Je suis né du diable

Noir c’est noir… mais le pire reste à venir ! Un excellent récit à ne pas rater !
De
Jean-Christophe Grangé
Albin Michel
Parution le 15 octobre 2025
332 pages
21,90 euros
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Thème

On demandait souvent à l’auteur d’où lui venait cet attrait pour les histoires pleines de cruauté, de méchancetés indicibles, de perversité sans fin. Il répondait qu’il n’en savait rien, peut-être un intérêt spécial pour les histoires bien tordues…  Jusqu’au jour où il s'est plongé dans les archives familiales. Et là, il a tout compris. Cette attirance était quasiment héréditaire : à ce niveau-là, cela s’appelle l’atavisme. Et il décida de nous raconter son histoire. Un conte de fée qui se transforme en cauchemar.

Dans la deuxième partie du livre, l’auteur se livre à l’introspection, puis nous raconte ce que fut sa vie à l’adolescence et à l’entrée dans l’âge mûr, avec, à la clef, la recherche d’un travail qui lui procure à la fois belle satisfaction et thunes. Vaste programme ! 

Points forts

  • La première scène de cette histoire est tout bonnement hallucinante. Une jeune femme, à Paris en pleine journée, attend sagement l’autobus. Quand déboule une camionnette dont sortent trois hommes cagoulés qui empoignent la jeune dame et, malgré ses hurlements, l’enfourne littéralement dans le véhicule qui démarre sur les chapeaux de roue. Cette même camionnette s’arrête un peu plus tard devant le cimetière de Saint-Mandé où une pierre tombale avait été descellée pour enterrer la jeunette vivante. Grâce aux cris de la jeune femme, l’affaire capote. Quelques lignes plus loin, l’auteur nous dit (p.13) : “ Ah, j’oubliais ! “ La jeune femme à bout de souffle, c’était ma mère.”
    “ Le diable à cagoule, c’était mon père.”
    Et vlan ! La messe est dite.

  • L’auteur est un conteur-né. Il nous a déjà régalé de maints thrillers, tous couronnés de succès et dont certains ont été portés au cinéma. Chaque scénario est travaillé, fignolé à l’extrême mais cette dernière création, diabolique, atteint des sommets. On cauchemarde les yeux grands ouverts. On n’imagine même pas que de telles situations puissent exister. Et pourtant, l’auteur se réfère aux écrits de ses Anciens, aux nombreux rapports de police enregistrés. Tout est vrai. Pour éviter de nous assommer d’un grand coup, l’auteur nuance les situations et essaie d’expliquer un comportement qui dépasse l’entendement. Grâce à son talent d’écrivain, l’auteur nous propose un récit qui ressemble à une fiction impensable. Malheureusement, rien n’est dû à l’invention de l’écrivain, si ce n’est une narration d’une belle fluidité et le génie de Jean-Christophe Grangé pour nous faire avaler une telle histoire. L’écriture nous offre des chapitres courts, nous permettant d’en digérer plus facilement les propos.

  • Cet écrit est également une étude sociologique : comment vivre avec un frappadingue de première sans devenir cinglé soi-même ? On en revient au problème des femmes battues qui retournent vivre chez leur agresseur tout en subodorant que c’est peine perdue.

  • On a droit à une belle galerie de portraits, avec la grand-mère, battante de chez les acharnées, la fille (mère de l’auteur) refusant d’admettre l’impensable, persuadée qu’après les paires de claques, il y aura toujours les bouquets de fleurs, et le fils, donc l’auteur de ce récit, qui traverse l’existence sans être même effleuré (ou si peu) par l’aspect maléfique de son père, « Le prince des Ténèbres ». Il est vrai qu’il est souverainement protégé par les femmes de la famille, tantes comprises, côté maternel s’entend, car du côté Grangé, on est dans le silence absolu : cette branche est perdue, corps et biens. Toute sa vie son père sera l’Absent. Dans son cas, c’est préférable : il passera un certain nombre d’années en analyse tout de même ! Chacun des trois personnages intervient pour nous raconter la partie de l'histoire qui la concerne le plus, et tâche de répondre avec humour à ceci : « Où vais-je, où cours-je, dans quel état j’erre ? » (Jean le Poulain dans La Périchole).

  • Enfin, la recherche d’un métier qui allie grand plaisir et bon salaire vaut le détour. La publicité en prend pour son grade mais sans méchanceté. L’éreintement gratuit n’est pas une marque de fabrique chez le fils, contrairement aux visées du père.

Quelques réserves

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Encore un mot...

Ce livre est un récit coup de poing. A l’idée que l’on puisse côtoyer quotidiennement des gens qui, sous des aspects bien propres sur eux, sont en fait des esprits retors et maléfiques, nous en avons des frissons. Ce livre doit être lu avant la tombée de la nuit ! Jean-Christophe Grangé avait bien tenté de demander des renseignements paternels à sa mère qui, en réponse, lui avait proposé de se pencher sur le dossier du divorce. Et il n’a pas cru bon de le faire à l’instant donné. L’enseignement tardif sera rude.  Enfin, son passage à l’âge adulte et ses pérégrinations dans le monde publicitaire et littéraire forment un ensemble passionnant.

Excellent livre à ne pas rater !

Une phrase

  • Page 15, l’auteur nous propose un état des lieux :
    « Où en suis-je aujourd’hui ? Soixante-deux ans. Trois mariages. Quatre enfants. 
    « Ecrivain à succès et papa poule. Voilà tout ce qu’on peut dire de moi. »
  • Page 126, l’écrivain nous explique, en parlant de son père, Jean-Claude : 
    « Aujourd’hui, j’écris ce récit sous la dictée de Jean-Claude. C’est lui qui me souffle « ces lignes, ordonne les coups de théâtre, ménage les suspenses. C’est lui qui tire les « ficelles de mon livre, tant il a fait preuve d’inventivité dans le registre de la cruauté - « c’est le véritable héros, à rebours, de cette aventure ; »

L'auteur

On ne présente plus Jean-Christophe Grangé (15.07.1961 - Boulogne-Billancourt). Il est à la fois journaliste, reporter international, écrivain et scénariste, grand amateur de bandes dessinées. Pourtant, son passé de cancre passionné de musique ne le prédisposait pas à cette destinée. Son premier roman Le vol des cigognes (1994) a été un succès quasi immédiat. Et les romans se sont enchaînés, tous des best-sellers : Les rivières pourpres (1998), Le Concile de Pierre (2000), entre autres, ainsi que Miserere (2008), La forêt des Mânes (2009). Plus récemment, Les Promises (2021) et cette année Sans Soleil. Disco Inferno et Sans Soleil. Le roi des ombres, ont complété cette série de réussites littéraires. Plusieurs de ses titres ont été portés à l’écran.

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