Éternelle Notre-Dame
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Thème
Le 15 avril 2019, la flèche puis le toit couvrant nef et transept de Notre Dame de Paris disparaissaient dans un terrible incendie. Qui ne s'en souvient pas ? La problématique de la reconstruction des charpentes de la Cathédrale a ouvert de nombreux pans de recherche pour en comprendre la genèse, en découvrir des aspects révélés par les dégâts causés par l'incendie, et en concevoir la restauration dans les conditions d'authenticité les plus fidèles aux techniques de l'époque.
C'est sur ces bases que s'ouvre cette visite en réalité virtuelle sur l'histoire de la construction de Notre Dame. Grâce à un dispositif composé d'un ordinateur que vous portez dans un sac à dos et des lunettes de réalité virtuelle, vous êtes entraîné dans la ville médiévale et le chantier ancien, depuis le milieu du 13ème siècle jusqu'à la restauration des charpentes de ces dernières années, sans oublier la grande restauration de Viollet-le-Duc, au milieu des années 1850. A qui l'on doit, entre autres interprétations "romantiques", la flèche qui brûla en 2019.
Coupé de la réalité, mais guidé par un maître charpentier, compagnon du devoir, vous allez arpenter nef, travées et transept, croiser artisans et religieux, grimper avec le hérisson dans les échafaudages, découvrir la mise en place des vitraux, le grand orgue, les cloches et le secret de la captation de leurs vibrations, le chantier après l'incendie et les travaux de restauration… Vous allez partager le quotidien du petit monde qui fit de la cathédrale de Paris un chef d'œuvre architectural et spirituel.
Présenté simultanément sous la Grande Arche de la Défense et sous le parvis de Notre Dame de Paris, outre le petit temps de mise en œuvre, ce spectacle- voyage dure 45 mn.
Points forts
Et bien c'est simple : si vous êtes bon public : on s'y croirait ! Vous allez vous baisser pour passer sous des murs et des poutres, éviter les gravats, vous allez craindre le vertige en vous élevant vers les voûtes, les vitraux, dans les tours… Vous allez vouloir descendre des marches, vous pencher en avant, vous appuyer sur des parapets ! L'expérience est parfaitement immersive, les animations très réalistes et beaucoup de visiteurs en couple se tiennent la main - enfin, celle de leur avatar - pour vivre ensemble cette expérience déroutante, et combattre - pour l'un - pour l'autre - l'appréhension de marcher au dessus du vide, ou tout simplement un vertige … purement virtuels !!
Décors et scénario sont convaincants, le texte est simple, tout public malgré l'impossibilité d'offrir l'expérience aux plus jeunes (voir les réserves) et multilingue pour un public international.
S'il n'apprendra pas grand-chose à ceux qui ont une certaine culture religieuse et architecturale, il révèle quelques aspects intéressants de la construction et de la restauration qu'il nous est impossible d'avoir vus, faute de vivre 850 ans et de faire partie, avant, pendant et après l'incendie de 2019, de l'équipe des artisans mobilisés sur le chantier.
Décors, costumes, lumières et couleurs sont très soignés, contribuant efficacement au sentiment de voyage dans le temps.
Une petite réserve peut être formulée à ce stade : le passage dédié à la restauration de ces dernières années est visuellement très spectaculaire. Mais il ne rapporte que peu de choses de la mobilisation des scientifiques qui ont œuvré à la compréhension de la construction de la cathédrale et à aux bonnes pratiques pour sa restauration. C'est une autre histoire, me direz-vous. Mais c'est aussi l'occasion de montrer à quoi sert la recherche scientifique, une occasion de faire naître des vocations. Un très bel ouvrage traite de ces questions, chroniqué sur Culture-Tops : Notre Dame, la science à l'œuvre.
Quelques réserves
Trois remarques qui ne sont que des réserves, pas des critiques :
L'accès est conseillé aux enfants à partir de 11 ans, interdit aux moins de 8 ans. Argument des organisateurs : la "visite" demande à la fois discipline (suivre les instructions de déplacement de façon précise et coordonnées), la capacité de porter, pendant 45 mn, un sac à dos de 4 kilos et un casque assez volumineux, dimensionné pour des visages adultes.
La seconde réserve est technique : les images lointaines restent un peu floues. Ce n'est pas vraiment gênant, mais peut être une déception sur certaines scènes, comme celle consacrée aux vitraux de Notre Dame. Pourquoi cela ? D'après nos sources, cela est dû à un équilibre entre le poids de l'équipement et la résolution choisie pour les scènes animées. Une définition presque parfaite aurait exigé un équipement plus lourd.
Enfin, le tarif est élevé, sachant que le prix le plus bas est de 20,99 € par personne, enfant compris. Ne manquez cependant pas le petit avantage réservé aux détenteurs du Pass Navigo de la RATP, il donne droit au tarif réduit. Notez quand même que 30% du prix du billet est reversé à l'Établissement public pour la restauration de la Cathédrale.
Encore un mot...
Eternelle Notre Dame est sans doute une première technologique, si ce n'est dans sa forme, du moins dans sa globalité, scénario, mise en scène, réalisation et mise en œuvre. Déroutant, incontestablement immersif, c'est un spectacle, cher, à voir pour son originalité. La forme du voyage dans le temps et dans l'espace, avec l'interface de la réalité virtuelle, offre aux spectateurs une expérience vraiment étonnante, dont vous pourrez choisir, en respectant les espaces délimités, les points de vue. Le spectacle a reçu en novembre 2023 le prix Historia dans la catégorie "Histoire et nouvelles technologies" !
Une illustration
L'auteur
Le spectacle bénéficie du Mécénat et de l'expertise de l'opérateur Orange. Bruno Seillier, auteur et directeur artistique des spectacles « Dame de Cœur » ou « La Nuit aux Invalides », en a assuré la scénarisation et la scénographie en partenariat technique avec la société Emissive ; Amaclio Production, producteur de spectacles événementiels notamment dédiés au patrimoine, en assure l'exploitation. La Nuit aux Invalides, diffusé au cours de l'été 2022, qui a reçu plus de 650.000 spectateurs, est une de ses réalisations.
La production a bénéficié de nombreux soutiens, dont ceux du Diocèse de Paris, de l'Établissement Public en charge de la restauration, de la Ville de Paris et autres mécènes, entreprises privées du secteur des médias notamment.
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