Il ne rêvait plus que de paysages et de lions au bord de la mer

Les derniers mois du géant de la littérature Ernest Hemingway. Un roman magnifique et suffocant.

Gérard de Cortanze

Albin Michel
Parution le 18 septembre 2024
320 pages
22,90€

Notre recommandation

4/5

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Thème

Dans les paysages sublimes de la Havane, de Madrid et de l'Idaho, taraudé par la peur du FBI, Ernest Hemingway affronte avec l'aide de sa femme Mary Welsh les implacables démons de la dernière année de sa vie : alcool, difficultés à écrire, paranoïa, électrochocs à l'asile. Avec ce nouveau roman magnifique et suffocant, Gérard de Cortanze nous fait revivre le crépuscule méconnu et touchant d'un géant de la littérature

Points forts

La poésie des paysages de Cuba, d’Espagne et d’Amérique et surtout de l’imaginaire de Hemingway, transcrite dans une langue élégante et puissante par Gérard de Cortanze. Qui se nourrit des romans de son écrivain fétiche pour recréer des scènes de sa vie, telle la pêche au marlin par gros temps (voir l’extrait). Le titre lui-même Il ne rêvait plus que de paysages et de lions au bord de la mer est une citation du Vieil homme et la mer.
L’observation mélancolique de la tyrannie du temps. « Que reste-t-il d’une vie à la fin d’une vie ? », se demandait Hemingway. Le concernant, il s’agit bien sûr de son œuvre forgée par les voyages et la guerre.
La réflexion sur l’écriture et la folie, l’impuissance littéraire et sexuelle que Hemingway tentait de conjurer en absorbant quantité d’alcool, continuant de chercher le mot juste après des séances d’électrochocs. Gérard de Cortanze nous plonge, lecteurs, dans cette folie avec empathie et justesse.
Et bien sûr l’érudition de l’auteur, féru d’Histoire, ayant voyagé plusieurs fois à Cuba et ayant déjà publié Hemingway à Cuba en 2002 et Le Roman de Hemingway en 2011 - cette nouvelle œuvre ne traduit-elle pas une forme de compagnonnage ?

Quelques réserves

Un lecteur qui ne connaît pas Hemingway pourrait craindre de se perdre, mais c’est l’inverse qui se produit : le roman de Gérard de Cortanze donne envie de relire ou découvrir des œuvres moins connues de ce géant emblématique de la Génération perdue, comme Au-delà du fleuve et sous les arbres ou Îles à la dérive.

Encore un mot...

Ce roman est le 3ème livre de l’auteur consacré à Hemingway.

Les premiers étaient des essais : Hemingway à Cuba (Editions du Chêne, 1997, Photographies de Jean-Bernard Naudin) et Le roman d’Hemingway ( Editions du Rocher, 2011).

Une phrase

« La journée qui ne faisait que commencer fut longue et excitante. Le grand poisson plongeait et bondissait dans la crête des vagues, sortait et rentrait dans l’eau, parfois dans un jet d’écume blanche, parfois comme glissant sans une seule éclaboussure. Tantôt brun, violet sombre, tantôt lavande clair. S’il avait été accompagné, Ernest aurait quitté la barre et l’aurait passée à Mary, tandis que rejoignant Gregorio à l’arrivée du bateau, il aurait pris la canne que celui-ci lui aurait tendue, appâtée avec l’amorce à plumes et à couenne de lard. Mais cette fois, il en était tout autrement. Il était seul et devait se débrouiller avec ce petit miracle : un marlin qui mord à l’hameçon. Sans qu’on ait remplacé sous son nez le leurre par l’amorce à plumes. Virant dans un éclair d’argent, le gros poisson dévoila ses zébrures verticales bleu clair en tournant. » page 49

L'auteur

Gérard de Cortanze a publié plus de 90 livres, traduits en 25 langues, dont Le roi qui voulait voir la mer (Albin-Michel, 2021). Lauréat de nombreux prix littéraires, dont le Renaudot pour Assam (Albin-Michel, 2002), il a obtenu le Prix du roman des Rendez-Vous de l’Histoire de Blois avec Les Vice-Rois (Actes Sud, 1998), le Prix Jacques-Chabannes du roman d’Histoire avec Zazous (Albin-Michel, 2016), le Prix Historia du roman avec Femme qui court, Violette Moris la scandaleuse (Albin-Michel, 2021).

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