE A TOUT, et on s’éloigne d’elle à toute vitesse et on se laisse très vite distraire en philosophant à partir d’elle. Et si Schopenhauer avait philosophé à partir de sa vésicule biliaire, et Nietzche à partir de ses migraines et Platon à partir de son colon?

3-Non seulement ce livre ne trouve pas la solution au désarroi du cancéreux,mais ne pose pas les BONNES QUESTIONS, à défaut d’avoir les réponses. Et ces questions sont post- et non pas pré- opératoires: l’espérance de vie, l’inconfort au quotidien et l’incontinence, les déboires sexuels. Je vais peut être demander à Philippe Petit une suite à ce premier livre.

Encore un mot...

PROSTAT BLUES
Je rajouterai:

1- Passé mon énervement, certes bien tempéré par la compassion, j’ai pensé à un autre cheminement intellectuel possible. Quitte à intellectualiser la prostate, pourquoi ne pas être philosophe au sens de quelqu’un qui supporte “philosophiquement” les épreuves avec constance et résignation, qui prend la vie du bon côté, bref à faire APPEL AUX STOICIENS. Philippe Petit choisit mal ses amis philosophes. Quand on a mal, on ne se contente pas d’aussi sévères et improbables fréquentations.

2- Et pour me “déplisser le front”, je relirai sans doute un autre Philippe ROTH et son “Exit le fantôme”, magnifique roman de la Prostate, plein de philosophie, que j’ai moins de mal à comprendre.
 

Une phrase

“Méditation au parcours chaotique, qui se présente sous une forme enchevêtrée et néanmoins continue: un récit clinique, des fragments autobiographiques centrés sur l’avant et l’après 1968, et un essai, d’inspiration philosophi- que et psychanalytique. Le tout formant une tentative d’approche de la SUBVERSION LIBIDINALE au regard de ce qu’il convient d’appeler le destin prostatique des jeunes mâles. Puissent les Subversifs de la Libido échapper au cancer de la prostate.”

Allo Docteur Freud, dites moi, c’est quoi la subversion libidinale, c’est grave?

L'auteur

Journaliste, Essayiste et Philosophe français, né en 1951:

-Docteur en Philosophie

-Journaliste, rédacteur en chef de la rubrique “Idées”de l’hebdomadaire Marianne

-Producteur de l’émission”Les nouveaux chemins de la connaissance”, sur France Culture

-Ecrivain, auteur de “La cause de Sartre”(2000) et de “La France qui souffre”(2008)

 

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