Edmonde

Un peu superficiel, mais "joli", bien écrit et souvent spirituel
De
Dominique de Saint Pern
Ed. Stock, 400 pages, 21, 50 euros
Notre recommandation
3/5

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Lu
par Culture-Tops

Thème

Tout commence en 1938, à Marseille, dans les beaux quartiers sous un ciel serein, au seine des familles Gounelle et Charles-Roux. Edmonde a 18 ans, une beauté renversante, connaît déjà « le monde » par coeur, est fiancée et folle amoureuse d'un joli prince italien. Le bonheur se déploie dans les alentours de la villa Serena, chez une grand'mère sans peur et sans reproche.

Tout se gâte avec la déclaration de guerre, la mort imbécile du fiancé sur le front de l'Albanie, le mariage imprudent de sa soeur avec un proche de Ciano,  donc de Mussolini, les incertitudes de Vichy, les destins saccagés. Notre héroïne découvre la duplicité, la frayeur des réfugiés  de tous horizons, la violence au quotidien, la peur...Enrôlée dans le secours sur le front de la guerre, elle se retrouve confrontée à un monde qu'elle n'aurait jamais pu concevoir.

Vient le temps de la Libération, avec les inévitables découvertes de ce qu'on n'osait imaginer, la liste des absents, et la crainte de terribles règlements de comptes. Toutefois, un nom surgit tout à la fin du récit, cité une seule fois : Un certain Gaston Defferre, jeune avocat, entreprend de sortir la sœur d'Edmonde de son pétrin italien.

Points forts

  • La reconstitution de l'époque : Edmonde, fille d'un diplomate très respecté, évolue dans un univers très protégé, continuant, à Paris ou à Rome, une vie mondaine joliment décalée, mais de retour dans le Midi contribue à recueillir des centaines de réfugiés, à cacher des types à l'identité incertaine qui veulent rejoindre le maquis du Vercors, aide à mourir les jeunes gars ensanglantés d'une guerre implacable. On reçoit au salon tandis que le jardinier porte la soupe à une famille juive terrorisée dans le grenier et que grand'maman décourage le commandant SS inopinément débarqué dans son jardin avec quelques hommes, d'approfondir sa visite. A côté de cela, en même temps, des jours délicieux à la plage, la fabrication des confitures, l'hébergement d'un jeune pianiste désargenté, déjà alcoolique mais surdoué qui se nomme Samson François.
  • On pense parfois aux premiers chapitres de « l'arche de Noé » de Marie-Madeleine Fourcade qui vécut l'exode  « accompagnée de sa femme de chambre », et « alla se réfugier dans le sud, allant de châteaux en propriétés amis ».

Quelques réserves

  • Raconter la jeunesse de l'élégante et très ambiguë Edmonde Charles-Roux, qui de son vivant se refusa à raconter quoi que ce soit, est une gageure. D'où l'étrange composition de cette « pseudo » biographie, oscillant entre le reportage et la nostalgie d'un monde englouti.
  • L'insertion de pages entières consacrées à l'époque contemporaine, la recherche de souvenirs n'apporte pas grand-chose : tout le monde sait que le grand âge n'est pas toujours très marrant et la recherche de souvenirs, de photos jaunies et de lettres affectueuses ou revanchardes, ne consolent pas de l'insouciante jeunesse envolée. Edmonde Charles-Roux ne parlait que très rarement du passé et de manière fort allusive. Elle vivait dans le présent, aimant à s'entourer de gens jeunes, serviables, courtois et cultivés. Cette dramatisation est inutile.

Encore un mot...

Tout cela est un peu superficiel, mais joli,  bien écrit, souvent spirituel, excellent pour une lecture d'été sous un parasol ou dans un salon d'aéroport en attendant son avion....

Une phrase

"Avoir un père diplomate, ambassadeur dans plusieurs capitales européennes, avait  habitué les 3 enfants Charles-Roux à manier non seulement le français, l'anglais et l'allemand  mais aussi le hongrois, un peu de russe et quelques autres dialectes locaux. Ainsi que l'italien, par proximité amoureuse, géographique et familiale, pratiqué avec enthousiasme lors des soirées musicales chez grand'maman.  Ils n'avaient jamais imaginé à quel point cela leur serait utile, souvent indispensable, en ces temps troublés " (page 188)

L'auteur

Dominique de Saint Pern, journaliste, a déjà produit, outre ses nombreuses chroniques dans divers médias, une vie de Dorothy Parker et surtout celle de la Baronne Blixen (en 2015), d'excellente facture. Elle nous promet une « suite » de cette jeunesse hasardeuse, boulimique, dont la trajectoire bouleversée par la guerre a été déviée vers des rives inattendues. Patience...

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