Deux petites bourgeoises
140 pages, 17 €.
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Thème
Héloïse et Esther sont des amies d’enfance. Elles ont vécu dans les beaux quartiers de Paris, goûté aux loisirs sophistiqués, aux sorties culturelles et aux grands restaurants. Loin du militantisme, des préoccupations idéologiques ou politiques, elles ont aimé parler entre elles de leurs histoires d’amour respectives. Elles se ressemblent et ont chacune des styles de vie différents, bien qu’on ne voie pas ces différences au premier abord.
Elles s’aiment et se jaugent, se parlent et gardent pourtant leurs distances. Mais le malheur n’est pas regardant et frappe tous les milieux. Le sort prend des allures de punition, non pas pour des risques pris, des prédispositions, mais parce qu’il semble prendre sa revanche sur une vie saine, dorée, jusque-là sans drame.
Points forts
- Il y a dans ce roman une atmosphère détachée, douce et enlevée, une ironie très légère et très tendre. L’enfance des deux amies y est décrite avec une distance qui pointe les futilités, la naïveté, les espoirs propres à des jeunes filles issues d’un milieu préservé. Et les “problèmes de riches” qui en découlent plus tard, la surdramatisation d’événements mineurs sont racontés d’une façon savoureuse. Ainsi, “Esther rentre de quinze jours à Patmos, elle a nagé, lu, pleuré un peu sur sa vie amoureuse et s’est bien amusée”. Ce ton très particulier, ironique et délicat, rend le livre plaisant et original.
- Les différents milieux “bourgeois” sont peints avec un talent indéniable. On comprend surtout la différence culturelle entre les familles d’Esther et d’Héloïse. L’une, bourgeoise traditionnelle de droite un peu guindée ; l’autre, plutôt d’un style bourgeois-bohème de gauche pétri de contradictions. L’agacement que peut inspirer ces milieux est très bien exprimé, avec une culpabilité sourde et une lucidité qui font la force du texte.
Quelques réserves
Le livre se dévore mais il est peut-être un peu court, comme si l’auteur avait peur de lasser son lecteur et avait décidé d’y mettre un terme d’une façon abrupte. Cette fin ne gâche rien mais laisse un peu sur sa faim.
Encore un mot...
Un roman intelligent et sombre sur une singulière histoire d’amitié.
Une phrase
« Héloïse s’habille depuis ses quinze ans comme une dame, avec les vestes de couturier de sa grand-mère, elle n’est pas sexy, ni minijupe, ni décolleté, plutôt un style jeune fille qui s’habillerait en dame. Elle porte des bijoux trop lourds, dorés, se maquille, se coiffe, met des collants, malgré tous ces handicaps en valeurs socialo-parisiennes, Héloïse additionne, depuis son divorce, des amoureux transis qu’elle quitte avec la même régularité que les entreprises où elle travaille. Elle détaille les raisons de ses ruptures à Esther qui l’écoute, passionnée. Il n’est pas assez ceci, flamboyant, cultivé, drôle et cela, il est moins génial que son ex-mari, il est moins génial que son père, et Esther la freine, lui vantant la chance inouïe d’avoir cet homme qui l’aime. C’est ici, dans ses relations avec les hommes, avec son désir, qu’Héloïse, avec ses chemises sages en soie boutonnées, ses jupes jamais trop courtes, exerce pleinement sa liberté, quand Esther, sa chemise en voile de coton ouverte sur sa poitrine, est plus corsetée ». p 50.
L'auteur
Colombe Schneck a exercé une carrière de journaliste à la télévision et à la radio. Elle a écrit de nombreux romans, dont aux éditions Stock Sa petite chérie, en 2007 et Val de Grâce, en 2008, Grand Prix de l’Héroïne Madame Figaro. Elle a également réalisé des films documentaires tels que Les vieux amoureux, diffusé en 2016.
Commentaires
Je l'ai jeté dans la poubelle sitôt l'avoir lu.
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