
La nuit de David
Publication le 24 août 2024
179 pages
19,50 euros
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Thème
Olivia (appelée Olive tout au long du roman) est la sœur jumelle de David.
Leur proximité fusionnelle est, jusqu’à l’âge de dix ans, étayée par l’habituelle symbiose que confère la gémellité en dépit d’un trouble grave du comportement de David.
La quiétude familiale s’en trouve naturellement perturbée, notamment autour du lien unissant le garçonnet à sa mère.
Les années passent cependant, heurtées par une attitude de David mêlant l’incapacité de l’apprentissage des gestes simples de la vie quotidienne à une agressivité sporadique vis-à-vis de son propre entourage ou d’individus plus éloignés.
Seule la relation avec Olive se tresse inlassablement, puissante et affectueuse, confiante et inébranlable malgré un projet de David, obsessionnel et délirant, et qu’il échafaude avec la complicité de sa sœur.
La mise en œuvre de ce projet, une nuit, détruit à jamais et de manière dramatique le rapport de David au monde…
Points forts
L’abord par le biais du roman d’une pathologie psychotique relève du challenge, tant le risque de verser dans une approche par trop clinique ou au contraire larmoyante est marqué.
Rien de tout cela ici.
Abigail Assor nous emmène avec délicatesse et clairvoyance dans les méandres d’une relation fraternelle complexe où une « empathie utérine » autorise une forme d’acceptation sincère. Au point d’entrer, pour Olive et David, dans une communion exclusive, gestuelle, verbale, intime, excluant le monde parental et le monde extérieur de manière plus globale.
Olive aime David, le comprend, entre dans son jeu mental et le soutient même dans sa dérive jusqu’à cette limite du danger corporel, qu’elle refuse de franchir et qui entraîne, au sortir de cette fameuse nuit, une rupture et, aux yeux du garçon, un abandon.
Le texte est fort, assez bouleversant même si…
Quelques réserves
La multiplicité descriptive de divers moments de vie de cette famille peut être un peu pesante pour le lecteur, il en est de même en ce qui concerne le détachement affectif de la mère des jumeaux envers David et la relative insouciance d’un père gentiment farfelu qui peuvent apparaître choquants, et enfin l’évocation un peu redondante de la logorrhée obsessionnelle de David peut sembler trop insistante mais tous ces propos reflètent parfaitement le poids quotidien d’un comportement autistique de l’un des membres d’une famille !
Encore un mot...
Les troubles mentaux inspirent une peur réactionnelle de la part de chacun.
Et, comme très souvent, une méconnaissance de ces diverses altérations de la pensée conduit au rejet et à toutes formes d’écartement social.
Abigail Assor nous permet, grâce à ce roman, d’initier peut-être un autre regard sur les comportements différents, qu’ils soient autistiques ou plus généralement psychotiques, et de tenter une approche raisonnée de ce que l’on peut qualifier d’hypersensorialité sans filtre et sans sélection des patients concernés.
La difficulté face à ces personnes est de pouvoir entrer dans leur monde et d’en saisir les codes, voire le langage.
Quelques clés sont livrées dans ce livre et ne serait-ce que pour cette raison, La nuit de David est une source d’inspiration et de compréhension et nous incline à rejoindre Nietzsche quand il affirme qu’il y a toujours un peu de raison dans la folie !
Une phrase
« David regardait à nouveau par la fenêtre. Je (Olive) contemplais avec lui le vent cruel souffler dans le jardin, charriant peut-être avec les feuilles une vérité absolue et radicale que mes parents et moi étions trop raisonnables pour percer, ou peut-être trop fous. » Page 41
L'auteur
Abigail Assor est née en 1990 au Maroc. Elle vit en France depuis son arrivée à l’âge de 17 ans et travaille actuellement dans la communication culturelle et l’art contemporain.
La nuit de David est son deuxième roman publié en 2024, deux ans après Aussi riche que le roi édité également chez Gallimard et qui a obtenu le prix Françoise Sagan.
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