
Dylan Fantasy. The record with no name / Mon disque
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A la suite de la sortie du biopic Un Parfait Inconnu (voir ci-dessous la chronique cinématographique de Dominique Poncet, avec laquelle je ne ferai pas redondance) il convenait de s’intéresser “à la carrière de deux ou trois jeunes gens”, dont le bon génie est un certain Robert Zimmerman.
Parmi les nombreux élus nous citerons Melanie, The Rolling Stones (évidemment), The Band (son orchestre), Brian Ferry, les Français Hugues Aufray et Bobby Dirninger entre autres.
Dans le film, Un parfait inconnu, dont je vous recommande la bande originale, nous quittons l’impétrant sur scène. Il s’est ouvert au Rock avec quelques titres électrisés (scandale, la gaine qui tue !) au grand dam du milieu orthodoxe du Folksong fidèle à l’acoustique.
Malgré des huées et des cris dénonçant une trahison, le chanteur a marqué des points et reçoit les applaudissements nourris d’un public prêt à accepter ce virage, introduisant une vaste orchestration en studio et sur scène (voir : The Band).
En fait, il y avait de la place pour les deux genres de musique :
Le Rock de Dylan l’emporte sur le Folk de Joan Baez, de Pete Seeger et consorts, mais il ne renie ni ses origines, ni les futures compositions de ses textes.
Le Rock lui permet d’évoluer, de se diversifier en revenant quand il lui plait aux ballades (Lay Lady lay,), à la protest song (Story of the Hurricane), au Blues (Blind Willie McTell)...
Points forts
Ce disque est juste une illusion, comme disent les chanteurs du duo Imagination.
Je choisis à dessein quelques titres parmi la discographie du Maître, ne comptant pas moins de 35 albums officiels. Choisir un seul, est une “mission impossible” et je vous propose donc mon album, mon « vinyl imaginaire et idéal » avec :
Mr Tambourine man :
Ce dernier vient frapper à votre porte et vous invite à “partir”, sur fond d’une aube fantasmagorique. Une des sources d’inspirations de Dylan, comme le brouillard pourpre, l'était pour Jimi Hendrix.Like a rolling stone (sorti en single de six minutes le 20 juillet 1965 !) :
Son plus grand succès mondial, toujours d’actualité dans le registre Rock de Dylan.Toute la peine des perdant(e)s de la vie amoureuse et futile y est dépeinte.
En principe, la cible est Miss Lonely, la délaissée, l’objet du désamour.I want you :
A l’inverse ici, le désir irrésistible. L’a-t-il composée à la suite de sa venue à Paris, où il a exigé de rencontrer Françoise Hardy ?All along the watchtower (studio and live 1974) :
Une de ses plus belles chansons. Des dialogues improbables entre un fou du roi et un voleur, une princesse qui guette du haut de sa tour, des servantes aux pieds nus et des cavaliers approchent d'un château où le vent s’engouffre.
De cet univers médiéval et poétique, les reprises seront nombreuses.
La plus flamboyante dans l’histoire du Rock reste celle de Jimi HendrixThe girl from the North Country fair :
(Version revisitée à Nashville avec son vieux complice, Johnny Cash). Lente et sensuelle, cette reprise vient en miroir de Lay Lady lay, titre phare de l’album.Knockin’ on heaven’s door :
Musique du film Pat Garrett and Billy the Kid (où il tient un petit rôle).
Dylan inscrit ce grand succès dans la tendance rythmique Reggae, ce qui peut paraître surprenant a priori de sa part. Cela fonctionne parfaitement et on frappe pour de bon à la porte du paradis en l’écoutant.The story of the Hurricane :
Retour à la protest song, avec un accompagnement inhabituel au violon dans un rythme effréné. On retrouve les accents du militant qui réclame justice, pour un boxeur noir condamné pour meurtre, dans une enquête pas claire du tout…Blind Willie McTell :
Retour au Blues, pour un hommage à l’un des patriarches du genre.C’est ici que je vous invite à trouver sur internet la version de notre bluesman français, très influencé par Dylan, interprète et compositeur lui-même : Bobby Dirninger. Vous retrouverez l’évocation poignante des esclaves du Mississipi et de leur trouvère aveugle.
Quelques réserves
Elles tiennent essentiellement dans le choix limité et arbitraire des titres que j’ai sélectionné ci-dessus.
Il y a aussi forcément des incompréhensions entre les publics et l’auteur (d’autant qu’il reste souvent secret sur beaucoup de choses), d’où le peu d’enthousiasme pour des albums (Self portrait) ou des titres restés dans l’ombre.
Encore un mot...
Dans les premières chansons on trouve une force extraordinaire, rappelant l’implication de Dylan dans les combats de sa génération : la ségrégation, la guerre du Vietnam, les côtés hypocrites de l’American way of life. Le sommet est atteint par des titres tels que : The times they are a-changin’, With God on our side, Masters of war
Une phrase
[Sur l’inspiration :]
“L’important n’est pas de savoir d’où vient l'œuvre, mais où elle vous emmène.”
“Quelques fois, même le Président (des Etats Unis) doit se tenir nu,
Ne serait-ce que pour prendre un bain, personne n’est donc au-dessus des autres.”
L'auteur
De son vrai nom Robert Zimmermann, Dylan, né en 1941, plus vivant que jamais
est le meilleur pour certains, le chanteur-poète à la personnalité complexe pour d’autres, et nous tient en haleine à chaque concert, à chacun de ses essais, tel Montaigne, sur le genre humain.
C’est sans doute là que se tient son génie et moins dans cette voix, si particulière certes, mais nasillarde, venant des entrailles du Middle West, parfois ébréchée ou monotone (mais que n’a-t-on pas dit de celle de Brassens ?).
Prix Nobel de littérature, je vous prie ! Ce poly-artiste n’a pas fini de nous intéresser, vu la richesse de son répertoire. Je vous y convie sans modération.
Sur Culture-Tops : Un parfait inconnu
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