Rétro-chaos, Mémoires

Une vie de Français libre
De
Daniel Cordier
Gallimard
Publication le 23 janvier 2025
384 pages
22 euros
Notre recommandation
3/5

Infos & réservation

Thème

L’ambition de ce livre posthume de Daniel Cordier est de raconter les étapes essentielles de sa vie, de ‘déceler un parcours dans une suite d’engagements désordonnés’. Issu d’un milieu catholique, monarchiste et antidreyfusard, Cordier est maurassien à 12 ans mais aussi anti-boche. Rétif à l’école, il ‘décide pour la première fois de sa vie’ et s’engage chez les Français Libres à Londres début juillet 1940. Il trouve en De Gaulle le substitut de la famille quittée. Après une longue formation, il est parachuté en France et devient le secrétaire de Jean Moulin qui est chargé par de Gaulle d’unifier la Résistance. Après la guerre, Cordier a trois vies : marchand d’art talentueux auquel Dubuffet doit sa renommée ; historien autodidacte, défenseur pointilleux de Moulin, et enfin mémorialiste avec Alias Caracalla qui fait sortir les sans-grades de la Résistance de l’obscurité. 

Points forts

Cette synthèse mémorielle est honnête et Cordier est un homme d’engagement pudique et honnête qui affronte un passé dont il ne s’est pleinement défait qu’au milieu de la guerre. A aucun moment, il ne cherche à se donner le beau rôle, à occulter ses errements d’adolescent puis de jeune homme : l’adulation de la monarchie censée abolir l’injustice sociale, un antisémitisme forcené et la haine de la République. Il est dépourvu d’amour-propre et se satisfait de ce rôle de l’ombre auprès de Moulin même s’il avait envie de ‘tuer du boche’. C’est enfin un homme fidèle et obstiné qui convoque le tréfonds de sa mémoire pour défendre celle de Jean Moulin salie par Frenay. Cordier est un héros. Il mérite notre respect et ce livre est là pour nous rappeler à notre devoir de mémoire.

Quelques réserves

La Résistance tient une place centrale dans cette ‘synthèse’ autobiographique. L’évocation de la vie de marchand d’art ou d’intellectuel ‘amateur’ n’a pas la force des parties consacrées à l’adolescence à Bordeaux, la vie de combattant de l’ombre ou la défense de Moulin. 

Encore un mot...

A lire avant ou après ce livre l’évocation de Jean Moulin dans l’inconnu du Panthéon et Alias Caracalla. On complètera avec l’Armée des ombres de Melville. 

Une phrase

 - « … je lui étais attaché et dévoué comme un chien. Il m’avait accordé d’emblée une confiance sans partage. Mais c’est de sa force de caractère qui ne fléchit jamais pour imposer la politique du général de Gaulle que naquit mon admiration pour cet homme charmant et intraitable » (p. 82) 

- «  Ce que je sais, c’est que la Résistance était la voie du salut, la collaboration celle

 de la trahison et Vichy celle de la lâcheté » (p.308)

L'auteur

Daniel Cordier, mort à 100 ans en novembre 2020, a été successivement membre des Forces françaises libres, résistant, marchand d'art et historien. Il est notamment l’auteur d’une biographie en trois tomes sur Jean Moulin. Ses mémoires sont réunies dans les trois opus de Alias Caracalla aux éditions Gallimard. 

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