La dame au petit chien et autres nouvelles
Version texte intégral
Texte lu par Patrick Chesnais
Durée 1 h 55
29,99 Euros version CD ; 20,95 Euros en version numérique
308 pages, parue en 2020 aux éditions Rue Saint Ambroise
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Thème
La dame au petit chien : un homme marié, une femme mariée, un flirt d’été à Yalta. Rien de plus banal, en apparence. Mais Tchekhov transforme ce lieu commun en une histoire d’amour bouleversante, pudique et tragique dénonçant, au passage, la pratique des mariages non choisis.
Chez la maréchale de la noblesse : en l’honneur de son défunt mari, la maréchale de la noblesse organise chez elle un office funéraire suivi d’un dîner raffiné mais sans alcool. En effet, la boisson est responsable du décès du cher homme. Les convives s’ingénient à contourner l’interdit...
L’œuvre d’art : Une sculpture très osée, offerte en remerciement à un médecin, circule de main en main. Personne n’en veut, chacun la refile à un autre. La chute est savoureuse.
L’homme à l’étui : Tchekhov brosse le portrait d’un professeur de grec, qui sort été comme hiver avec un gros pardessus et un parapluie. Tout chez lui est protégé par un étui. D’une rigueur morale rare, craignant la rumeur publique, il tombe néanmoins amoureux...
Dans Les relégués, deux conceptions philosophiques s’affrontent : l’une dans laquelle il faut s’affranchir de ses désirs pour pouvoir survivre en Sibérie et l’autre dans laquelle la vie n’aurait aucun sens sans plaisir même si celui-ci est délétère et éphémère.
Après le théâtre : Une adolescente rentre du théâtre où elle a vu une pièce qui l’a faite vibrer. Seule dans sa chambre, elle essaye d’écrire une lettre à ses deux soupirants et se met à rêver.
Points forts
- Un réalisme : Là où Poe cultive l’étrangeté et l’abstraction (cf la chronique-audio des 3 nouvelles d’Edgar Poe, Le scarabée d’or - La lettre volée - Morella), Tchekhov ancre ses récits dans un quotidien palpable. Avec lui, on sent les odeurs de la Russie tsariste, on entend les bouteilles de Vodka se vider. On y est. Parce qu’il était médecin, Tchekhov a vu tout ce que la société avait à offrir du moujik à l’aristocrate. Il n’en tire pas des leçons, mais une vision d’ensemble d’une justesse troublante.
- Une curieuse impression : les nouvelles de Tchekhov, il en a écrit plus de six-cents, tranchent radicalement de celles d’Allan Poe, qui sait maintenir en haleine son lecteur jusqu’à la chute que l’on attend impatiemment. Ici, pas de morale implicite, pas de fin tranchante, pas d’aventures sensationnelles, on a l’impression que rien ne se passe et pourtant, chaque nouvelle laisse à l’auditeur des sensations inhabituelles.
Quelques réserves
Si cette sélection illustre bien la richesse du style tchekhovien, elle laisse aussi un goût d’inachevé. Pourquoi ces nouvelles plutôt que d’autres ? Quid d’une intégrale audio ?
Encore un mot...
Mention spéciale à l’humour mordant de Chez la maréchale de la noblesse et de L’œuvre d’art. Deux bijoux d’ironie sociale.
Une phrase
« Passer son temps au milieu d’oisifs, de chicaneurs, de femmes bêtes, futiles, dire et écouter toutes sortes de balivernes, n’est-ce pas vivre dans un étui ? » (L’homme à l’étui).
L'auteur
Anton Tchekhov (1860-1904), médecin de formation, a marqué le théâtre russe avec des pièces comme La Cerisaie, Oncle Vania ou La Mouette. Épris de justice sociale, il alla au bagne de Sakhaline, mettant sa fragile santé en péril et rédigea un rapport très précis qui améliora les conditions de détention.
Le lecteur :
Né en 1946, Patrick Chesnais est un acteur, réalisateur, dialoguiste, scénariste et écrivain français. Sa brillante carrière, à la fois au théâtre et au cinéma, est récompensée par deux Molière et deux césar. Sa voix grave, légèrement voilée, donne au texte un rendu d’un naturel inouï.
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