Jacky

A l’ère des jeux vidéos, un récit familial dur et émouvant superbement servi par la voix de Jérémy Lopez
De
Anthony Passeron
Version audio réalisée par les éditions Audiolib parue en 2025
Texte lu par Jérémy Lopez
Durée 3 h 28
19,45 Euros en téléchargement
(Edition brochée, première parution en 2025 chez Grasset 208 pages)
Notre recommandation
3/5

Infos & réservation

Thème

Dans Jacky, Anthony Passeron remonte le fil de son enfance dans une vallée reculée de l’arrière-pays niçois, au sein d’une famille de bouchers où l’autorité du père, figure centrale et fuyante, s’effrite lentement. Jacky, le père, s’éclipse peu à peu, jusqu’à devenir une ombre. En contrepoint, les consoles de jeux vidéo - Atari, Nintendo, Sega - jalonnent le récit comme des bornes lumineuses. Elles incarnent à la fois l’insouciance des premières années et la fuite silencieuse vers des mondes imaginaires, quand la réalité commence à vaciller.

Points forts

  • Un fil conducteur singulier : en tissant le destin d’une génération d’enfants joueurs avec l’essor des premières consoles, Passeron fait des jeux vidéo bien plus qu’un simple décor -  ils deviennent une métaphore de l’évasion, un écho silencieux à la fuite du père. Ce parallèle habile donne à cette chronique familiale une profondeur inattendue.
  • Un rythme tendu : l’écrivain va à l’essentiel, sans digressions ni répétitions. Un roman bref, mais qui serre le cœur plus longtemps que bien des pavés. Chaque page semble peser plus qu’elle n’en a l’air.
  • La force du récit : au fond, il y a deux types de livres audio - ceux que nous subissons, l’oreille distraite, en guettant la fin… et ceux que nous suivons avec impatience, happés, désireux de connaître la suite. Jacky appartient sans hésiter à la seconde catégorie. C’est le genre d’intrigue qu’on n’interrompt pas sans un pincement - la preuve qu’elle marche, qu’elle touche, qu’elle reste.

Quelques réserves

Un style parfois dépouillé : les phrases, souvent brèves, manquent par moments de relief ou de souffle. On aurait aimé en lire davantage du calibre de celle citée ci-dessous, plus ciselée, plus marquante. Cela dit, cette simplicité s’explique aussi par le point de vue adopté - celui d’un enfant ou d’un adolescent - qui impose une langue simple, directe, fidèle à l’âge et à l’émotion brute du narrateur.

Encore un mot...

Jacky est un roman touchant, mêlant nostalgie et douleur, qui parvient à rendre sensible la lente désintégration d’un père et le vide laissé dans une famille. Par petites touches franches, il dessine une émotion nue, sans emphase. Et ce pari de faire des jeux vidéo une colonne vertébrale narrative étonnante et limpide fonctionne pleinement. Une écoute qui parlera à celles et ceux dont l’enfance fut traversée par le silence des adultes et la lumière tremblante d’un écran cathodique. Un roman pour ceux qui savent que parfois, ce sont les jeux qui racontent le mieux ce que les pères taisent.

Une phrase

“ J’aurais voulu qu’on se demande enfin quelle malédiction, quelle pluie de mépris, de bêtise et de brutalité tombait depuis des décennies, des siècles peut-être, dans cette vallée que certains n’avaient d’autre choix que de fuir.”

L'auteur

Anthony Passeron est né à Nice en 1983. Après avoir passé son enfance dans l’arrière-pays azuréen, il devient professeur de lettres, d’histoire et de géographie en lycée professionnel. Son premier ouvrage, Les Enfants endormis (Prix Wepler, finaliste du Prix du Livre Inter), paru en 2022 aux éditions Globe, a connu un immense succès et a été traduit dans une quinzaine de langues. Jacky est sa deuxième publication.

Le lecteur :
Né en 1984, Jérémy Lopez est un acteur de théâtre, sociétaire de la Comédie-Française. Il sait rendre à merveille l’atmosphère d’Anthony Passeron et sa voix très légèrement rauque confère une couleur particulière en harmonie parfaite avec l’atmosphère du livre.

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