Dans les westerns

De l'élégance, de la passion et du souffle
De
Gilles Leroy
Editions Mercure de France - 320 pages
Notre recommandation
4/5

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Lu
par Culture-Tops

Thème

Le narrateur, un écrivain français, fait le voyage outre-Atlantique : il vient enquêter sur un film que, cinquante-cinq ans après la sortie originelle, la Paramount projette dans une version neuve et colorisée. 

A défaut de connaitre la véritable histoire, le narrateur pressent les coulisses et les dessous de « La Piste héroïque », western tourné en 1948 dans l’Arizona. 

Ainsi, plus d’un demi-siècle après, il rencontre trois personnes qui ont participé à ce film: deux comédiens et Lenny le producteur… 

Au fil des pages d’un roman en quatre parties (« Hell’s Kitchen », « La maison sur la plage », « L’hacienda » et « Notre-Dame-des-Anges »), défile un casting XXL, de Mae West à Montgomery Clift en passant par Marlon Brando, John Wayne, Rock Hudson, Humphrey Bogart; sans oublier Paul Newman et l’écrivain James Baldwin qui accompagnent Bob dans une manifestation pour protester contre le meurtre d’un leader noir.

 « La Piste héroïque »est un western à succès, avec Paul Young et Robert Lockhart, surnommé « Bob », et la comédienne Joanne Ellis, starlette fabriquée par Hollywood dès l’enfance. Le scénario est digne d’un navet du 7ème Art : les deux jeunes hommes sont frères (l’un reconnu, l’autre adopté) ennemis et n’ont d’yeux que pour la métisse apache que joue Joanne Ellis. 

Ça, c’est pour l’histoire que Hollywood vend au public. Mais, en coulisses, c’est tout autre : sur le tournage, Paul Young, 27 ans, et Bob Lockhart, 20 ans et 1m92, font chambre commune. Le premier découvre l’amour au masculin, la liaison durera sept ans. Mot d’ordre à Hollywood où tout le monde savait : on ne dit rien. Dans l’Amérique puritaine d’alors, quand cette relation prendra fin, Paul Young se mariera avec une femme, deviendra père de famille et sénateur…

Points forts

- Une fois encore, Gilles Leroy prouve qu’il est bien un écrivain de souffle et de passion, d’humanité et de romanesque et qu’il aime l’Amérique, celle qui lui sert de matériau pour ses romans (hier, « Alabama Song », « Zola Jackson » ou encore « Nina Simone, roman » ; aujourd’hui, « Dans les westerns »).

- L’auteur sait écrire le foisonnement et la superbe, avec des mots choisis, toujours justes et sensibles.

- La construction efficace et parfaitement maîtrisée du roman où se mêlent l’enquête et la légende.

- La plongée dans le monde du cinéma américain de l’après-guerre avec ses stars, ses us et coutumes, ses non-dits et ses scandales.

Quelques réserves

Juste un regret quand on referme le roman de Gilles Leroy : on aurait pu espérer un titre autrement plus étourdissant que ce plat, banal et tellement ordinaire "Dans les westerns"...

Encore un mot...

Entre roman d’amour et romance, « Dans les westerns » plonge dans les coulisses du cinéma américain au temps du maccarthysme puritain, et enquête sur la relation amoureuse entre deux acteurs. Un livre d’une grande sensibilité, d’un foisonnement élégant. Bref, un roman magnifique sur grand écran !

Une phrase

- « Du dernier étage, on voit le ciel sans fin, le ciel piégé tout autour par le verre. Les nuages glissent en accéléré, ils fuient, dirait-on, oubliant derrière eux l’épais rideau de pluie que le vent pousse, oblique ».

- « On l’a toujours sue, cette vérité (…), elle était sous nos yeux et d’une certaine façon ce n’est pas eux, les garçons, qui se sont cachés, c’est nous, nous tous, qui avons voulu les cacher ».

L'auteur

Né le 28 décembre 1958 à Bagneux (Hauts-de-Seine), Gilles Leroy est écrivain. Après des études en lettres et arts, il voyage et se prend de passion pour les littératures américaine et japonaise. Il publie son premier roman, « Habibi », en 1987. Suivront seize autres romans, dont « Alabama Song »- prix Goncourt 2007, « Zola Jackson »- 2010, « Nina Simone, roman »- 2013, et le dernier en date, « Dans les westerns ».

Il a également écrit des nouvelles, des scénarios pour la télévision et deux pièces de théâtre : « Le Jour des fleurs » (2005) et « Ange Soleil » (2011). 

Evoquant la critique, il confie : « Désagréable ou agréable, la critique est à la fois l'utilité de l'art en même temps que sa futilité ». Et  affirme : « Je suis sans lien de sang sur cette Terre ».

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