Soulages, une autre lumière
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Thème
Pierre Soulages s’est révélé au monde grâce à ses peintures à l’huile explorant toutes les variations du noir dans la lumière, jusqu’à l’utilisation de l’« outre-noir » dont il fit breveter la composition.
Très tôt, il ressent néanmoins le besoin d’approfondir ses recherches sur la relation consubstantielle entre lumière et matière par d’autres médias que la peinture à l’huile. C’est ainsi qu’il décide de travailler sur papier, avec un matériau à la fois rude et d’une infinie subtilité pour qui sait la sentir sous ses doigts, le brou de noix communément utilisé par les ébénistes. Son lien quasi charnel avec ce corps liquide se poursuivra durant la majeure partie de sa carrière, depuis 1946 jusqu’aux années 2000.
L’exposition présente 130 pièces jamais rassemblées, dont certaines jamais exposées, dans une déambulation au cœur du travail intime de l’artiste.
Points forts
- La force de la fidélité de Soulages au papier : l’artiste par des jeux de texture, de matière, de composition, exalte le rôle essentiel du papier dans la réalisation d’œuvres denses et achevées, a contrario du rôle de travail préparatoire couramment dévolu à ce support.
- Cette relation au long cours à laquelle Soulages n’a jamais voulu renoncer, refusant d’établir une hiérarchie entre les différentes techniques qu’il utilise, huile, brou de noix mais aussi gouache et aquarelle, nous offre un voyage méditatif tout en contraste dans les méandres de transparence, opacité́ et luminosité́ de ses aplats et entrelacs.
- Soulages est d’ailleurs présent : des portraits grandeur nature et des interviews en vidéo projection éclairent son travail et ponctuent le parcours.
Quelques réserves
Aucune. Dans une mise en scène sobre et fluide, la richesse des nuances nées de la main de Soulages s’expose dans toute sa puissance.
Encore un mot...
L’occasion d’une meilleure compréhension du parcours artistique de l’artiste, depuis la jeunesse jusqu’à la maturité. L’œuvre sur papier, rarement montrée, loin d’être parallèle voire extérieure à celle sur toile, est au contraire partie intégrante de la recherche du peintre.
Une illustration
Une phrase
« Brusquement, avec les peintures sur papier apparaissent des traces peintes juxtaposées, groupées dans une sorte de signe, qu’on a comparé́ parfois à un idéogramme chinois ; il n’y a plus la continuité́ d’une ligne, c’est le surgissement d’un ensemble : il y a simultanéité́. » Pierre Soulages cité par Pierre Encrevé, Soulages. L’œuvre complet, Peintures. I. 1946-1959, Paris, Seuil, 1994, p. 54.
L'auteur
Né à Rodez (Aveyron) dans une famille d’artisans, Pierre Soulages (1919-2022) encouragé par ses professeurs, passe avec succès le concours des Beaux-Arts de Paris en 1939 mais refuse d’intégrer l’école et retourne dans sa région.
Il rencontre en 1941 aux Beaux-Arts de Montpellier, sa future épouse.
L’exposition Französische abstrakte Malerei en Allemagne en 1948, marque le début de la reconnaissance de son œuvre qui s’étendra rapidement à l’étranger comme en France.
Dès les années 60, ses œuvres sont présentes dans les collections des plus grands musées du monde.
En 1994, il crée les nouveaux vitraux de l’abbaye Sainte-Foy de Conques.
En 2014, grâce à une importante donation de l’artiste de son vivant, a lieu l’inauguration du Musée Soulages de Rodez.
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