RUSSIE : REVOLUTION ET GUERRE CIVILE (1917-1921)

Un essai remarquable pour décrire une révolution aux conséquences incommensurables
De
Antony Beevor
Ed. Calmann-Levy
568 p.ages
25.90€
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Thème

Comment les Bolcheviks se sont emparé du pouvoir en 1917 et comment ils l’ont conservé après quatre années de guerre civile ?

Points forts

Beevor parvient à expliquer la prise de pouvoir d’un parti ultra minoritaire, mené par un idéologue qui avait passé l’essentiel de son existence dans les bibliothèques à remuer des théories fumeuses, Lénine, avec une clarté et un souci du détail qui forcent l’admiration.

Une fois le Tsar éliminé en février 1917, le pouvoir échoit à un gouvernement hétérogène sous l’influence du socialiste Kerenski qui fait l’erreur de poursuivre la guerre contre l’Allemagne impériale, alors que l’armée, masse de paysans illettrés, est en état de rébellion. En novembre 1917, Lénine et Trotsky organisent un coup d’Etat que Kerenski s’avère incapable de réprimer à temps ; immédiatement ils recherchent une paix, à tout prix, avec l’Allemagne, libérant ainsi une masse de manœuvre de soldats qui assassinent, pillent, violent, sans frein, et constituent la base de l’armée rouge. La création de la Tchekha, redoutable police politique aux ordres de Dzerjinski, complète le dispositif en imposant l’ordre bolchevique par une terreur absolue.

En face, il est surprenant de voir combien une partie de la bourgeoisie, de l’aristocratie, des officiers s’est laissée massacrer sans réagir.

Beevor montre aussi comment se sont constituées les armées blanches, assemblage hétéroclite de gens d’origines et d’opinions très diverses, allant des réactionnaires tsaristes aux socialistes révolutionnaires anti-bolcheviks.

La description de la guerre et de son cortège d’exactions est à déconseiller aux âmes sensibles, les deux camps rivalisant de cruauté et de raffinement dans les tortures, massacres, viols, rapines… D’ailleurs, outre leur manque d’organisation et leur position géographique – l’armée rouge occupe le centre du pays -, c’est le comportement des armées blanches à l’égard des populations “libérées“ qui explique en partie leur défaite.

L’historien souligne aussi le rôle des hommes dans le succès final : les qualités d’organisation de Trotsky, la détermination de Lénine, l’absence totale de sens moral de Dzerjinski, a contrario de la médiocrité de certains officiers blancs…

Enfin l’intervention d’unités étrangères dans le déroulement du conflit est plus surprenante : allemands jusqu’à la fin 1918, tchèques, polonais, anglais, français, japonais, du côté blanc, chinois ou lettons pour les rouges.

Quelques réserves

Autant Beevor est clair sur le déroulement de la révolution et la relation de la victoire bolchevique, autant certains chapitres du centre du livre, qui relatent la constitution des armées blanches sont plus confus.

Encore un mot...

Cet essai remarquable qui décrit une apocalypse aux conséquences incommensurables allie une synthèse formidable des principes explicatifs de la guerre avec un souci de détails authentiques.

Une phrase

Page 577, la dernière de la conclusion : « Si bien souvent les pires exemples d’humanité pervertie se trouvaient chez les Blancs, l’impitoyable inhumanité déployée par les bolcheviks est restée sans équivalent. »

L'auteur

Sir Antony BEEVOR est un historien britannique, grand spécialiste de l’histoire des guerres. Il a ainsi publié de nombreux ouvrages, “best sellers“, sur Stalingrad, la bataille de Normandie, celle des Ardennes en décembre 1944, la guerre d’Espagne… En février 21, il avait fait paraître chez Calmann-Levy La chute de Berlin

Ajouter un commentaire

Plain text

  • Aucune balise HTML autorisée.
  • Les adresses de pages web et les adresses courriel se transforment en liens automatiquement.
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.

Ils viennent de sortir

Essais
Suite orphique
De
François Cheng, de l’Académie française postface de Daniel-Henri Pageaux