Juste avant l’oubli

Original, bien écrit, mais un peu léger côté polar
De
Alice Zeniter‏
Ediitons Flammarion
Notre recommandation
3/5

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Lu
par Culture-Tops

Thème

Sur l’île perdue et désertée de Mirhalay, dans les Hébrides, en Ecosse, Emilie organise un colloque avec une vingtaine d’ universitaires passionnés de Galwin Donnell, maître du polar, connu et reconnu. C’est ici qu’il a fini sa vie, dans les années 80, après y avoir vécu 22 ans. Vu le personnage, accident, suicide, fuite ou meurtre tout est imaginable.

Franck, qui partage la vie d’Emilie depuis 8 ans, mais qui exècre Donnell -difficile cohabitation des deux genres-,  l’y rejoint dans l’espoir de concrétiser leur amour par une décision de vie commune et d’enfant. 

Points forts

  • Le plus percutant dans ce roman est la construction du personnage de Galwin Donnell: sa vie, son oeuvre, les articles de presse parus sur lui, ses interviews, les références de ses livres... tout est tellement réaliste que je suis allée vérifier sur internet s’il n’avait vraiment pas existé! Alice Zéniter s’est amusée- et ça se sent- à l’inventer lui, mais aussi ses 10 romans avec les thèmes de chacun, leur thème et leurs situations, ainsi que le personnage récurrent d' Adrian Dickson Carr, détective , détraqué sexuel, anarcho-nihiliste, dépourvu de toute notion de morale et qui n’a qu’un crédo: «tout salaire mérite travail», et non l’inverse.  Une construction formidable.
  • L’admiration incommensurable d’Emilie pour Galwin Donnell, qui même absent n’en reste pas moins omni-présent, et finit par pervertir la relation qu’elle entretient avec Franck. 
  • Le personnage de Jock, gardien de l’île, taciturne et inquiétant, qui oscille entre désabusement existentiel et haine du lieu et des fans de Donnell. C’est dire combien vont être compliqués les jours à venir...
  • Une histoire d’amour qui s’étiole, au gré des vents et des vagues, des nuits alcoolisées de l’un et des absences de l’autre. L’incompréhension qui s'immisce et qui s’installe entre deux êtres passionnés mais pas par la même chose. 
  • L’humour glissé dans la description de ces intellectuels qui décortiquent l’oeuvre du maître et cette masturbation de l’esprit qui frise parfois le ridicule.
  • De belles descriptions, une jolie écriture. 

Quelques réserves

Le personnage de Franck aurait mérité d’être plus fourni.

Un roman qui se prend pour un polar, mais qui est un peu léger.

Encore un mot...

Un triangle amoureux inhabituel, ça change et c’est plutôt réussi.

Une phrase

Deux pointes d’humour distillées dans la façon dont Franck perçoit le travail de Donnell:

- "Donnell lui donnait toujours l’impression de décrire un monde qu’il aurait vu de trop près et sans amour. Il avait l’écriture d’un dépressif myope."

- «Ils (les personnages) se traînaient de page en page comme des clochards du bonheur» .

L'auteur

Née en 1986, Alice Zeniter est normalienne, doctorante en études théâtrales et chargée d'enseignement à Paris III. Elle a publié un premier roman à l'âge de 16 ans, Deux moins un égal zéro (Prix littéraire de la ville de Caen 2003) et un second très remarqué, chez Albin Michel, en 2010, Jusque dans nos bras.  Le troisième, Sombre dimanche, paru en 2013 aux éditions Albin Michel, a reçu le prix du Livre Inter, le prix des Lecteurs de l’Express et le prix de la Closerie des Lilas. 

Juste avant l’Oubli est ainsi son 4 ème roman.

Commentaires

kemmar
lun 02/04/2018 - 10:41

la lecture que je fais de ce roman est toute autre .au dela de l'intrigue , il y a une philosophie qui se dégage a savoir comment la fiction intervient dans le réel
le colloque sur un écrivain n'est qu'un artifice pour dire combien une construction mental peut entretenir sur le réel et le bouleverser.

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