Pourquoi tu danses quand tu marches ?
250 p.
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Thème
Les souvenirs de la petite enfance, la peur, la honte, la discrimination. Puis le refus, la reconstruction, le chemin de résilience. Ce roman raconte, à la première personne, les pas dans la vie de cet enfant blessé par une jambe qui ne le porte pas bien. Ce Papa raconte à "Béa" sa fille, sa terre natale, ses relations avec sa famille,- grand- mère "Cochise", mère peu aimante, père "la tige", frères et sœur ; il lui raconte l'école, ses camarades qui le harcèlent, ses défis et ses soutiens, ses professeurs et ses amours de jeunesse.
Points forts
1. Une écriture pleine de tendresse, qui pose les sentiments, dans leur simplicité autant que dans leur violence.
2. Un récit sur la différence, qui n'en est pas tout à fait un. Comme des poupées gigognes, il aborde les thèmes de la vie d'un enfant africain aux Afars et Issas et de la présence française (pas vraiment bienveillante, selon Waberi), du harcèlement à l'école, des modèles inspirants qui peuvent dessiner des chemins de résilience (La prof de français, le chanteur compositeur Stromaé…) - des relations entre les générations.
3. Une entrée subtile dans la tête d'une personne en situation de handicap, par ailleurs romancier reconnu, qui ne cache rien de ses questionnements et de la difficulté de se construire avec une différence physique.
Quelques réserves
Je n'en vois pas.
Encore un mot...
Une question simple, une réponse pleine de douceur dans laquelle se cachent les peurs et les frustrations de l'enfance de l'auteur. Curieusement, ce récit m'a fait penser au Boléro de Ravel. Un thème, une souffrance, un rythme, un style qui s'imposent dès les premières pages, revient comme les souvenirs, enfle, s'enrichit d'impressions, de sentiments contradictoires puis ose la joie comme une déferlante. La lecture de ce livre mérite d’être proposée à de nombreux adolescents et adultes, tant il est enrichissant et peut contribuer à changer le regard sur celles et ceux qui portent un "handicap". Ce roman autobiographique qui n'en porte pas le nom, vous trottera sans doute dans la tête bien des semaines ou des mois après l'avoir lu.
Une phrase
"Tu sais, Béa, que chaque fois que je reviens sur cet épisode c'est une déchirure. Une déchirure parce que je suis contraint de me replonger dans ce que j'ai vécu à partir de ce matin funeste. Les souvenirs affluent de tout part. La mémoire est une force impérieuse, un courant qui emporte tout sur son passage." P. 136
"J'ai dansé la sarabande avec mes parents
Leur amour a dissous ma crainte antique
Durant quatre décennies la peur m'a tenu la chandelle.
Il était temps qu'elle me lâche.
Et voilà que je lâche les amarres.
Que je me confie au courant de la vie.
Je ne suis plus le boiteux…"P. 245
"Quand je serai vieux à mon tour, j'aimerais que tu viennes me raconter par le menu tes peurs d'enfant. J'aimerais arborer une tête de vieux sage et serein". P. 249
L'auteur
Un tendre et envoûtant récit aux sources d'une blessure physique et morale.
Abdourahman A.Waberi est né au milieu des années 60 sur une terre qui s'appelait la Côte Française des Somalis puis Le Territoire Français des Afars et des Issas, enfin, en 1977, la République de Djibouti. Spécialiste de la littérature anglaise après des études en France, il enseigne en lycées en Normandie, puis, doctorat en poche, les littératures francophones et la création littéraire à l'Université de Washington DC.
Ecrivain, il collabore régulièrement avec la presse quotidienne et magazine. Il est l'auteur de nombreux romans et de recueils de poésie. En 2008, Jean Marie Le Clezio lui co-dédie son prix Nobel de littérature. En 2008, La Divine Chanson reçoit le Prix Louis Guilloux. Il est aussi l'un des 5 finalistes du Renaudot 2019.
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