Rêveries de pierres, Poésie et minéraux de Roger Caillois

Une éblouissante exposition en hommage à un collectionneur érudit et poète
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

École des Arts Joailliers - Hôtel de Mercy-Argenteau
16 bis Bd Montmartre
75009
Paris
014 70 70 38 40
Du mardi au dimanche, de 11h à 19h. Nocturne jusqu’à 21h le jeudi. Entrée gratuite uniquement sur réservation par internet

Thème

L’exposition réunit plus de 200 spécimens de la collection de pierres et de minéraux de Roger Caillois conservée aujourd’hui au Muséum national d’Histoire naturelle. Esprit curieux en tout, injustement oublié aujourd’hui, Roger Caillois fut tout à la fois essayiste, écrivain, poète (le qualificatif qu’il préférait), historien des religions, passionné de sciences naturelles et donc des merveilles que la nature se montre capable de produire. 

On croit, à tort, que les pierres sont inertes, mais elles subissent depuis des millions d’années des plissements, des oxydations et autres phénomènes qui les modifient. Et de fait, elles offrent des motifs, des couleurs, des structures géométriques, presque des dessins suggestifs, tellement magnifiques qu’elles en deviennent des artistes. C’est ce « pouvoir » stimulant l’imagination - et donc la création poétique - qui avait séduit Roger Caillois. Pour lui le règne minéral n’est pas muet même s’il est silencieux. Et l’écrivain a œuvré pour que ces « objets-fées » réconcilient la nature et l’art. 

Points forts

Les pierres sont exposées dans des vitrines parfaitement éclairées pour les mettre en valeur. On les admire en déambulant lentement, en revenant sur ses pas, en cherchant des yeux laquelle on préfère : l’agate dessinant un cosmos en miniature ou celle d’où émerge un fantôme ? Le calcaire aux dendrites évoquant un château  ou une clairière en broussailles ? Le jaspe vert aux stries comme des écailles ou le rouge aux coquelicots ? 

Les cartels donnent le nom « scientifique » de toutes ces pierres et la région dont elles sont issues, tout en côtoyant des extraits des textes de Roger Caillois lui-même, auteur, entre autres ouvrages, de l'Écriture des pierres, son chef-d'œuvre. De plus, des textes inédits retrouvés récemment, sont édités aujourd’hui sous le titre Pierres anagogiques. Elles complètent les phrases de Caillois qui ouvrent, au visiteur et au lecteur, cet univers minéral  propice à la rêverie.  

Quelques réserves

A moins d’être minéralogiste ou géologue, on ne retient évidemment pas tous les noms savants des pierres. On peut pourtant essayer d’enrichir son vocabulaire… Heureusement, Caillois leur a donné des surnoms évocateurs : L’oiseau sur la branche, la Cime, le Monstre, Entrée de grotte, Orbites, Explosion nucléaire… 

Encore un mot...

Attendez-vous à un éblouissement ! Et puisque ces merveilles collectionnées ne sont guère exposées, il ne faut pas manquer d’aller les admirer. 

Une illustration

Une phrase

 « Les pierres sont des objets de contemplation, presque supports d’exercices spirituels… Comme les anciens Chinois, je suis porté à considérer chaque pierre comme un monde » (in Pierres réfléchies)

« Les formes et les dessins des pierres offrent un prétexte à la dérive de mon esprit autant qu’une énigme à sa réflexion. M’attardant à les regarder, il m’arrive d’être distrait, détendu, flottant. Je navigue à l’estime ou à la corne de brume en ces eaux du songe ».

L'auteur

La fascination de Roger Caillois pour les pierres naquit en 1942 lors d’une tournée de conférences au Brésil. Mais le quartz qui lui fut offert fut réquisitionné par les douanes ! Aussi, ne peut-il commencer sa collection qu’en 1952 et l’a-t-il continuée jusqu’à sa mort en 1978. 

Doté d’une culture encyclopédique, tels les humanistes de la Renaissance, Roger Caillois, né en 1913, a été élu à l’Académie française  en  1971 et c’est Marguerite Yourcenar qui, lui succédant, a prononcé son éloge.  La liste de ses œuvres est à consulter sur le site de l’Académie française. Son dernier ouvrage, Le Fleuve Alphée, est publié chez Gallimard. 

L’Ecriture des pierres,  dialogue entre littérature et gemmologie, publié initialement  en 1970 aux éditions d’art Skira, est disponible en format poche dans la collection « Champs » de Flammarion avec plusieurs reproductions. 

Le magazine Beaux-Arts a consacré un Hors-série à cette exposition, très complet expliquant la démarche de Caillois, en vente à la librairie  L’Escarboucle près de l'École des Arts joailliers (11€). 

Précisons que cette exposition à l’École des Arts joailliers est soutenue par Van Cleef & Arpels en partenariat avec le Muséum. 

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