Dans le ventre de Klara

Entre histoire et intimité : comment naissent les destins
De
Régis Jauffret
Récamier
Parution le 4 janvier 2024
245 pages
21,90 €
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Thème

  • Dans le ventre de Klara raconte la gestation d’Adolf Hitler, qui n’est jamais nommé. De juillet 1888 à avril 1889, Klara Hitler porte dans son ventre celui qui est destiné à incarner le mal absolu.
  • Pendant ces 9 mois, le livre de Régis Jauffret nous plonge dans la vie intra-utérine du futur dictateur.
  • C’est une plongée effrayante dans un univers fait de violence, de souffrance, de religiosité … et de personnages saisissants, misérables et consanguins.

Points forts

  • Il fallait oser plonger dans cet épisode effroyable. Même si Régis Jauffret nous avait habitués à s’accaparer des destins hors normes, dans SévèreClaustria et La ballade Rykers Island, il atteint ici une sorte d’absolu en s’emparant du sujet « Hitler ».
  • Pour écrire Dans le ventre de Klara, il s’est considérablement documenté sur la généalogie d’Hitler ; il fournit une description réaliste, documentée par des éléments biographiques, de la vie courante de sa parentèle dans cette région autrichienne reculée et inhospitalière de la fin du XIXème siècle. Il a imaginé le reste, se plaçant dans la posture d’un écrivain post-Shoah qui n’ignore rien du destin monstrueux de son personnage.
  • L’auteur donne la parole à Klara qui raconte son histoire à la première personne, sous la pression constante de son mari - qui est aussi son oncle -, sorte de véritable tortionnaire esclavagiste qui l’asservit en permanence dans un climat de violence extrême. Cela donne une confession affreusement intime et parfois délirante qui prend aux tripes.
  • L’auteur réussit le tour de force de faire le lien entre le questionnement sur l’avenir qui taraude toute femme enceinte et ce que va devenir son fils, auteur du plus grand génocide de l’histoire. Au final, ce récit halluciné possède une puissance évocatrice extraordinaire. Une vision cauchemardesque certes mais surtout une profonde exploration de l’âme humaine.

Quelques réserves

  •  Aucune, si ce n’est pour les âmes sensibles. Mais ceux qui apprécient l’univers morbide et l’imagination débridée de l’auteur ne manqueront pas d’apprécier, comme s’il avait encore réussi à repousser les limites de l’indicible.

Encore un mot...

  • Avant de se décider à sortir son texte en France, Régis Jauffret a d’abord publié son livre, sous le titre 1889, en Italie en janvier 2023, où son roman Microfictions avait connu un grand succès.
  • Rassuré par son accueil, Dans le ventre de Klara sort ensuite en France en 2024, dans une version remaniée. Il n’exclut d’ailleurs pas de le reprendre encore pour une future sortie en format poche.

Une phrase

« Les mères demeureront toujours comptables des péchés commis plus tard par l'enfant qu'elles ont porté. On nous accusera d'avoir concocté neuf mois durant un assassin, un monstre, un être qui fera regretter Dieu d'avoir créé Adam et on nous reprochera d'avoir engendré ces fratries asphyxiées aux cendres dispersées, fumant la terre des potagers dont la récolte nourrira les bambins des bourreaux, et nous prêtant le pouvoir de divination des sorcières, on nous blâmera de n'avoir pas cousu nos vulves afin de les préserver de l'existence et du supplice. » (page 7)

L'auteur

  • Régis Jauffret est un auteur français né en 1955 à Marseille. Après ses études (maîtrise de philosophie), il s’installe à Paris et écrit des pièces radiophoniques pour France Inter et des articles pour la revue Tel Quel. En 1985, il publie son premier roman, Seule au milieu d’elle. Suivront, entre autres, Clémence Picot (1999), Univers, univers (2003, prix Décembre), Asiles de fous (2005, prix Fémina), Microfictions (2007, prix France Culture-Télérama).
  • Trois de ses romans ont déjà été directement inspirés par des faits divers : Sévère (2010, sur la mort du banquier Edouard Stern), Claustria (2012, sur la séquestration d’une jeune fille par son père dans une cave pendant vingt-quatre ans) et La Ballade de Rikers Island (2014, sur l’affaire DSK). 

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