D'après une histoire vraie

De
Delphine de Vigan
Editions JC Lattès - 480 pages
Notre recommandation
4/5

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Lu
par Culture-Tops

Thème

Autobiographie et fiction se mêlent subtilement et diaboliquement dans ce roman. L'auteur parle à la première personne du singulier et raconte l'histoire de sa rencontre avec une femme manipulatrice alors qu'elle se trouve dans une période de fragilité et d'inquiétude face à la page blanche, après le succès de son dernier roman. Quelle est la part du réel et la part du roman ? L'œuvre doit-elle se nourrir de la vraie vie, de l’authentique ?

Points forts

- Un va-et-vient permanent entre autobiographie et roman, où l'on ne sait plus ce qui est réel et ce qui ne l'est pas à travers l'histoire de l'emprise d'une femme sur une autre. L'une qui est "nègre",  elle écrit donc pour les autres, dénommée L. (Elle). L'autre qui est écrivain - c'est Delphine de Vigan (Je). Deux intelligences, deux affects qui s'affrontent progressivement dans un schéma séduction/répulsion. Contrairement à la seule critique que j'ai lue à propos de cet ouvrage, je ne trouve pas qu'il y ait de suspense. Delphine de Vigan fait vite comprendre que l'on s'achemine vers le drame. Le sujet n'est pas là. 

- Le sujet c'est le cœur de l'écriture, et l'éternel débat entre l'auteur et l'œuvre. Qu'est-ce qui relève de la fiction ? Qu'est-ce qui relève de l'intime, du vécu ? 

- Delphine de Vigan pose également la question de l'attente des lecteurs, du côté voyeur qui existe en chacun de nous.

Cette question est particulièrement douloureuse pour l'auteur après le succès de son roman précédent qui racontait, en le ´fictionnant' bien sûr, le suicide de sa mère souffrant de troubles bipolaires. Elle décrit son désarroi face aux lecteurs touchés par l'histoire qu'ils ressentent vraie et, dans le même temps, face aux lettres anonymes qu'elle reçoit, lui reprochant de se mettre en avant et de gagner de l'argent de façon ignoble, sur le dos de sa famille.

Là encore, une interrogation sur le travail du créateur.

- Delphine de Vigan y répond clairement. Tout le livre est l'histoire de son combat pour défendre la création et donc la fiction. A bas les effets de mode et le public qui réclame du vrai, du vécu, des tripes. Le travail d'un auteur est tout autre.

- Roman très maîtrisé voire virtuose. L'œuvre dans l'œuvre a été traité à maintes reprises mais Delphine de Vigan s'en sort magnifiquement. Belle écriture, belle narration ! 

Quelques réserves

- Un côté saphique assez marqué. Probablement pour expliquer l'emprise qui ne peut advenir que d'un être séduisant, et doté d'une intelligence intuitive. 

- Quelques longueurs.

Encore un mot...

Comme disait Aragon, le roman est l'art du "mentir-vrai". Quel merveilleux oxymore ! La fiction n’est pas un mensonge mais rend la réalité plus esthétique et poétique et c’est tant mieux.

Beaucoup de talent et de maestria dans ce livre. C'est vraiment très intéressant. Belle illustration de cette phrase de Jules Renard que Delphine de Vigan cite : « Dès qu'une vérité dépasse cinq lignes, c'est du roman. »

Bravo !

Une phrase

" J'ai pensé que L. avait perçu mon point de démence et réciproquement. Peut-être était-ce d'ailleurs cela une rencontre, qu'elle soit amoureuse ou amicale, deux démences qui se reconnaissent et se captivent."

L'auteur

Delphine de Vigan est née en 1966 à Boulogne-Billancourt et a commencé à écrire en 2001. 

Elle est l'auteur de plusieurs romans dont No et moi, les Heures souterraines et Rien ne s'oppose à la nuit qui a consacré son talent et sa renommée. Elle a d'ailleurs reçu plusieurs prix pour ce livre : Prix Fnac, Grand prix des lectrices de Elle et Prix Renaudot des lycéens.

Elle a deux enfants et vit à Paris. Delphine de Vigan est la compagne de François Busnel, animateur de l'émission de télévision "La Grande Librairie" . 

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