Ahlam

Un SAS à l'eau de rose
De
Marc Trévidic
Editions JC Lattès - 320 pages
Notre recommandation
2/5

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Lu
par Culture-Tops

Thème

Paul Arezzo, peintre français en quête de solitude et d'inspiration, débarque en janvier 2000 sur une île tunisienne au large de Sfax. Se liant d'amitié avec le pêcheur Farhat et sa belle épouse Nora, il initie leurs deux jeunes enfants Ahlam et Issam à la peinture et au piano. Au nom d'un serment fait à Nora dans de dramatiques circonstances, l'artiste entoure la famille avec affection et, convaincu des talents artistiques hors normes des enfants, les pousse à cultiver leurs dons. Une décennie plus tard, la chute de Ben Ali et la montée de l'islamisme compromettront tous ses espoirs mis dans les jeunes Tunisiens et son amitié désintéressée pour eux sera éprouvée par la tentation salafiste du jeune Issam et par la relation passionnée qu'il nouera avec Ahlam, de vingt ans sa cadette.

Points forts

- Le décor du roman, les Kerkennah, petit bout de Tunisie et lieu d'inspiration du peintre, est absolument enchanteur. Loin de l'épicentre du pouvoir, les secousses du Printemps arabe puis la montée de l'islamisme sont comme amorties par la mer qui apaise les esprits et préserve la quiétude des pêcheurs qui y vivent en paix.
                 
 - La plongée au cœur d'une cellule salafiste qui engloutit jusqu'à le faire sombrer, Issam, l'enfant prodigieusement doué, est terriblement bien décrite et crédible.

Quelques réserves

- L'histoire d'amour cousue de fil blanc entre le peintre français et la jeune Tunisienne sortie de l'adolescence serait plausible et charmante si elle avait un peu plus de consistance et ne servait pas seulement à parsemer le récit d'"Il lui fit l'amour", toutes les cinq pages...

- Si les personnages tunisiens sont bien sentis -le pêcheur fataliste, la belle-mère francophile, la jeunesse éprise d'absolu-, le regard du peintre sur la société tunisienne, plein de certitudes voire de morgue occidentale, est agaçant.

Encore un mot...

Malgré une trame plaisante sur un fond politique passionnant, l'étalage de bons sentiments nuit vraiment au récit. Sous prétexte d'émancipation et de soif de liberté, la jeunesse tunisienne semble n'avoir d'autre choix que la radicalisation religieuse ou l'amour libre. Faisant fi un peu vite des tiraillements inhérents à une société musulmane aux prises avec la modernité, le seul alibi artistique et sentimental du livre laisse, in fine, l'impression d'un SAS à l'eau de rose.

Une phrase

"Tout le monde déteste le régime Ben Ali. Moi, je m'en moque. Je suis pêcheur à Kerkennah. Personne ne m'a jamais interdit de pêcher à Kerkennah. Rien de ce qui est beau n'appartient à Ben Ali. Lui, il a seulement le pouvoir et l'argent. Mais la beauté de Kerkennah, le soleil, la mer, le vent, il nous les laisse. Il ne peut pas nous les voler. Et c'est tout ce que je demande."

L'auteur

Marc Trévidic est un magistrat français né en 1965. Juge d'instruction au tribunal de grande instance de Paris au pôle antiterrorisme entre 2006 et 2015, il eut à traiter de grandes affaires comme l'assassinat des moines de Tibhirine, affaire dont il déplora n'avoir pu aller au bout.

Il est depuis 2015 premier vice-président du tribunal de grande instance de Lille.
Il a publié plusieurs essais:  Au cœur de l'antiterrorisme (2011), Terroristes: les 7 piliers de la déraison (2013) et Qui a peur du petit méchant juge? (2014).

Ahlam est son premier roman.

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