Dispersez-vous, ralliez-vous!

La planète Djian, vue du bon côté
De
Philippe Djian
Editions Gallimard - 208 pages
Notre recommandation
4/5

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Thème

              La narratrice se prénomme Myriam; elle vit avec son père qui bosse dans l’immobilier. Sa mère est partie. Son frère,Nathan, aussi. Attiré par les femmes âgées, il est soupçonné de ne pas être pour rien dans le « suicide » de la voisine, une soixantaine d’années, retrouvée « nue sur le tapis de sa chambre, la langue violette. C’était la première fois que je me trouvais en présence d’une femme épilée. Il faisait nuit. J’ai entendu mon père  pousser un juron dans une autre pièce »… L’histoire va courir sur une quinzaine d’années. Myriam, post-ado au début de l’histoire, va se retrouver dans les bras d’un type de vingt-cinq ans son aîné. Il est le fils de la voisine morte. Ils vont se marier, elle avouera ne rien ressentir quand il lui faisait l’amour. L’orgasme est un mot ignoré de son vocabulaire. Puis, elle aura une petite fille… Il y a aussi la sœur de son mari. Il y a aussi son père qui finit sa vie inéluctablement en pente douce. Il y a aussi sa mère qui les avait quittés, elle, son frère et leur père, et qu’elle retrouve. Ca fait beaucoup de monde...

Points forts

- Le beau titre du roman, extrait d’un poème d’Arthur Rimbaud- Les Corbeaux.

- Le beau personnage de Myriam, « un peu enfant sauvage… Personne ne lui explique la vie ni comment se débrouiller… », explique Philippe Djian, qui ajoute : « J’aurais pu lui donner un destin dramatique, mais j’ai refusé tout misérabilisme, parce que ça m’intéressait davantage d’écrire sur cette forme de confort dans l’incertitude et l’inconnu, où l’on est obligé de comprendre les choses au fur et à mesure ».

- Tous les autres personnages, plutôt gentils, mais qui ont tous des problèmes, des failles. Tous ces personnages qu’on aime dans les romans de Djian, avec leurs âmes cabossées.

- Derrière la menace et la violence sourde, la drogue, les amants, les maîtresses, comme toujours chez Djian, se cache l’essentiel. Au lecteur de le découvrir !

- Une écriture toujours plus maîtrisée qui garantit ni temps faible ni temps mort, en la bonne compagnie de Djian; et, comme toujours, ça dépote, ça fonce à 200 à l’heure…

Quelques réserves

S’il fallait être très désagréable avec Philippe Djian, on lui demanderait de cesser d’être obsessionnel, lui qui ne conçoit le travail d’écrivain que dans la recherche, à chaque chapitre, à chaque page, à chaque phrase, du mot juste, du son de l’époque… Mais impossible, vraiment, d’être désagréable avec lui, car son talent est indéniable!

Encore un mot...

En près de deux cent pages, quinze ans de la vie de Myriam, post-ado quand tout commence. Il y a de la drogue, des amants, des maîtresses. Et de la célérité. Du grand Djian!

Une phrase

« Nos voisins les plus proches étaient des vieux. Je ne m’y intéressais pas beaucoup. Je jetais rarement un coup d’œil dans leur jardin quand je passais, je les saluais à peine s’ils étaient dehors à inspecter leurs fleurs ou leur gazon ou occuper à lire dans leurs chaises longues en buvant du thé glacé. Je tournais la tête vers les bois, je regardais ailleurs. Mon père me demandait juste d’être polie avec eux ».

L'auteur

Philippe Djian est né le 3 juin  1949 à Paris. Après avoir être été diplômé de l’Ecole supérieure de journalisme (Paris), il séjourne en Amérique du sud pour un grand reportage qu’il publie dans « L’Humanité Dimanche ». Il sera ensuite docker au Havre, magasinier chez Gallimard puis vendeur. Grand amateur de Louis-Ferdinand Céline et de littérature américaine (J.D. Salinger et Raymond Carver, surtout), il publie, en 1981, un premier recueil de nouvelles : « 50 contre 1 ». Il connaîtra le succès public avec des romans comme « Zone érogène », « 37°2 le matin » (adapté au cinéma par Jean-Jacques Beineix), « Maudit manège »… En 2005 (et jusqu’en 2008), sur le même modèle que les séries télé, il propose « Doggy Bag », une série littéraire en six saisons. Grand voyageur, il écrit également des chansons pour Stephan Eicher avec qui, de temps à autre, il monte sur scène. Il se définit comme un « écrivain hors de la littérature ».

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François Cheng, de l’Académie française postface de Daniel-Henri Pageaux